Les X-Men, les mutants les plus célèbres du monde. Créés en 1963 par Stan Lee et Jack Kirby, les X-Men seront développés sur plus de 50 ans. Des dizaines de milliers de pages et quantité de spin-offs plus ou moins heureux.
Voilà qu'Ed Piskor, cartoonist, comme il se définit lui-même, et surtout énorme fanboy de la saga, a décidé de raconter en les condensant les 280 premiers épisodes de la série, soit plus de 8000 pages d'aventure et de réflexion. Il a commencé à le faire, le travail est en cours, et un premier bilan d'étape est réalisable dès à présent.
Ce premier TPB raconte l'histoire d'une
« école pour jeunes surdoués »
dirigée par le Professeur Charles Xavier, un mutant télépathe qui a fait le rêve d'aider les jeunes mutants du monde à maitriser leurs pouvoirs et aspire à une cohabitation fraternelle entre
homo sapiens et
homo superior.
Mais la tâche est rude, presque impossible. Alors qu'ils grandissent dans un monde hostile, apprennent, s'entrainent, combattent, et tentent de vivre des vies aussi normales que possible, les mutants de Charles Xavier sont sans cesse confrontés aux mauvais mutants mené par Magnéto
(la partie agressive de leur espèce, qui pense que seule la domination sur homo sapiens assurera la survie d'homo superior), à l'inimitié humaine qui se matérialise dans les projets
Sentinelle, à des menaces cosmiques nombreuses présentes et à venir. Une vie de lutte et d'espoir qui se déroule sous les yeux conjoints du
Gardien et du lecteur.
Les cinq + 1 X-Men originaux, Magnéto, Kazar, Havoc, Polaris, Mastermind, Trask, et tant d'autres, sont donc rassemblés dans la centaine de pages du volume. Suivant globalement la trame du début de la série, Piskor résume, et en même temps il rassemble les ennemis successifs des premiers X-Men dans un métarécit qui fait un pont avec des développements encore à venir. De plus, reprenant dès le départ des éléments qui n'apparaissent que plus tard dans la chronologie initiale originale, Piskor introduit aussi - ne serait-ce que furtivement - la future Tornade, Moira McTaggart et son fils, certains Shi'ar, ou Banshee par exemple. Il donne par là-même le sentiment d'une cohérence narrative qui n'existait pas à l'origine, d'un grand plan qui se serait déroulé sous les yeux des lecteurs durant trois décennies et dont chaque rebondissement aurait été prévu de longue date et annoncé par des indices.
De ce point de vue, l’intervention du Gardien - qui raconte l'histoire - est parfaitement justifiée ; après les faits, alors que tout est écrit et accompli, il revient au Gardien de dire ce qui est advenu, de manière construite, par-delà les détails qui auraient pu échapper à l'observateur négligent.
Le volume s'achève avant l'équipe des nouveaux X-Men, et alors que
l'entité Phoenix est toujours en route pour la Terre en vue de sa rencontre cataclysmique et tragique avec Jean Grey.
D'une histoire qui s'est développée au fil de l'eau, des changements d'équipes créatives, des basculements d'époque, Piskor a voulu faire un tout cohérent. "
X-Men Grand design" - dont on ne connait encore que le premier de plusieurs TPB - est donc bien plus qu'un résumé de la saga X-Men. Alors qu'un tel résumé aurait déjà nécessité un travail de titan grandement méritoire, c'est à une complète réécriture, dans une approche
Intelligent Design, que s'est attelé le créateur. Il livre au lecteur un récit épuré et diaboliquement ouvragé qui tient de la chronique, voire de la saga
(et qui, de ce fait, conviendra sans doute plus aux habitués qu'aux nouveaux-venus), un évangile des X-Men dans lequel tout se tient.
Le dessin - signé Piskor comme tout le reste - est agréablement rétro, dans un style Age d'or des comics, avec quadrichromie à point apparents et
Kirby dots. L'ouvrage est, de plus, grand format.
Ne pas passer à côté !
X-Men Grand Design, Ed Piskor
Commentaires
Quand j'écris "chronique" je veux toujours dire "une recension d'événements de temps long sans s'appesantir sur les personages supposés connus".
A toi de voir.