Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

Le Dogue noir - Gaiman - Egneus - Superbe


"Le Dogue noir" est une novella de Neil 'himself' Gaiman. Elle se situe dans l'univers d'American Gods ; on y retrouve logiquement Ombre en personnage principal.

De passage dans un village du nord de l’Angleterre (ou en Ecosse), Ombre s'arrête dans le pub local. C'est la tempête. A l'intérieur, il fait chaud et lumineux (on pourrait se croire dans l'auberge à la fin des mondes de Sandman, d'autant que l'illustration associée s'y prête). L’ambiance est amicale, même si la décoration est pour le moins surprenante.

Alors qu'il hésite à repartir à pieds dans la nuit tempétueuse, Ombre se voit proposer par un couple d'aimables Anglais un hébergement pour la nuit. Mais, dans la lande, le surnaturel rode. Le repos au sec offert à Ombre dérape et l'implique quand entrent dans la danse une mystérieuse jeune femme ainsi qu'un chien maudit dont on dit qu'il cause la mort de ceux qu'il suit jusqu'à chez eux.

Le texte de Gaiman, traduit par Patrick Marcel, est un joli conte noir, une petite histoire sombre comme on en lisait dans les House of Mystery, ou dans Sandman aujourd'hui. C'est une histoire d'amour tragique, de fantôme, de surnaturel s'introduisant dans les interstices de la réalité entre royaume de la faërie et Chasse royale. On y rencontre un barghest, un monstre canin du folklore nord-anglais. Ce chien de malheur, on le croise dans la lande juste avant de mourir, il ressemble à celui qui empoisonne la vie des Baskerville, on a pu le combattre à Dungeons et Dragons.

Mais, au-delà du texte, ce qui fait la valeur de l'objet, ce sont les illustrations de Daniel Egneus. L'artiste suédois fait du livre un véritable objet d'art graphique (qui justifie le prix un peu élevé imho). Il l'embellit et l'enrichit.
Il l'embellit car au plat neutre du texte il ajoute un élément de visualisation qui en agrémente les pages.
Il l'enrichit surtout car les dessins de Egneus soulignent le propos du texte. A l'encre, parfois précis et d'autres fois plein de débordements ou de projections, entre McKean et Rorschach, il pénètre la page par les bords, puis s'étend, envahit les milieux, dégouline, noircit parfois complètement la page. Il s'insinue par les interstices puis grandit, de manière presque organique, jusqu'à devenir impossible à ignorer. Les dessins de Egneus sont le secret et le meurtre qui ne peuvent rester cachés, ils sont le surnaturel – toujours présent mais toujours difficile à voir précisément – qui s'insinue dans le réel prosaïque jusqu'à l'envahir complètement, en changeant par là-même radicalement la nature.

Je suis assez peu fan habituellement de l'expression « objet-livre » qui souvent désigne un contenant certes beau mais non signifiant. Ici, il l'est. Sans les illustrations le texte perdrait beaucoup, et mon plaisir de lecture aurait été bien moins grand. "Le Dogue noir" n'est pas un livre, c'est une œuvre multimédia de fort belle qualité.

Le Dogue noir, Neil Gaiman et Daniel Egneus

Commentaires

Vert a dit…
Mince je pensais pas me le procurer vu que j'ai déjà lu la nouvelle mais tu me donnes envie de voir les illustrations maintenant...
Gromovar a dit…
Elles sont un vrai plus.