The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Traverser la ville - Robert Silverberg - Retour de Bifrost 85


"Traverser la ville", de Robert Silverberg, sort en 1973, un an seulement après le Rapport Meadows qui exhortait à la fin de la croissance, onze ans après le Billennium de Ballard qui pointait les risques de la surpopulation, et deux ans après son Monades Urbaines sur le même thème.

Les années 50 et 60 connurent simultanément l’explosion démographique et l’urbanisation accélérée du monde ; c’est alors que naquit le concept, banal aujourd’hui, de mégalopole, qui liait les deux phénomènes. D’autre part, le monde était alors l’objet de forces contradictoires entre volonté de régulation globale et poussées nationalistes variées ; comme l’Europe aujourd’hui. C’est donc un monde surpeuplé, intégralement urbanisé mais politiquement fragmenté, que décrit Silverberg.

Le centre est loin, la vie s’organise dans une myriade de districts (proches des comtés US) où vivent (plutôt mal) quelques centaines de milliers de citoyens. Les districts, entre spécialisation et standardisation, ont chacun leur propre organisation politique, leur composition sociologique, leur activité économique dominante. Chacun se méfie des autres, l’âge est aux frontières, tiens donc !

C’est dans ce contexte qu’une rebelle s’exfiltre du district de Ganfield en emportant le logiciel qui régule le fonctionnement de toutes les infrastructures ; un logiciel que personne ne sait remplacer (on est ici proche du Pompe n° 6 de Bacigalupi). Dans un monde automatisé où la surpopulation impose une gestion quotidienne de la pénurie endémique et dont la complexité empêche tout contrôle humain, l’évènement est dramatique ; l’effondrement guette le district de Ganfield. Menacé de lynchage par procuration,  le mari-du-mois de la rebelle part à sa poursuite afin de récupérer le logiciel pour sauver sa communauté. Il traverse la ville et emmène le lecteur à sa suite, lui faisant visiter un petit bout d’un monde peu attirant. C’est à la fois un peu court et très bien vu.

Traverser la ville, Robert Silverberg

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