Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

The Manhattan Projects - Hickman Pitarra Bellaire


Sortie chez Urban d'un énorme pavé de près de 500 pages, titré "The Manhattan Projects, volume 1 Pseudo-Science" ; il y aura donc un second énorme pavé.

Vous connaissez tous le Projet Manhattan, colossal projet militaro-scientifico-industriel qui permit aux USA de mettre au point la première bombe atomique, avant l'Allemagne nazie et dans l’intention de l'expédier sur cette dernière. Ironie de l’Histoire, l'Allemagne s'étant effondrée trop tôt, c'est le Japon qui eut le triste privilège de servir de showroom à la technologie nucléaire américaine ; l'Oncle Sam se souvenait d'Iwo Jima.

Du moins, vous croyiez connaître le Projet Manhattan... Car le scénariste Jonathan 'Black Monday' Hickman, assisté du metteur en images Nick Pitarra, nous dévoile enfin la vérité sur le projet, sur le « secret caché dans le secret » comme le nommerait le boss mystérieux du « Comité » de Przybylski.

Mettant en scène les véritables acteurs du projet, Hickman nous dit tout sur leur mission secrète, inconnue du public jusqu'ici. Il dote savants et militaires de personnalités proprement délirantes (nous y reviendrons) qui empêcheraient même leurs mères de les reconnaître.
Alors que le projet avance puis est finalement révélé au monde comme celui qui conduisit à la mise au point de la bombe atomique, celui qui permit sans doute la fin accélérée de la guerre contre le Japon, celui qui fit entrer le monde de la Guerre Froide dans la course aux armements et l'équilibre de la terreur – offrant par là-même une source d'inspiration infinie aux auteurs SF qu'on n’appelait pas encore apo ou post-apo –, la vérité, comme disait l'autre, était en fait ailleurs.
Les savants fous – on peut le dire – de Manhattan mettent au point des armes bien plus terribles que la bombe, communiquent avec des aliens qu'ils combattent aussi à l'occasion, et projettent d'aller vers l’infini et au-delà pour prendre la contrôle de tout l'environnement galactique immédiat, main dans la main avec des Russes aussi out of bounds qu'eux. Car, entendons-nous bien, tous ces braves gens qui travaillent sous la houlette du Général Groves se sont depuis longtemps affranchis de tout contrôle politique ; même les redoutés Illuminatis – à l'origine et au cœur de tout secret comme de tout complot – paieront cher leur tentative d'ingérence.

C'est aux aventures secrètes des gens de Manhattan qu'Hickman convie le lecteur. Complètement barré, le comic met en scène un Groves aussi caricatural que le « Buck » Turgidson du Docteur Folamour, un Einstein moins brillant mais plus violent que l'original, un Feynman touchant de naïveté idéaliste, un Fermi dont on comprend mieux d'où vient son fameux paradoxe, un Daghlian non-mort qui rappelle un peu le Dr Manhattan, un Von Braun parfait dans le rôle de la raclure nazie, sans oublier un Oppenheimer cannibale et atteint d'un très lourd TDI, un Gagarine stakhanoviste de l'héroïsme, un Oustinov surprenant, un Roosevelt transhumain, un Truman complètement illuminé, et quelques seconds rôles.

Tout ce monde vit des aventures proprement délirantes dont l'excès même tient le lecteur à distance au début du comic, avant que l’accumulation, le rythme, et l'absence de limite de la chose l’entraînent malgré lui à y prendre plaisir, comme sur un roller-coaster auquel il aurait fini par s'abandonner. Ca n'est guère profond ou signifiant, mais c'est franchement jouissif, pour peu qu'on accepte une bonne dose de suspension d'incrédulité.

Dans la réalité, après l'explosion test dans le désert du Nouveau-Mexique, Oppenheimer, le chef scientifique du projet déclarera : « Je suis devenu la mort, le destructeur des mondes ». Quant à Einstein, qui écrivit à Roosevelt pour le convaincre de battre les Nazis dans la course à la bombe, il dira après la guerre : « Si j'avais pu savoir que les Allemands échoueraient dans leur projet de développer une bombe atomique, je n'aurais rien fait »
Science ne fut pas sans conscience. Un peu trop tard, hélas.

The Manhattan Projects, Vol 1 Pseudo-Science, Hickman, Pitarra, Bellaire

Commentaires

Lorhkan a dit…
Mais tu sais que ça me tente carrément ça ?
Et puis le complotisme, c'est à la mode en ce moment. :D
Gromovar a dit…
Bienvenue chez les fous ;)