Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

A voté - Isaac Asimov - Retour de Bifrost 85


"A voté", d’Isaac Asimov, est un court texte à lire en ces temps d’élections américaines.

Ecrit en 1955, alors que les sondages d’opinion avaient déjà prouvé tant leur efficacité que leurs limites et que la publicité politique commençait son œuvre débilitante, elle poussait au bout l’idée de l’échantillon représentatif, cher aux instituts de sondage, et la mixait avec les espoirs et craintes associés à la cybernétique et au développement des ordinateurs. Asimov y imagine un monde à venir (2008 pour info) dans lequel la démocratie a été « améliorée ».

Au lieu de convoquer à intervalles réguliers des dizaines de millions de citoyens pour voter – dans la nouvelle, seul le grand-père se souvient de cette époque et radote dessus dans l’indifférence générale –, les USA s’en remettent à un seul « électeur » dont le profil permettra de désigner les élus idéaux pour toutes les fonctions politiques. Cet électeur, qui change chaque année et représente à lui seul l’américain-type, est désigné par l’ordinateur central Multivac (qui gère les élections ainsi que bien d’autres choses), grande responsabilité qui donne lieu à une grande excitation citoyenne.

On y voit le fantasme fifties de l’ordinateur central tentaculaire et les inquiétudes légitimes devant les dérives en gestation de la démocratie élective – en 2007, Idiocracy avait moqué ces dérives, Trump et consorts les incarnent aujourd’hui.
On y voit aussi l’attrition extrême d’un corps électoral ramené à un « électeur », qui interroge nos temps d’abstention massive et/ou de populisme affirmé dans ce que les politologues nomment la politique post-vérité.

Intéressant bien que peu réaliste, le texte néanmoins est de qualité très moyenne. Jouant sur le mystère que présente ce mécanisme électoral pour le lecteur, il ne contient que peu d’intensité dramatique et met en scène un personnage falot que sa « responsabilité » émeut in fine.

A voté, Isaac Asimov

Commentaires

Efelle a dit…
Lu dans un des nombreux recueils disponibles en poche, pas sa meilleure nouvelle en effet.
Gromovar a dit…
Tous les textes ne vieillissent pas bien.
Alterran a dit…
Je ne connaissais pas ce texte en en ayant pourtant lu un certain nombre d'Asimov. Je note tout de même
Gromovar a dit…
Pas de grande urgence pour ce texte-ci.
TmbM a dit…
C'est sûr que c'est assez anecdotique dans son oeuvre mais j'ai trouvé intéressant de s'interroger sur la dérive des instituts de sondage et à l’évolution des études de l’opinion.
Gromovar a dit…
C'était sûrement plus percutant quand c'est sorti.