Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

The Obelisk Gate - NK Jemisin - Hugo, et de deux


Les habitués de ce blog savent que je n'aime guère chroniquer des tome 2, 3, n car il n'y a plus beaucoup de background ou de thématiques à présenter – d'autant que je veux autant que possible éviter de spoiler ceux qui n'ont pas encore lu le premier tome. Cette chronique de "The Obelisk Gate" sera donc brève.

"The Obelisk Gate" est le tome 2 de la trilogie The Broken Earth. Il fait suite au Hugo 2016 The Fifth Season et a obtenu lui-même le Hugo 2017.

L'histoire de "The Obelisk Gate" commence exactement là où s'arrêtait celle de The Fifth Season.
Alors que l'apocalypse se répand dans le monde entier, avec son lot d'horreurs et de morts, Essun tente de survivre au développement cataclysmique de la nouvelle « saison » au sein de l'étonnante communauté de Castrima. Elle y trouve une forme bien précaire de sécurité et profite de ce temps de répit pour développer ses pouvoirs avec l'aide d'Alabaster et d'Hoa, ce qui implique d'abord de mieux comprendre l'origine du monde singulier qui est le sien. Peut-être que, devenue assez puissante, elle pourra le soigner un jour. Ce sera l'enjeu du tome 3.

Parallèlement à ce fil, Jemisin en développe deux autres.
L'un concerne Nessun, la fille qu'Essun recherchait dans le tome 1 après qu'elle ait disparu avec son père Jija au tout début du roman ; Nessun appelée, semble-t-il, à devenir une très puissante orogène – amie ou ennemie ? alliée ou obstacle ? Le tome 3 répondra à cette question.
Le second, très lié, est centré sur Schaffa le Gardien – protecteur autant que bourreau –, son basculement de loyauté et sa relation particulière avec Nessun.

Dans ce tome 2, au fil d'une intrigue qui mêle temps de formation et moments de grande violence, Jemisin développe tout ce qu'elle n'avait que suggéré dans le tome 1. Tout du long, main dans la main avec les protagonistes du récit, le lecteur découvre les vérités cachées qui ont fait du monde ce qu'il est et expliquent les bouleversements qui le frappent.
Il apprend la guerre des factions en cours entre les puissances du monde.
Il comprend l'histoire longue de la Terre brisée.
Il est informé sur la nature exacte de la « magie » des orogènes, sur les rapports qu'elle entretient avec celle des stone eaters ou celle des obélisques flottantes.
Il pénètre les « mystères » des Gardiens et de leur pouvoir, même si tout n'est pas révélé.

Le style du roman reste celui du tome 1, très réussi dans sa proximité au lecteur.
Le traitement des personnages est toujours d'aussi bonne qualité. Leurs émotions, réflexions, et motivations évoluent logiquement au fil du récit. La relation Nessun/Schaffa est, de plus, touchante de douceur et de respect.
Le sous-texte politique est toujours aussi présent, ce qui fait de "The Obelisk Gate" un roman aussi distractif qu'intelligent. Pour ne donner que trois analogies sur des lectures second degré possibles :
  • A voir les rapports orogènes/stills, on peut souvent penser aux X-Men et au traitement des mutants par l'humanité « normale », avec tout ce que ça permet de raconter en terme de discrimination, de tension, d'hystérie, et de réactions violentes
  • On pense aussi, voyant et entendant les faits et gestes de Jija, teintés d'amour/haine/désarroi/dégoût, au traitement violent d'enfants homosexuels par leurs parents
  • On pense enfin aux politiques d'empowerment de type Black Panthers quand les orogènes se forment mutuellement ou quand Nessun décide enfin de prendre son destin en main.

L'ensemble se lit à toute vitesse et avec plaisir. Jemisin raconte une histoire terrible dans un monde parfaitement crédible. C'est du très bon boulot, qui justifie pleinement qu'elle rejoigne Orson Scott Card et Lois McMaster Bujold dans le petit cercle très fermé des double Hugo consécutifs.

The Obelisk Gate, N.K. Jemisin

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