Le mensonge suffit - Christopher Bouix

* AVANT-PREMIERE : SORTIE EN AVRIL, UNE REDIFFUSION AURA LIEU * France, futur proche. Ethan Chanseuil est marié et père de trois enfants. Il est au chômage depuis trois ans. Il est référencé comme citoyen-utilisateur numéro 620.519.367-78. Sa valeur nette d’existence est estimée à 53611 crédits. Pas fameux ! Ce soir il est conduit ligoté, bâillonné, cagoulé sur une scène inconnue. Face à lui se trouve Milo, une IA incarnée dans un corps humanoïde. Des centaines de millions de métaspectateurices les observent virtuellement à travers leurs yeux connectés. Le spectacle – car c'en est un – va durer deux heures, deux heures à l'issue desquelles les spectateurs virtuels devront voter pour ou contre la culpabilité d'Ethan dans le meurtre de son beau-père. L'article L111-1 du Code de l’organisation judiciaire dispose que « Les juridictions judiciaires rendent leurs décisions au nom du peuple français » . Christopher Bouix pousse la chose à son extrême en transformant l'aud...

Christine - Stephen King - Retour de Bifrost 80


Publié en 1983, "Christine" est parfois considéré comme un roman secondaire de King, et ce en dépit d’une nomination au Locus en 84. Derrière un aspect pop-corn ado simpliste (« Happy Days gone mad », King), il dissimule quelques pépites.

1978, une petite ville près de NY. Arnie Cunningham est un adolescent au visage caviardé d’acné. Martyrisé sa vie durant par tous les abrutis scolaires, étouffé par des parents (sa mère surtout) de cette étoffe CSP+/progressiste dans laquelle la domination sur les enfants est d’autant plus intense qu’elle se dissimule sous le masque de la discussion, Arnie n’est guère à envier. Solitaire, aussi puceau qu’on peut l’être, il n’a qu’un seul ami, Dennis, qui l’aime et le protège comme un frère. Sa vie, morne et peu engageante, bascule le jour où il tombe amoureux de Christine, une Plymouth Fury 58 en ruine. Car c’est d’amour qu’il s’agit. En dépit du bon sens, comme hypnotisé, Arnie achète l’épave au déplaisant Roland LeBay et se lance dans le projet fou de la remettre à neuf. Il ignore alors que Christine est bien plus qu’une voiture et qu’il vient de tomber entre les griffes d’une créature meurtrière et exclusive qui, le flattant, le conduit vers sa destruction.

Ecrit dans un langage casual, étrangement construit (Dennis en narrateur fiable au début et à la fin mais pas au milieu), Christine peut déconcerter. Mais si on voit ce que King a mis dedans, involontairement peut-être, alors c’est un roman riche. On peut d’abord lire l’histoire d’Arnie comme « celle du gars qui rencontre la fille qu’il lui faut pas ». Christine l’éloigne de ses parents, de son ami, s’interpose entre Arnie et sa première petite amie. Possible. Un peu court.

Car la trajectoire d’Arnie, c’est celle d’un cocaïnomane. Un drogué comme King l’était à la même époque. Sentiment de puissance, élation, c’est ce qu’apporte Christine au garçon mal dans sa peau - au point que son acné disparaît et qu’il trouve une copine. Mais dans le même temps, elle le rend agressif, lui fait mener les bons combats de la mauvaise manière, anéantit lentement sa famille, et éloigne un à un de lui tous ceux qui l’aimaient, lassés de ses mensonges, de ses faux-fuyants, de son incapacité à se détacher de ce que tous sauf lui perçoivent comme une dangereuse compagne. Cet entourage qu’Arnie ressent comme hostile tentera vainement de le sauver et assistera, navré, au spectacle de sa propre impuissance ; possédé, Arnie n’est plus aux commandes.

Quatre ans avant Misery, c’est un rusé roman sur l’addiction que livre King avec Christine. Tout proche d’un cocaïnomane le reconnaitra en Arnie Cunnigham.

Christine, Stephen King

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