The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Au commencement était la colère - Zidrou - Homs - Pétroleuses londoniennes


Londres, 1851, l'année de la première Exposition universelle.

Un Père colonel, une mère lady, un fils, une fille, auxquels s'ajoutent toute une domesticité, notamment irlandaise ; la famille Winterfield est une famille caractéristique de la classe dominante britannique. Très nationalistes, imbus de leur supériorité sociale et ethnique, les Winterfield vivent dans un monde qu'ils dominent où même les règles légales se tordent à leur avantage.
Aussi, quand ils visitent le fameux Crystal Palace, guidés par l'organisateur de l'Exposition universelle, tout devrait bien se passer pour eux et la journée devrait être radieuse.

C'était compter sans Jennifer, la jeune mademoiselle Winterfield, qui respecte bien peu les règles et conventions de sa classe. Non contente de se piquer de sciences et de photographie, elle ne partage pas la morgue hautaine des membres de sa famille envers tout ce qui ne leur ressemble pas.  Dès le début de la visite, au désespoir de son entourage, Jennifer donne une pièce à une petite mendiante qui rappelle que la nation la plus riche du monde à l'époque était aussi un lieu de misère abjecte, puis elle tente d'aider une jeune modèle japonaise dont elle réalise que le bébé est mort. Mal lui en prend. Prise d'hystérie, la jeune Japonaise est emmenée pour être internée, la bébé sera, dit-on, enterré, et la famille rentre plus tôt que prévu et fort dépitée à son manoir. L'affaire aurait pu s'arrêter là, une nouvelle preuve de l'excentricité et de la trop grande sensibilité de Mademoiselle Jennifer, mais la jeune femme sent bien que, dans cette histoire, rien n'est clair. Elle se lance sur un coup de tête – et avec l'aide de son très compréhensif oncle – à la recherche de la Japonaise endeuillée, mettant en mouvement des événements qui la dépasseront et auront des répercussions jusqu'à l’époque moderne.

C'est un bien joli album qu'offrent Homs et Zidrou avec ce "Au commencement était la colère".
C'est le Londres de Dickens qui est montré ici dans sa crudité, avec son racisme, son classisme, son sexisme, un monde qui était vraiment fait par les rich white males et pour eux. Dans ce monde, les règles sont à géométrie variable, les pauvres – dont on jette les bébés dans la Tamise pour s'en débarrasser – comptent pour rien, et la vie d'une jeune femme japonaise moins que rien. Quand à son bébé, mort ou vif...
On comprend pourtant que les vents vont tourner. Jennifer Winterfield ne supporte ni la place que la société lui réserve ni le sort qu'elle fait aux si nombreux damnés de la terre, et, pour le coup, elle est tombée sur une compagne dont les tatouages semblent indiquer qu'elle appartient à une mystérieuse société secrète. Les choses vont-elles bouger ? Parviendront-elles à les faire changer ? Il faudra lire le tome 2 pour le savoir, d’autant qu'à la fin du premier la situation des deux jeunes femmes s'est singulièrement dégradée.

Construit sur deux niveaux de flashbacks, très joliment dessiné, découpé, et colorisé, "Au commencement était la colère" est un bel album féministe et anti-discriminatoire, plein de fureur, d'action, et de mystère. Même s'il peut sembler un peu excessif, c'est excusable car au service d'une grande aventure. De plus, parce qu'il montre des éléments bien connus et révoltants de la vie et de la culture dans la Londres de Marx, on a envie d'adhérer, sans avoir l'impression d'être manipulé.

A noter : un cahier graphique dans la première édition.

Shi t1, Au commencement était la colère, Zidrou, Homs

Commentaires

shaya a dit…
Je note cette BD dans un coin de ma tête, elle a l'air vraiment très belle graphiquement et avec un thème très intéressant !
Gromovar a dit…
Oui, donner une chance à cette BD.