Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

Mice Templar TPB 5 - Glass Oeming - Apothéose


Mice Templar, suite et fin. Et quelle fin !
Fin de trois ans de lecture pour moi, pour une série qui s'est étalée sur sept années de publication et 39 épisodes tous chargés jusqu'à la gueule d'un souffle rarement égalé dans le monde des comics, à fortiori animaliers.

Et cette fin est grandiose. Héroïque, larger than life, Karic mène l'ultime assaut contre Dealrach Ard-Vale, la capitale du roi-fou Icarus le bien nommé, à la tête des Templiers rassemblés derrière sa bannière. Tout ce que son monde compte de combattants le suit, alors que, dans la ville même, la résistance interne se soulève. Avec un tel casting, de tels combats, une telle démesure (exprimée dans les planches), une telle conclusion, on est dans de la fantasy de haut vol qui rappelle, pour décentrer la comparaison, autant The Longest Day que La Chute.

On court, on vole, sur les traces des assaillants, on tremble avec les civils – éternelles victimes – pris au piège des combats, on voit le courage et l'abnégation des libérateurs, la folie de la Cour royale, la vilénie irrépressible du traître éternel Pilot, les hauts faits d'armes, les exploits individuels, le sacrifice de ceux qui tombent au combat et la tristesse de leurs compagnons d'armes, les retrouvailles des familles ou des amis trop longtemps séparés.
On assiste avec plaisir à l'échec d'un plan de domination très ancien.
On voit une ville et un monde libérés à la fois d'un tyran et d'une ancienne malédiction entrer dans un ère nouvelle et plus libre, qu'il faudra s'efforcer de rendre meilleure que celle qui l'a précédée.

Comme Bendis qui préface, je ne suis habituellement guère fan de l’humanisation des animaux. Et pourtant, comme Bendis, je suis séduit, subjugué même. Car ici les animaux humanisés sont aussi et d'abord des animaux, et que donc ici le fait sert le récit. C'est à la libération des plus petits, brimés par ceux qui les dominent physiquement et manipulés par ceux qui leur ressemblent trop pour être honnêtes, qu'on assiste. Le héros aux mille et un visages s'actualise dans une toute petite souris prête à tous les sacrifices pour libérer les siens, et son armée est une armée d'êtres aussi petits que lui qui s'élèvent par leur bravoure et leur noblesse très au-dessus de leur piètre condition physique.

Quelle ampleur dans le récit ! Quels personnages (si nombreux et si finement ciselés) ! Quelle force dans le dessin ! Quelle superbe réinvention des grands mythes humains !
C'est un travail impressionnant qu'ont réalisé les auteurs Glass, Oeming, Santos, Guerra, et les autres. Qu’attendent les éditeurs comics français pour relancer cette saga (Milady l'avait tenté puis abandonné) qui n'a rien à envier aux grands récits mythologiques ?

Mice Templar vol. 5, Night's End, Glass, Oeming, Santos, Guerra

Commentaires

Xapur a dit…
Faut que je m'y mette enfin !

(si tu es d'accord avec Bendis, je suis inquiet par contre, tellement le bonhomme me déçoit régulièrement^^)
Gromovar a dit…
C'est à la fois très classique et superbement écrit.
Et pour Bendis, même une pendule arrêtée donne l'heure juste deux fois par jour.