Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

The Warren - Brian Evenson - Et Schopenhauer sont dans un bateau


Sur Terre, peut-être, mais si oui, où ? Dans longtemps, sans doute, mais quand ? Après une apocalypse, on dirait, mais rien n’est sûr.

X – il n’a pas d’autre nom – se réveille/s’active dans le Warren – le Complexe/Dédale. Il est le dernier de son espèce. Seule compagnie, un ordinateur en train de rendre l’âme et qui ne l’aide guère.

X veut comprendre s’il peut survivre, si ceux qui l’ont précédé et dont il a le souvenir sont encore vivants, s’il peut trouver le nécessaire surtout pour en produire d’autres comme lui. Pour poursuivre. Poursuivre quoi ? A part la Vie elle-même, on ne voit guère quoi. Espérer aussi, peut-être, de pouvoir vivre – un jour – à l’extérieur, de pouvoir vivre plus donc. Car aujourd'hui l’extérieur est toxique, on ne peut y déambuler qu’en scaphandre et pour peu de temps. C’est pour cela sans doute qu’il veut tellement savoir si ceux qui l’ont précédé sont sortis et s’ils sont revenus.

X sort. Dans le danger. Il cherche. Il en trouve un autre. Plus ancien. Blessé. Semblable à lui mais différent aussi. D’une espèce proche mais pas techniquement la même. L’Autre parle. Ils se confrontent. D’un côté l’Autre. De l’autre, X.
Mais qui est X ? Réceptacle des personnalités de ceux auxquels il a succédé, X n’est même pas sûr de son identité. Quand au lecteur, il n'est même pas sûr qu'existe une chose qu'on puisse appeler l'Identité de X. Qui est acteur quand X agit sur le monde ? Un corps physique, une personnalité, une autre ? Laquelle est la bonne ? Y en a-t-il une de bonne ? Et quel bût poursuit l’inconnaissable X ? Perpétuer la vie, peut-être, sans bût second.

"The Warren" est un texte de questions plus que de réponses. De la vie, du danger, de l'ignorance, des questions, de la volonté de perpétuer la vie. Si on résume : de la Vie et rien d'autre.
Dans un style précis comme un laser, Evenson introduit monde et situation en quelques mots, quelques lignes de dialogue, qui montrent au lecteur sans s’adresser à lui. Il questionne aussi, son personnage comme son lecteur. C’est très finement fait. C’est glacé aussi.

"The Warren", c’est Le Monde comme Volonté et comme Représentation en novella futuriste.
« Un désir de vie aveugle et sans but » : la Volonté qui anime X.
La compréhension qu’a X de son monde et de l’histoire qui l’a conduit là, la compréhension qu’a le lecteur de X, de son monde, de l’histoire qui l’a conduit là, soumises à la Représentation, jamais connues directement ni de façon certaine.
La Chose en Soi nous est aussi inaccessible qu’à X. Devant le voile de la Représentation ne s’exprime de manière claire que la Volonté, aussi absurde que la danse d’Azatoth au centre de l’Univers.

The Warren, Brian Evenson

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