The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

14-18 Verdun - Le colosse d'ébène - Aux pieds d'argile


"Le colosse d'ébène" est le cinquième tome de la série fleuve 14-18 de Corbeyran et Le Roux. Il est le premier à être un peu décevant.

Février 1916. La bataille de Verdun vient de commencer. Les combattants suivis depuis le tome 1 sont toujours au front et, malchance pour eux, précisément à Verdun. Pris dans des ordres contradictoires, ils sont envoyés à la défense de Douamont, qu'ils évacueront durant l'assaut allemand, juste avant sa capture. Arsène, blessé, laissé en arrière, et qui aurait dû y mourir, est ramené in extremis derrière les lignes par Mamadou, un tirailleur sénégalais qu'il avait pourtant insulté en bon raciste colonial qu'il est.

Deux choses sont bien faites dans ce tome.

D'abord, au début, la lecture de la lettre d'Arsène à Nini, qu'elle lit alors qu'elle vaque à ces activités que les femmes ont récupérées faute d'hommes, permet d'établir un parallèle clair entre les sacrifices des uns et des autres et de montrer que, même si la vie de femmes à l'arrière n'était pas directement menacée, elle était néanmoins profondément bouleversée.

Ensuite, la diversité des réactions des poilus à la présence des tirailleurs sénégalais révèle, même si ce n'est guère original, la perception qu'avait le Français de base du colonialisme et le regard qu'il portait sur les colonisés. On y voit donc le racisme essentialiste d'Arsène, plein de la mission civilisatrice de la France, les objections claires de quelques-uns de ses amis à son discours, et l'indifférence de la plupart.
On voit même - est-ce volontaire ? si oui, c'est bien pensé - la mauvaise humeur d'un des troufions qui se plaint du fait que certains de ses amis prennent la défense de Mamadou alors que personne ne "monte au créneau" pour le défendre lui, alors qu'il a "faim", "froid", des "poux", et des "engelures". On croirait entendre un discours de petit blanc partisan de Trump ou du FN.

Le reste est trop conventionnel pour être passionnant. La bataille de Verdun, décidément, est difficile à montrer, même si ici elle n'est guère plus qu'un décor, de toute façon. Et le mécanisme de tourmenteur humilié par la générosité du tourmenté est un artifice scénaristique facile. Il y a pourtant tant à développer sur ces pauvres diables d'Africains qu'on envoya se faire tuer en France, voire qu'on fit s'entretuer chez eux même, dans une guerre qui ne les concernaient en rien. On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments, c'est une tarte à la crème et c'est pourtant vrai.

Ca reste très joliment dessiné, et, concernant l'histoire, on attend mieux pour la suite.

14-18 t5, Le colosse d'ébène, Corbeyran, Le Roux

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