La Chanson du zombie - Harlan Ellison

Et bien, clairement, si Harlan Ellison ( le gars ci-dessous avec l'exquise veste safran) était toujours vivant j'adorerais être pote avec lui. Surtout que dans ce volume, il a écrit avec des potes. Je ne peux en dire plus, mais ça viendra. Rien de plus. Sinon voici ce qui m'attend :

Interview : Laurent Kloetzer, homme de glace


Laurent Kloetzer devient progressivement un habitué de ce blog. Interviewé ici mais aussi là, ses romans hors fantasy ont souvent été chroniqués dans ces parages.
Le dernier sorti est Vostok, un excellent texte d'aventure scientifique et personnelle dans l'un des lieux les plus inhospitaliers de la planète.

Laurent Kloetzer a gentiment accepté de répondre à quelques questions sur cette dernière œuvre. Suivons-le vers l'Antarctique.

Bonjour Laurent. Tu viens de publier Vostok, une palpitante histoire de quête située dans un lieu très inhospitalier, la station antarctique Vostok. Pourquoi avoir décidé d’écrire sur un tel lieu ?

Laure et moi avions envie depuis longtemps d’écrire une histoire antarctique et nous suivions dans les journaux les découvertes faites à la base Vostok (surtout les percées autour du lac, ça nous paraissait très lovecraftien. D’ailleurs j’avais chroniqué le point ici, alors que je ne pensais pas encore écrire quoi que ce soit à ce sujet). Puis Laure m’a mis dans les mains le livre de Jean-Robert Petit, qui m’a complètement fasciné (Vostok, le dernier secret de l’Antarctique, Paulsen). Pour l’histoire véritablement épique qu’il évoque, et pour le récit de la science telle qu’elle se fait. Quand le moment est venu d’écrire un récit antarctique, nous savions que ça tournerait autour de la base Vostok.
J’ai été particulièrement touché, dans le livre de Petit, par cette relation très sentimentale de l’auteur avec ce lieu. J’ai voulu travailler avant toute chose sur cette émotion.

Pourquoi ce roman est-il un Laurent Kloetzer et pas un L.L. Kloetzer, contrairement à Anamnèse ?

C’est un projet L.L. Kloetzer (le scénario et l’idée de base), mais pour des raisons d’emploi du temps et de charge de travail, j’y ai travaillé seul. Les défauts sont donc tous de moi.

Comment t’es-tu documenté sur les conditions de vie et de travail dans les bases antarctiques ?

En lisant des livres et en voyant des films… comme tout le monde. C’est un sujet très bien documenté. Le plus dur était de se renseigner sur les expéditions russes, la documentation en français ou en anglais à ce sujet n’est pas très abondante et mon russe pas assez bon. J’ai toutefois eu de bonnes surprises, comme par exemple de pouvoir lire 72°C en dessous de zéro, un roman d’aventure soviétique des années 70, traduit à l’époque chez Pygmalion.


Tes personnages sont des membres de cartels chiliens. Pourquoi ce choix « exotique » ?

Je voulais que l’Antarctique ne soit pas trop loin, or le Chili est tout proche du continent blanc. De plus, Juan est venu tout de suite, avec une silhouette inspirée par un bon copain chilien. A quoi tiennent les idées…

Ton personnage principal, Léo, est une très jeune fille issue d’un pays pauvre. Comment as-tu procédé pour rendre crédible un personnage aussi éloigné de toi ?

Je suis bien content que tu l’aies trouvée crédible. J’attends maintenant le retour de lecture d’une vraie jeune fille de quinze ans (l’une d’elles a relu le début du roman, ça m’a aidé).

Etait-il important pour toi que les deux personnages centraux du roman (Léo et Veronika) soient des femmes vainquant l’adversité ?

Carrément. On ne choisit pas le genre de ses personnages au hasard, et quand un homme écrit sur des femmes, il doit toujours travailler sur les représentations, les clichés. Plus précisément, j’ai écrit ce roman pour une jeune fille et pour mes filles, j’avais envie de leur donner de beaux personnages auxquels s’identifier. Ni putains, ni vierges, ni princesses.

Pourquoi avoir fait de Veronika, la scientifique ex-soviétique, une pasionaria komsomol ? Y a-t-il un peu de son idéal en toi ?

L’URSS a connu son festival d’horreurs, mais c’était aussi un pays porté par une idéologie très puissante, dont certaines valeurs me parlent. Spoutnik tout comme Vostok sont deux enfants de l’Année Géophysique Internationale. A l’époque de la rédaction de Vostok, Laure me lisait des extraits de La fin de l’homme rouge, livre bouleversant de Svetlana Alexeievitch sur le monde soviétique. Ça m’a influencé.


Qu’éprouves-tu pour ces hommes qui partaient si loin, si longtemps pour faire avancer la science ? Que sais-tu de leurs motivations ? Comment les juges-tu ?

Petit décrit cela bien mieux que moi. Il montre comment la connaissance scientifique se bâtit sur toutes sortes de raisons : rivalités, amitiés, magouilles, honneurs, mais qu’au fond elle rassemble plus qu’elle ne sépare.

La vie dans Vostok met à l’écart d’un monde qui apparaît progressivement de plus en plus artificiel. Est-ce ainsi que tu vois le monde ? Caresses-tu aussi un rêve d’ermitage ? As-tu lu Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson ou d’autres livres racontant des expériences d’isolation extrême ?

Il y a sans doute dans ce roman un fantasme de repli sur le bunker. Mais le repli à Vostok ne peut pas être autarcique. Sans le reste du monde, la station meurt.

Tu es quelqu’un qui connaît parfaitement l’œuvre de Lovecraft. Comment ne pas être écrasé par l’ombre des Montagnes hallucinées et de sa quête d’inconnu dans le grand Sud ? Plus généralement, y a-t-il des œuvres (que tu pourrais conseiller) auxquelles tu reconnaitrais une parenté avec Vostok ?

Tu as raison, la présence des Montagnes Hallucinées était écrasante. De plus, après avoir relu le texte et passé des heures à faire jouer des explorateurs des années 30 écrasés sur les pentes de la plus haute chaîne de montagne qui soit sur Terre, j’avais l’imaginaire envahi par cette vision de l’Antarctique. C’est le livre de Petit qui a tout débloqué, en me faisant connaître ce qui vient après l’âge héroïque des explorateurs (de Bellingshausen à Byrd, en passant par Scott et Amundsen), c’est à dire l’âge scientifique et géopolitique de l’Antarctique, qui n’est pas moins passionnant.
En écrivant Vostok, j’avais également une autre référence en tête (très humblement) : l’Ile au trésor. Un voyage lointain, une séquence initiale dans le pays d’origine, un enfant perdu au milieu de personnages plus ou moins méchants, forcé à son tour de jouer un rôle. J’ai relu l’Ile au trésor après avoir fini Vostok, et je me suis dit qu’il restait beaucoup à apprendre.

Pourquoi avoir situé ce roman dans le monde d’Anamnèse ? Et pourquoi y avoir mis en scène un « ghost » ? Le roman n’aurait-il pas fonctionné, même un peu différemment, sans cet élément ?

Ça faisait partie du projet dès le début. Le roman devait se passer dans notre futur, et je n’ai pas tant de futurs disponibles. Par ailleurs, d’un point de vue narratif, le ghost permet de traiter de manière plus intéressante le personnage de Leo, il apporte une belle dimension littéraire.

Tu abordes incidemment la question du réchauffement climatique et de l’entrée en anthropocène. Dans quelle mesure cette question te préoccupe-elle ? Comment vois-tu l’avenir sur cette question ?

La question me préoccupe personnellement, mais je n’ai pas grande autorité pour en parler. Après ça, les livres qu’on écrit sont le reflet de notre temps.

Je te remercie infiniment et je souhaite longue vie à Vostok.

Commentaires

Lune a dit…
Merci pour cette interview !
Lhisbei a dit…
"Ni putains, ni vierges, ni princesses."

(effectivement, ça ne peut que me pousser à le lire)

Sais-tu qu'il est très mal vu au Chili de tremper ses aliments (tartine dans le café, pain dans la soupe, mouillette dans les oeufs coque...) ? C'est très mal élevé. C'était la minute Mme de de Rothschild (absurde et inutile nous sommes d'accord)
Gromovar a dit…
Je l'ignorais totalement. Merci.

Mais d'où te vient cette connaissances intimes des mœurs chiliennes ?
Lhisbei a dit…
Une longue histoire de famille recomposée et de ramifications estudiantines et amoureuses... T'expliquerai de vive voix à l'occasion :)
Vert a dit…
Intéressant, faudra que je me penche sur ce roman.
Gromovar a dit…
Tu peux y aller, c'est un roman très agréable à lire.