Fables 7 - Willingham - Buckingham

Sortie du tome 7 de l’ Intégrale Fables dans la collection Urban Nomad. Les fils ouverts dans le tome précédent vont vers leur conclusion ici. La lutte contre Mister Dark se poursuit, de la part bien sûr de tous les Fables réfugiés à la Ferme – qui vont ensuite devoir se replier encore plus loin pour ne pas succomber au maître de la peur –, mais surtout de la part, singulièrement, d’une Frau Totenkinder qui a fait de l’élimination de l’arch-ennemi sa priorité – au point de laisser la direction des forces magiques de Fableville à la jeune Ozma. Mais d’abord, pour pouvoir guider les Fables de la Ferme vers un avenir où ils survivraient alors que le Mal menace et que les dissensions se répandent sous l’influence d’un culte étrange, Rose Rouge doit sortir de la dépression causée par la perte de son amour. Pour cela, une force extérieure à la Ferme lui permet de revivre son enfance et sa relation compliquée avec sa sœur Blanche Neige – dont on apprend que la vie fut bien plus difficile qu

Zai zai zai zai de Fabcaro : Mortelle randonnée


Regarde bien lecteur ! Tu vis des temps extraordinaires. Les ondes gravitationnelles viennent d'être détectées, et Gromovar va célébrer un livre dont non seulement Télérama mais aussi Lune ont dit du bien.

Ici et maintenant. Un trentenaire banal est à la caisse du SuperU. Il s’apprête à payer ses courses quand son monde bascule. Il a oublié sa carte de fidélité et tout s'enchaine : la tentative de rétention par le magasin, la fuite, la cavale, l'emballement médiatique.

Devenu fils maudit, paria, le jeune homme, non content d'avoir oublié sa carte de fidélité, est aussi, on l'apprend, auteur de BD. Il ajoute ainsi à une déviance nécessaire une déviance contingente. On ne prête qu'aux riches. Il le prouve. "Zaï zaï zaï zaï" est l'histoire de sa cavale, et de la réaction du monde face à cette incongruité, cette différence, cette menace donc.

Le récit est construit en une succession de saynètes chronologiques d'une ou deux pages, d'une grande drôlerie et d'une clairvoyance impressionnante.
Il faudrait écrire une phrase par scène pour rendre toutes les idées de l'album. Je ne le ferai pas car ce serait spoiler. Mais sans dévoiler le traitement, concis et fin comme un laser que leur réserve Fabcaro, voici un florilège des thèmes abordés, en espérant que ça vous donne envie de lire l'hilarant et si bien vu "Zaï zaï zaï zaï". On lira donc dans l'album (j'écris cette liste en blanc sur blanc, surligne si tu veux savoir, lecteur, ne le fais pas si tu veux garder la surprise) :
  • le stress des caissières
  • la stigmatisation des quartiers sensibles
  • l'immersion du Parisien dans la France profonde
  • l'omniprésence de la dérision voire du ricanement
  • le traitement racoleur des faits divers
  • les experts médiatiques, dont les poses sont déconstruites
  • les micro trottoirs et les reporters qui forcent les réponses 
  • les envoyés spéciaux qui ne savent rien mais le disent quand même
  • l'obligation d'être heureux en vacances
  • les discussions au café du commerce
  • l’individualisme exacerbé
  • la bêtise d'une vie à l'aune de la consommation
  •  la stigmatisation et la peur de la stigmatisation
  • la peur de la pédophilie
  • les partenaires sociaux
  • l’indifférence familiale
  • les chansons de soutien
  • les ridicules cours de citoyenneté
  • les préjugés sur la province
  • l'absurde révolte adolescente
  • la philosophie à deux balles
  • le complotisme
Sur un ton entre Brazil et l'épisode 1 de Black Mirror, Fabcaro livre une histoire dont la concision n'a d'égale que la pertinence. Le dessin est à l'avenant : minimal tout en étant très expressif. Fond et forme, toussa. Belle ouvrage.

Zaï zaï zaï zaï, Fabcaro

Nébla aussi a aimé.

Commentaires

Totirakapon a dit…
Tout à fait d'accord ! Et un très bon titre d'article que cette "mortelle randonnée" !
Gromovar a dit…
Grazie mile :)
shaya a dit…
Ca l'air intéressant ça ! Et j'aime bien ce que fait en général Casterman dans cette collection là
Gromovar a dit…
C'est très sympa.
Nicolas a dit…
Une BD sympa, mais l'auteur aurait pu faire encore mieux je pense. Peut-être s'est-il montré un peu trop gourmand, touchant à trop de sujets?
Gromovar a dit…
C'est vrai que tout aurait pu être plus développé. Un défaut de touche-à-tout.