The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Léviathan - Brunschwig - Plus gros qu'une sardine !


Marseille. Aujourd’hui. Un violent tremblement de terre détruit une partie de la ville, autour du Vieux Port et de la Mairie, la Marseille des cartes postales.
Un tremblement de terre, ou pas.
On parle aussi d’une météorite, et il est clair qu’un énorme objet à l’air planté dans la ville, sur le site du Lacydon. Mais difficile de savoir. A l’épicentre tout n’est que mort et destruction et, autour, un périmètre de sécurité installé par l’armée empêche toute entrée au cœur de la zone dévastée.
Dans la ville meurtrie, les destins bouleversés s’entrecroisent et les mystères s’accumulent, entre la cause mal définie de la catastrophe, le positionnement de l’armée qui vise la mer de ses canons, et la découverte, au milieu des victimes, du corps d’une femme récemment abattue d’une balle dans la tête.

Avec "Après la fin du monde," tome 1 de la série Léviathan, le scénariste Luc Brunschwig, sur une idée de départ d'Aurélien Ducoudray, imagine une histoire complexe et très intrigante. Comme à son habitude, il tisse son récit de mystère, et développe des personnages riches aux relations réalistes.

Au fil du récit, on est avec les sinistrés, au cœur du désastre. Dans les morgues improvisées, dans le Stade Vélodrome devenu centre de rassemblement des sans abris – en particuliers les enfants isolés qu’il faut prendre en charge, dans les lieux officiels de recherche des disparus qui sont en fait des lieux d’identification des victimes, etc.
Comme dans ses autres œuvres, Brunschwig crée une réalité aussi diverse que dans le vrai monde, et pointe sa caméra sur des gens « normaux » que l’extraordinaire saisit. On y voit le désarroi de ceux qui réalisent que leur vie a changé pour toujours en quelques secondes terribles. On y voit des gens biens et des connards, des citoyens heureux et d’autres en plein marasme, des marchands de sommeil, du racisme ordinaire, de la récupération politique, dans une ville qui est absolument multiethnique. On y croise des hommes et des femmes - policier, pédopsychiatre, infirmière - qui essaient, chacun à leur niveau, d’aider leurs prochains à survivre et la ville à passer le cap. On y est témoin des petits trafics et arrangements typiquement marseillais qui permettent de lubrifier les rouages d’une ville pauvre et se révèlent très utiles en temps de catastrophe. On y constate l’omniprésence des médias qui traitent l’info par le petit bout de la lorgnette.

Brunschwig connait la ville, ça se voit, les mécanismes y sont. Et surtout il manie à merveille le parler marseillais, ce français mâtiné de patois, aux accents souvent ironiques et narquois, ici parfaitement juste et sans cliché aucun.

Tout est juste, les personnages comme le décor ; tout est finement ciselé, les situations comme la progression d’un récit dont on comprend qu’il lui reste encore beaucoup à révéler. C’est un bien beau travail scénaristique, une fois de plus, que Brunschwig – peut-être le meilleur scénariste actuel - offre ici au lecteur. Les dessins, eux, ne sont guère à mon goût, trop imprécis imho pour une histoire réaliste.

"Après la fin du monde" capture l’intérêt du lecteur et ne le lâche plus. C’est un travail d’orfèvre. Vivement la suite !

Après la fin du monde, Léviathan 1, Brunschwig, Ducoudray, Bossard

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