Eric LaRocca - As-tu mérité tes yeux ?

Agnes Petrella est une jeune américaine un peu dans la dèche. Elle est lesbienne aussi, ce qui ne change pas grand chose à l'histoire au début alors que « dans la dèche » en est le point de départ. En ce 26 mai 2000, Agnes, qui a besoin de 250$ pour payer son loyer du mois, poste sur un forum queer une annonce pour mettre en vente un épluche-pomme vieux de plus d'un siècle. Contrairement à ce qui se pratique habituellement, elle a composé pour ce faire un message de presque quatre pages dans lequel elle explique avec force détails à quel point cet épluche-pomme est un élément important de son histoire familiale et donc à quel point aussi il lui est pénible de s'en séparer. Nécessité faisant loi elle s'y est finalement décidée mais, dit-elle, elle ne consentira à vendre l'objet qu'à un collectionneur sérieux (!). Deux jours plus tard, après quelques réponses insultantes, Agnes en reçoit une intéressante d'une certaine Zoe Cross qui dit être intéressée et prêt...

Brève revue de BD


Après un temps trop long, voici enfin "L'église de Satan", conclusion de la série Le dernier cathare de Delalande et Lambert.

Escartille et ses alliés ont trouvé refuge à Montségur. Nous sommes en 1242, et nul ne sait ce qui aurait pu advenir de la forteresse à terme. Hélas, quelques cathares revanchards de la garnison de Montségur sautent sur une opportunité de massacrer des inquisiteurs papaux à Avignonet. Ordre est alors donné d'assiéger la forteresse et de la faire tomber. C'est Hugues des Arcis, sénéchal de Carcassonne, qui conduit le siège, assisté de Pierre Amiel, l’archevêque de Narbonne.
Soutenu par le pays, la forteresse tient plus d'un an, jusqu'à ce que la tour de guet soit prise par une action audacieuse. Des Arcis y installe un trébuchet qui bombarde alors sans relache les assiégés. Le coup de grâce tombe quand la barbacane est prise par traitrise, au début de l'année 1244.
La forteresse se rend finalement le 1er mars, et les assiégés en sortent le 16. La plupart des cathares, refusant d'abjurer leur foi, sont conduits dans un enclos fermé, bucher collectif auquel les soldats mettent le feu. Plus de 200 y meurent.

L'album raconte cette histoire sinistre et clôt la remembrance cathare. Trop rapidement à mon goût. Tout est abordé, mais tout est trop court. Dommage. Il aurait fallu plus de pages. Et les dessins semblent moins travaillés que dans les albums précédents.

Le dernier cathare 3, L'église de Satan, Delalande, Lambert


Suite et fin de la série Deepwater Prison, le Prison Break SF de Christophe Bec, avec cet album intitulé "Evasion".

Il y avait deux enjeux dans la série, les deux obtiennent une conclusion qu'on peut considérer comme favorable. Voila pour l'histoire.

Côté plus, on trouve une réflexion intéressante sur l'engagement et la question des idéaux perdus ; la harangue est si claire qu'on se demande si ce n'est pas Bec qui s’adresse au lecteur par la bouche de son personnage. Quant au dessin, il est oppressant à souhait.

Côté moins, des monstres marins qui finalement ne servent pas à grand chose, une résolution judiciaire peu convaincante, une cruauté sexuelle qui semble inutile, une certaine confusion dans les interactions entre personnages ou les retournements instantanés d'alliance.

En définitive, un album conclusif utile mais peut-être le moins bon du triptyque.

Deepwater Prison 3, Evasion, Bec, Raffaele


Sortie du tome 4 de la série Zombies, intitulé "Les moutons".

Après le « dénouement » du tome 3, quelques années plus tard, ce qui reste de l'humanité est entré dans une nouvelle phase. Il s'agit de survivre à long terme. Hélas, il semblerait que l'épidémie soit bien plus terrible qu'on ne l'imaginait jusque là et que tout espoir de la surmonter soit hypothétique ; d'autant que l'apocalypse est annoncée dans les visions de Serge, le jeune « enfant zombie ».

Pourquoi ? Comment ? Il faudra lire ce très bon album pour le savoir. Peru y pousse encore plus loin que précédemment son approche désespérée de l'épidémie zombie. Il montre comment ce qui paraissait acquis a disparu vite et peine à revenir. Il décrit un fanatisme religieux délétère, mais n'oublie pas les pratiques inhumaines qu'impose la lutte pour sauver - peut-être - ce qui peut encore l'être. Il lance les fils qui seront les arcs narratifs des épisodes à venir, utilisant notamment, au début de l'album, un flashforward qui ne laisse guère optimiste sur l'avenir de l'humanité.

La grande épopée continue. La série, scénario et dessin, est toujours de haut niveau. A suivre.

Zombies 4, Les moutons, Peru, Cholet, Bastide

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