Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

Binti : Pour tout-petits enfants

Tu le sais ou pas, lecteur, mais Tor.com vient de lancer une collection de nouvelles et novellas, tant en papier qu'en numérique. Tor.com délivrant depuis longtemps ce genre de textes gratuitement sur son site, l’idée semble bonne, d'autant que nombre d'éditeurs semblent se lancer sur ce créneau. L'avenir dira s'ils avaient raison.

Venons-en à "Binti", l'un des premiers textes à recevoir les honneurs de la nouvelle collection. Ben c'est pas fameux. Le contraire d'un début en fanfare. Pourtant Nnedi Okorafor sait écrire des romans efficaces et intelligents - Who fears death en est la preuve - mais là...

Bref résumé : Binti est une jeune fille issue d'une tribu africaine de la Terre, isolée et opprimée. Elle est la première de son peuple à être admise à l'université la plus prestigieuse de la galaxie. Elle y part donc en vaisseau spatial, bravant sans vergogne les conservatismes de sa tribu. Le genre belle et rebelle.
Mais son vaisseau est attaqué par les Méduses, les ennemis héréditaires de l'autre peuple humain, ceux qui oppriment le peuple de Binti (faut suivre). Tout le monde est tué, même les (très nouveaux et très de l'ethnie des oppresseurs) amis de Binti, sniff. Tout le monde sauf Binti, grâce à un artefact ancien et mystérieux qu'elle avait opportunément emporté avec elle. Artefact qui lui permet ensuite de communiquer avec les Méduses. Elle comprend alors qu'ils sont farouches, en colère, mais pas si méchants. Ils veulent seulement reprendre le piquant du chef des Méduses qu'un universitaire avait volé pour l'exposer.

Là j'ai espéré un peu de réflexion sur la restitution des restes maoris par exemple. Nân. En fait, sitôt que, grâce à l'artefact traducteur, Binti et les Méduses se sont parlé, la violence a fait place à l'harmonie, elles se sont comprises, et sont devenues alliées (manquaient que des licornes). Aussi, dès son arrivée sur la planète université, Binti réussit donc à convaincre (ah le magistère de la parole !) les universitaires de rendre le piquant. Paix et amour reviennent. Pourquoi se faire la guerre quand on peut discuter entre gens raisonnables et trouver un terrain d'entente ?

Puis Binti, qui est devenue un peu Méduse (c'est vrai), reçoit les félicitations du doyen, commence de brillantes études à l'université en compagnie d'une des Méduses (première admise elle aussi), précisément celle qui était la plus méchante et voulait toujours tuer Binti.

Jamais fait aussi long pour une novella mais il le fallait.

On est donc entre Harry Potter, Coup de foudre à Notting Hill, My Little Pony, et Freud répondant stupidement à Einstein en 1932 que la culture faisait toujours reculer l'agressivité donc le risque de guerre.
C'est consternant de naïveté et de bêtise, digne d'un enfant de 10 ans. Voila ce que je maugréais, seul en ma navrante compagnie, pensant qu'on penserait sûrement que j’étais une très sale bête.
Puis j'ai lu l'afterword dans lequel Nnedi Okorafor se félicitait de toutes les bonnes idées que lui avait apporté Anyaugo, sa fille de 11 ans, pour écrire la novella. Je ne m'étais trompé que d'un an.

Binti, Nnedi Okorafor

Commentaires

Efelle a dit…
Déjà que je n'ai pas aimé Who fears Death...
Gromovar a dit…
Alors, fuis !
Lorhkan a dit…
Voilà qui est dit ! :D
erwann a dit…
Enfin lu. Aouch, c'était bien neuneu…
Mais pour en être bel et bien sûr, j'ai lu les deux suite, Binti: Home et The Night Masquerade. Ce dernier volume utilise un twist intéressant à mi-parcours… qu'il désamorce un peu plus loin.
En fin de compte, ça m'a donné une furieuse envie d'égorger des bisounours.
Gromovar a dit…
Oui. Egorgeons des Bisounours !