The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Un Radeau de la Méduse spatial

"Slow Bullets" est une novella du maitre de la SF Alastair Reynolds, connu pour avoir créé un colossal univers, celui de l’Espace de la Révélation. Elle sera publiée par Tachyon.

Une guerre a déchiré des centaines de mondes. Eux contre les Autres. Leur Livre contre celui des Autres. Des différences minimes dans les textes, mais suffisantes pour qu’on s’entretue à leur propos. L’éternelle histoire.

Et voilà que, juste avant le début du livre, la paix est signée. Scur, guerrière enrôlée contre sa volonté, pense voir enfin le bout du tunnel. Hélas pour elle, elle croise, dans ces moments incertains entre guerre et paix, le criminel de guerre Orvin qui la capture et s’apprête à lui faire subir une mort ignominieuse. Tout s’enchaine alors très vite. Scur croit d’abord mourir - en Augustin Trébuchon de l’espace - sous les tortures d’Orvin, puis être sauvée quand celui-ci s’enfuit à l’arrivée des Pacificateurs, avant de sortir d’hibernation dans un vaisseau de transport, le Caprice, sans se rappeler y être jamais montée. Pour Scur, comme pour ceux qu’elle voit, bien énervés autour d’elle, c’est un réveil brutal et visiblement imprévu qui remet en contact des gens qui ne s’apprécient guère.

Soldats des deux camps de retour vers la vie civile, criminels de guerre ou traitres, équipage civil, tous comprennent vite la situation. Le vaisseau, endommagé, n’est pas où il devrait être, et il est impossible de contacter la civilisation. Problème de saut supraluminique peut-être (et oui, Reynolds utilise ici cette bonne vieille FTL), survenu pendant l’hibernation. Pour les naufragés de l’espace coincés sur leur Radeau de la Méduse interstellaire, il faut comprendre ce qui s’est passé, puis tenter de rejoindre la civilisation en évitant de s’entretuer avant l’arrivée.

A priori l’histoire est simple et claire : un vaisseau en perdition doit retrouver le port. Et pourtant Reynolds, en vieux briscard, réussit à surprendre et à intriguer.

Qui sont les soldats, qui sont les criminels ? Pourquoi les uns et les autres sont-ils à bord ensemble ? Où est le Caprice et que lui est-il arrivé ? Le récit progresse au fil de nombreux rebondissements. Les personnages ne sont pas toujours ce qu’ils semblaient être. La direction que prend l’histoire change au fil des découvertes.

Et puis, il y a quelques réflexions intéressantes. Comment terminer une guerre ? Peut-on pardonner à l’ennemi ? Comment savoir qui est l’autre, et même qui on est soi-même quand la mémoire peut être manipulée ? A qui s’associe-t-on, de qui devient-on ami, en un temps de grand péril ? Comment construire l’avenir et aller de l’avant ? Faut-il oublier, effacer le passé, s’oublier soi-même ? Faut-il garder le meilleur seulement ? Si oui, qui choisit ? Et, plus important encore dans le cas des naufragés du Caprice, comment faire ?

Quel est le devoir, enfin, de tout homme envers la civilisation, l’Histoire, l’Humanité, si dispersée dans les étoiles soit-elle ?

Finalement, c’est une histoire passionnante que livre Reynolds. Enormément d'idées dans peu de mots.

Tiré par l’intrigue, allant de surprise en surprise, le lecteur tourne les pages à toute vitesse, et il n’est jamais déçu par l’originalité de ce qu’il rencontre. On regrettera seulement quelques transitions du narrateur Scur qui semblent trop sentencieuses par rapport à ce qu’elles annoncent. C’est mineur.

Slow bullets, Alastair Reynolds

Commentaires

Anudar a dit…
Je suis intéressé ! Où trouve-t-on cette novella ?
Gromovar a dit…
Précommandable (un peu cher 15€) sur Amazon France.
bonome a dit…
et en français ? c'est prévu ? parce que c'est mon genre de came :p
Gromovar a dit…
Aucune idée. Reynolds est bien traduit chez nous mais c'est une novella (190 pages environ) ce qui limite le marché.
Wait and see.
Lorhkan a dit…
Reynolds va être à nouveau traduit par Bragelonne, alors on ne sait jamais. Mais bon, c'est vrai que les novellas, en France...
Gromovar a dit…
Mais je pense que celle-là est très facile à lire en VO.