The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Hit the road Jack !

USA, 1916. Alors que la guerre fait rage en Europe, les USA vivent une période trompeuse de tranquillité. Jack Garron, un jeune garçon sans histoire rêve d’en avoir une. Il part donc nuitamment à la recherche de son père naturel, ce violoniste dont il a découvert il y a peu l’existence. A la veille de la rentrée des classes, et à l’insu de sa mère adoptive. Alors qu’au même instant un autre garçon croise un mal très ancien et subit une horreur sans nom. Aucun lien entre les deux. Voire...

A la poursuite d’un père idéalisé, de Jamestown à Chicago et retour, Jack va découvrir le monde des routards, des hobos comme on disait. Loin de son confort domestique, il rencontrera la violence des hommes et la dureté d’une société très libérale. Il vivra la peur, mais aussi la solidarité, l’amitié, l’amour. Il vibrera d’espoir, mais connaitra la tristesse et la douleur de la trahison. Une vie de hobos. Une vie d’adolescent que la route fait passer à l’âge adulte au fil d’un apprentissage parfois douloureux.
Quand si ajoute l’horreur, sous la forme d’un terrifiant croquemitaine, la barque devient trop chargée pour le malheureux Jack qui ne s’en sortira pas sans y laisser de grosses plumes.
La très belle couverture résume bien le point. C'est de la ville des hommes et de l'horreur qui se cache derrière en dépit de la modernité qu'il est question ici.

Un album qui commence par un nommé Jack Garron regardant Elvis à la télé, ça sent bon. Je ne veux pas croire que ce soit une coïncidence.
Un album dans lequel la question de la nourriture est centrale et qui fait traverser à son lecteur ces Union Stock Yards qui ont inauguré l’ère du gavage des humains à la viande, avant de l’emmener sur une poutre qui n’est pas sans rappeler celle du Déjeuner au sommet d’un gratte-ciel, ça prouve que Snyder est futé et roublard.

Et cette intelligence narrative, Snyder en fait bon usage. L’histoire est riche, variée, inquiétante, peut-être seulement un peu courte mais c'est hélas dû au médium. Elle soumet le jeune Jack, au fil de ses expériences, à tous les sentiments que peut connaître un adolescent en maturation accélérée, des meilleurs aux pires. Elle crée un couple traqueur/proie dont le mensonge est le cœur. Elle fait monter la tension et accroche les lecteurs aux personnages principaux. Elle les fait espérer pour eux puis désespérer d’une issue positive.

C’est donc une très bonne histoire que Snyder et son coscénariste Scott Tuft livrent. Et le graphisme est à la hauteur. Plus que ça même. Dessins magnifiques, colorisation parfaite, intelligence de la construction graphique, des cadrages, des zooms, de la découpe narrative, de la place des cases sur les planches ou des planches dans les pages, c’est un très bel objet visuel que ce Severed, et c’est aussi un album où l’image soutient activement le récit dans une symbiose réussie.

"Severed" est une BD d’horreur de Snyder, Tuft et Futaki. C’est surtout un très bel album à lire si on aime le neuvième art.

Severed, destins mutilés, Snyder, Tuft, Futaki

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