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Equoid", de Charles Stross, vient de recevoir le Hugo de la meilleure novella. C’est assurément un texte agréable et réussi qui mérite d'avoir été primé.
On peut le télécharger ici.
De Stross (dont la SF m'est toujours resté hermétique) j’apprécie depuis longtemps l’univers de « la Laverie » qu’il a créé, pastiche de Mythe de Cthulhu mâtiné d’espionnage, d’ironie anglaise et d’absurdités administratives. Le premier volume de la série au moins,
Le bureau des atrocités, est à lire par tout amateur de SFFF. Après, c’est comme les James Bond, on peut ou pas être exhaustif. Pour ma part je le suis peu. Mais Stross écrit aussi régulièrement nouvelles et novellas de la « Laverie », ce qui me permet de garder le contact. Je garde un très bon souvenir de
A Colder War par exemple.
Dans "
Equoid", Bob Howard, le héros informaticien récurrent de Stross, est amené à enquêter sur une possible infestation de « licornes » - forme chevaline, « corne » frontale, mais peu d’autres points communs avec l’animal arc-en-ciel magique de l’amitié. La vérité qu’Howard découvre sur le terrain dépasse de loin ses pires craintes. Et le lecteur lui-même, et lui seul, aura accès à une note conclusive qui laisse supposer que c’est encore bien pire que pire.
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Equoid" est une vraie réussite qui offre un grand plaisir de lecture. Il faut, je crois, connaître, Lovecraft –sinon les références tomberont à plat – et apprécier le nonsense british. Mais si c’est le cas – ce ne sont pas des prérequis énormes quand même – le texte est vraiment plaisant.
Les innombrables images et digressions qui peuvent donner l’impression que le texte n’avance pas très vite (ça accélère voire devient frénétique en deuxième moitié) l’enrichissent en fait d’une sorte de folie qui n’est pas sans rappeler les Monty Python.
Remember the Dead Parrot ? Stross fait voir le monde à travers les yeux fous d'un « champion du monde de l’ironie ».
Les fausses lettre de Lovecraft, qui sont partie du dossier d'enquête, sont stupéfiantes de vérité, et elles offrent enfin une explication « crédible » au peu d’appétence de Maitre de Providence pour les choses du sexe. Les
easter eggs idiomatiques abondent (comme toujours dans ce cas on se demande lesquels on a raté) ce qui fait du texte une belle démonstration d’esprit. Et puis il y a une histoire, qui avance, avec questions, enquête, action, révélations, drames, etc. De la magie, des Anciens, des armes de guerre, des services plus secrets que secrets, de l’humour, du
genuine witticism. Et un grand complot derrière le petit complot. Et Stross qui assassine symboliquement Lovecraft dans un meurtre du père que peu se permettent à l’endroit d’HPL. Que demander de plus ?
Equoid, Charles Stross
L'avis de Cédric Jeanneret
Commentaires
Je le mets dans ma PAL!
Une traduction ?
Oui je sais... ;)