The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

L'ouvrière de la mort


Hélène Jégado est connue en Bretagne, paraît-il, moins ailleurs, c’est certain. C’est une empoisonneuse, accessoirement peut-être la plus grande tueuse en série française – on bat les records qu’on peut.

Née au tout début du XIXème siècle, Hélène, fille de pauvres cultivateurs, est baignée dès l’enfance dans les légendes d'une Bretagne bien arriérée, pleine de paganisme, de superstition, d’Ankou. Terrorisée par le personnage du messager de mort, Hélène semble-t-il, devint empoisonneuse pour surmonter ses angoisses. Devenir la peur pour ne plus la subir.

Commence alors pour Hélène une carrière criminelle qui lui fait traverser en tout sens la Bretagne, se plaçant comme bonne ou cuisinière, se prostituant un moment dans un bordel militaire, de ci de là, sans rime ni raison. Sauf une. Elle doit se déplacer pour passer d’un lieu de crime à l’autre. Quand son emploi cesse faute d’employeurs, il lui faut en trouver de nouveaux.

Telle l’Ankou, Hélène fendit la Bretagne et faucha les vies sans plus de logique, voire moins, que n’y aurait mis un événement naturel. C’est d’ailleurs ce qui lui permit d’agir aussi longtemps sans être inquiétée. Durant la première moitié du XIXème, aucun fichier de police centralisé. Hormis quelques rumeurs, il n’y avait rien. Le choléra frappait régulièrement en Bretagne, avec des effets similaires à ceux du poison et une circulation imprévisible. Hélène ne volait ni ne fuyait jamais immédiatement après les faits, au point qu’on la plaignit parfois d’avoir connu tant de malheurs. Sans la suspicion de son dernier employeur, Théophile Bidard de la Noé, qui lança une enquête et reconstitua la trajectoire d’Hélène, celle-ci serait peut-être resté inconnue, continuant son œuvre sans interruption jusqu’à une mort naturelle qui aurait clos une série dont nul n’aurait jamais eu connaissance.

Elle sera finalement arrêtée puis exécutée à Rennes en 1852, après avoir fait une soixantaine de victimes dont elle conservait des fétiches. Silencieuse à son procès, elle esquissa une vague explication en invoquant l’Ankou. Hormis l’expression d’une psychopathie, aucun mobile satisfaisant n’a jamais été trouvé à ses actes. Et c’est ce qui pose la limite de la méthode Teulé, efficace ailleurs, mais insuffisante ici.

Faute d’explication, faute de témoignage ou de souvenir, Teulé promène sa tueuse dans la Bretagne du XIXème, de maison en maison, de meurtre en meurtre, parcourant les stations d’un incompréhensible calvaire. L’auteur a l’honnêteté de ne pas inventer ce qu’il ignore, mais ce faisant il laisse le lecteur devant une énumération qui manque de chair. Qui est Hélène ? Pourquoi agit-elle ? Nul ne le sut. Teulé l’ignore. Le lecteur n’est pas  à meilleure enseigne, au point que le répétition des meurtres, même si Teulé les met en scène de diverses manières, finit par lasser, jusqu’à ce procès d’où sort une condamnation mais aucun sens.

Fleur de tonnerre, Jean Teulé

Commentaires

Tigger Lilly a dit…
Bizarre de trouver cet auteur en ces lieux :p

J'ai lu un bouquin de Teulé, Le magasin des suicides. Qui eût pu être drôle si la fin n'était pas moralisatrice au possible et convenue tellement convenue ... Ce sera le seul que je lirai de lui je pense.
Gromovar a dit…
J'avais beaucoup aimé Mangez-le si vous voulez. Et la BD Charly IX.

Mauvaise pioche cette fois, et j'éviterai le Magasin des Suicides donc.