Eric LaRocca - As-tu mérité tes yeux ?

Agnes Petrella est une jeune américaine un peu dans la dèche. Elle est lesbienne aussi, ce qui ne change pas grand chose à l'histoire au début alors que « dans la dèche » en est le point de départ. En ce 26 mai 2000, Agnes, qui a besoin de 250$ pour payer son loyer du mois, poste sur un forum queer une annonce pour mettre en vente un épluche-pomme vieux de plus d'un siècle. Contrairement à ce qui se pratique habituellement, elle a composé pour ce faire un message de presque quatre pages dans lequel elle explique avec force détails à quel point cet épluche-pomme est un élément important de son histoire familiale et donc à quel point aussi il lui est pénible de s'en séparer. Nécessité faisant loi elle s'y est finalement décidée mais, dit-elle, elle ne consentira à vendre l'objet qu'à un collectionneur sérieux (!). Deux jours plus tard, après quelques réponses insultantes, Agnes en reçoit une intéressante d'une certaine Zoe Cross qui dit être intéressée et prêt...

Recto/Verso


"Les moissons funestes" est le tome 1 de la série « Ennemis de sang ».

1897, Flandres, Belgique. Quand la femme d’un couple de paysan perd son bébé en couches, elle en devient dérangée au point d’enlever l’un des jumeaux de la famille bourgeoise voisine. Elle entraine alors son mari dans une fuite vers la Wallonie qui fera de lui un mineur de fond dans un pays en pleine révolution Industrielle. Dix ans plus tard, un heureux concours de circonstances scénaristique permettra à Omer, élevé comme leur fils qu’il a toujours cru être, de retrouver sa vraie famille, alors que ses parents « adoptifs » prendront le chemin de l’échafaud. Mais si Père et Mère sont ravis de retrouver l’enfant prodigue, il n’en est pas de même d’Oscar, le jumeau élevé dix ans durant comme un fils unique et qui en a tiré un caractère odieux.

Jumeaux séparés, gentil garçon pauvre, méchant garçon bourgeois, gitans hospitaliers, mineur aviné et violeur, coup de grisou, patron paternaliste, le scénario de cet album, qui accumule les bouleversements dramatiques et ne lésine ni sur les clichés, ni sur les rebondissements opportuns, fait résolument dans le mélo. Quitte à prendre cette voie, on aurait aimé que le scénario aille alors plus dans le réalisme, jusqu’au sordide si nécessaire; or il semble ne regarder la misère que par le trou de la serrure sans jamais oser ouvrir la porte. Dommage. Il y a encore du boulot pour faire oublier « Les maitres de l’orge ».
Ceci dit, l’album n’est pas déplaisant à lire. Il offre une évocation assez fidèle, même si elle paraît bien édulcorée, de la Révolution Industrielle.

Le dessin plonge le lecteur dans l’époque en traitant précisément les installations minières, les nombreuses zones restées rurales, et le contraste entre habitats bourgeois et populaires. De plus, les personnages ont des trognes, et ça, c'est méritoire et adapté. On regrettera seulement que les mains soient souvent fautives, et les visages pas toujours réguliers. La colorisation est de bonne qualité.

Au final, un album un peu tiède mais jamais désagréable.

Ennemis de sang t1, Les moissons funestes, Carin, Caryn

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