The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Les damnés de la mer


Deepwater Prison est le nouvelle série du duo Bec et Raffaele qui avait déjà signé l’impressionnant Prométhée, mais aussi les Sarah, Under, et Pandemonium.

Futur proche, les prisonniers les plus dangereux sont enfermés sans espoir de conditionnelle dans une prison sous-marine qui est une sorte de bagne totalitaire. L’explosion d’une plateforme pétrolière offshore, qui coule tout près de la prison, provoque une gigantesque marée noire et risque de mettre à jour les bien peu ragoutants secrets de la multinationale qui l’exploitait (on pense à la catastrophe de DeepWater Horizon, l’assonance n’est sûrement pas fortuite). Face au désastre, ploutocrates et hauts fonctionnaires luttent à fleurets (pas si) mouchetés pour mettre la main sur les bases de données de la plateforme et déterminer les responsabilités dans la catastrophe écologique. Leur confrontation a pour cadre la prison sous-marine un lieu où, en dépit d’une sécurité extrême, une tentative d’évasion est fomentée ; alors qu’à l’extérieur, dans la fosse abyssale, d’énormes et agressives créatures rodent.

Ce premier tome, intitulé "Constellation" du nom de la plateforme coulée, donne à espérer une histoire sous tension, stressante à souhait. Le stress est véritable, engendré par la progression des deux intrigues, extérieure et intérieure. C’est dans ce genre de récit que Bec excelle, prouesse d’autant plus méritoire qu’il y parvient en dépit d’un médium à qui manquent mouvement et sons, si utiles pour la montée en pression au cinéma.

Les dessins de Raffaele, de bonne facture, commencent à être connus. Ils sont souvent photoréalistes et régulièrement « larges », comme en cinémascope, soutenant donc parfaitement une histoire résolument « extime » dans laquelle alternent moments rapides, cut, ou plans de coupe, et phases plus calmes durant lesquelles les enjeux sont dits par les dialogues. On ne l'écrira jamais assez, l’œuvre de Bec, c'est du cinéma immobile.

Au final, un album qui, comme souvent chez Bec, démontre une grande capacité à faire monter le taux d’adrénaline, et à la faire étonnamment vite. D’aucuns diront que son style est trop récurrent ; je préfère penser qu’on ne reproche pas à un bon artisan de faire régulièrement ce qu’il sait bien faire pour le plaisir de ceux qui apprécient son travail. Espérons que la suite sera à la hauteur de cette entrée en matière.

Deepwater Prison t1, Constellation, Bec, Raffaele

Commentaires

Efelle a dit…
Pourquoi pas ? Il me semble avoir lu un truc de lui déjà. Sanctuaire ?
Gromovar a dit…
Yep. Et Sanctuaire est sous l'eau aussi.
Escrocgriffe a dit…
Moi qui ait adoré le film « Abyss », je pense cette oeuvre me plairait !
Gromovar a dit…
Alors, profite.