Les Yeux Doux - Corbeyran - Colline

Futur indéterminé et résolument glauque. Arsène travaille à la chaîne dans une usine du conglomérat Atelier Universel. « Travaillait » devrais-je dire car, pour avoir pris une initiative afin de corriger une erreur de production, Arsène est renvoyé dès le début de l'album. On ne plaisante pas avec la hiérarchie dans le système tayloro-fordiste de l'Atelier Universel ; FW Taylor lui-même disait  : « On ne vous demande pas de penser ; il y a des gens payés pour cela. » Privé de son emploi, Arsène, qui vit avec sa sœur cadette Annabelle dans un tout petit appartement, devient vite invisible. Physiquement invisible car invisibilisé socialement par la perte de son statut dans un monde qui définit les êtres par leur place dans le système de production. Et la situation va encore s'aggraver pour le frère et la sœur. Anatole Souclavier, lui, travaille pour Les Yeux Doux, le système de surveillance global par caméra qui épie en permanence les citoyens (sujets?) af...

The Weird anthology (note 8)


Acheté il y a peu la colossale anthologie "The Weird", dirigée par les Vandermeer (on peut trouver pire comme anthologistes). 1152 pages, 110 nouvelles et autant d’auteurs, un siècle d’envergure, 1,4 kilo (on comprend mieux l’exquis dessin de Karl Lagerfeld ci-dessous). Et, last but not least, British Fantasy Award 2012 de la meilleure anthologie.

Deux belles introductions de Moorcok et de Jeff Vandermeeer définissant le Weird, comme (je résume de nombreuses page en deux mots, c’est donc réducteur) du « fantastique étrange ».

Quelques noms d’invités : Kafka, Lovecraft, Gibson, Miéville, Borges, Walpole, Leiber, Link, Tuttle, Gaiman, etc… (il y en a 100 de plus dans l'ouvrage).

Je la lirai au fil de l’eau, une ou deux nouvelles entre chaque gros livre, comme on mange du gingembre entre deux sushis différents. Et parfois, j’en dirai un (bref) mot ici, car on peut se procurer certains de ces textes, même sans acheter l’anthologie.

The Hospice, de l’auteur anglais Robert Aickman, est un classique de la littérature weird. On la trouve fort à propos dans l’anthologie éponyme.

Histoire d’un homme qui se perd en voiture alors qu’il rentre chez lui et « atterrit » dans un bien étrange « hôtel restaurant » où il n’y a même pas le téléphone, The Hospice est un vrai bijou de weird.

Que se passe-t-il vraiment dans cet établissement ? Qui en sont les clients ? Pourquoi sont-ils là ? Et quel est cet étrange personnel ? Le héros malheureux de l’histoire est-il en danger ? Va-t-il pouvoir repartir ? Aickman décrit la situation de manière telle que le lecteur ne peut s’empêcher de se poser toutes ces questions et que le malaise qu’il ressent grandit au fur de la lecture. Et pourtant, il n’y a peut-être rien. Qui sait ? Le lecteur tirera lui-même ses propres conclusions.

Comme les autres nouvelles que j’ai choisi de chroniquer jusqu’à présent, The Hospice illustre à merveille ce qu’est le weird, par delà le fantastique ou l’horreur classique. Quelle belle réussite que cette anthologie !

The Hospice, Robert Aickman

Cette lecture participe au Challenge JLNN

Commentaires

Anonyme a dit…
Tiberix : Il va falloir que tu attaques Jean Ray un de ces jours.
Gromovar a dit…
Un titre à suggérer ?