Les anthologies "Utopiales" d’ActuSF, comme celles des Imaginales publiées par Mnémos d’ailleurs, sont des souvenirs, au sens le plus touristique du terme.
On les ramène, puis on les accumule sur ses étagères, par année, et ils permettent de se rappeler y avoir été, y avoir vu tel et tel, y avoir fait ci et ça ; comme les boules de neige en plastique, ou ces dauphins magiques dont la couleur variait avec l’humidité de l’air qu’on ramenait de la grotte ceci ou de la cathédrale cela.
Soit, mais le recueil "Utopiales" est aussi un livre. En plus de la fascination émue qu’il inspire, pas plus mais pas moins qu’une danseuse de flamenco en coquillages, il est capable de distraire, divertir, émerveiller peut-être. Voyons donc ce qu’il y avait dans le cru 2012 (je rappelle aux distraits que dans les vierges phosphorescentes en plastique c’était de l’eau bénite qu’il y avait, espérons trouver mieux dans le recueil).
Après une présentation de Roland Lehoucq (nouveau président des Utopiales) et Ugo Bellagamba sur lequel je ne peux rien dire (d’aimable en tout cas) tant j’ai une sainte horreur de la métaphore filée, on trouve 10 nouvelles écrites par quelques-unes des personnes de qualité qui étaient présentes à Nantes début novembre, à savoir : Ayerdhal, Pierre Bordage, Sara Doke, Claude Ecken, Neil Gaiman, Nancy Kress, Tommaso Pincio, Laurent Queyssi et Xavier Mauméjean, Laurent Suhner, Robert Charles Wilson.
Quelques-unes m’ont spécialement touché.
« Fae-Space », de Sara Doke, est une charmante histoire de SF à la Amazing Stories qui rappelle par sa légèreté amusée un âge d’or disparu ou un épisode barré de Twilight Zone. Les faeries de Doke, c’est peut-être le vrai visage du « peuple de la SF » dont parlait RC Wagner.
« La finale » est une intéressante nouvelle de Nancy Kress qui touche une fois de plus avec bonheur une question de neuroscience.
« Et pleurer, comme Alexandre » est une très courte nouvelle de Neil Gaiman, tellement brillante qu’elle montre au lecteur, en sept pages seulement, pourquoi Gaiman est une star (je tiens à préciser que ce n’est pas une affirmation de fanboy, j'ai peu lu Gaiman).
« La fin de Léthé », de Claude Ecken, a sa place imho dans le genre Weird. Le tour de force d’Ecken est de rendre très étrange une situation qui ne l’est pas. Un tour de magie littéraire très réussi.
« Petite excursion à l’endroit des atomes », de Tommaso Pincio, est une nouvelle étonnante, très optimiste, alors qu’elle prend place dans une Italie post accident nucléaire, dystopique jusqu’au totalitarisme, qui devrait pousser au désespoir. La Beauté (ou l’Espoir) est dans les yeux de celui qui regarde, même et surtout si c'est une petite fille mutante.
« RCW » d’Ayerdahl est un long hommage à RC Wagner, écrit à sa manière dans l’univers des Futurs Mystères de Paris, dans lequel des extrémistes nationalistes littéraires reprennent à leur compte toute la littérature mondiale et adorent un Grand Ancien nommé RCW.
Utopiales 2012, Anthologie, ActuSF Ed.
Commentaires
Sûrement une erreur de ma part...
@matsya Le Bréan, quel courage... Après tu peux attaquer "Le monde comme volonté et comme représentation" ;)