"
Monstres" est une anthologie dirigée par Jacques Fuentealba, et publiée par les
éditions Celephaïs (qui éditent par ailleurs la très plaisante revue Black Mamba), sous une amusante couverture que je livre ici dans son intégralité. On y rencontrera de nombreux auteurs, français ou internationaux, tous déjà publiés, notamment dans des revues ou des recueils.
La thématique de l’anthologie est, comme son titre l’indique, le Monstre, sous toutes ses formes et dans tous ses états.
Comme dans toute anthologie, le bon côtoie le moins bon ; on y trouve donc des textes intéressants à coté de textes dispensables. Disons ici un mot de ceux que j’ai appréciés, dans l’ordre du volume qui en compte au total 21.
Les reines de l’évasion, de Célia Deiana, moins pour la qualité du texte que pour la présence de deux personnages que j’aime bien : Harry Houdini et les sœurs Hilton, inoubliables et drôles interprètes du Freaks de Browning.
L’heure des suicidés, de Marc R. Soto, où on croise un parasite de vie en quête perpétuelle d’une tranche de réalité.
Fantômes, de Carlos Giardini, est un texte mélancolique, étrange, crépusculaire. Il y a quelque chose de lovecraftien dans ce récit d’une communauté isolée et moribonde sous les auspices d’une divinité marine.
Bloody Faerie, une symphonie nocturne, de Yohan Vasse, est une très réussie histoire de Seconde guerre mondiale impliquant des
faeries, comme dans un
Fables littéraire, où les
faeries anglais lutteraient contre les monstres invoqués par l’
Ahnenerbe nazi. A noter qu’elle fait suite à
London Faerie Blitz, la nouvelle qui a remporté le prix Imaginales 2011 des nouvelles.
A l’aube de la nuit, de Bill Congreve, est une histoire de vampire, inquiétante et glauque à souhait, dotée d’une chute étonnante.
Mater Insania, de Marija Nielsen, est dédié à Gudule et la dédicace n’est pas usurpée. On y trouve en effet une destruction de la solidarité familiale par les effets de la folie, de l’enfermement, et du désespoir qui évoque les thèmes délicats auxquels ose s’attaquer Gudule. Texte dur, Mater Insania oblige le lecteur à se demander ce qu’il ferait lui même si « l’ange qui lui disait bonsoir » (chanson de Peter Pan par Disney) cessait d’être angélique.
Altera in Alteram, de Léonor Lara, illustre la maxime suivant laquelle « l’amour est aveugle ». Erotique monstrueuse et enfermement, il y a du Possession de Zulawski dans cette nouvelle. Haletant.
Ma femme est un shoggoth, de Jeffrey Thomes, est une nouvelle drôle et enlevée où un
nerd prend le contrôle d’un shoggoth pour assouvir ses désirs sexuels de
fanboy.
L’évolution des espèces, de Nuria C. Botey, ou le mythe du loup-garou revisité à la mode splatterepunk. Crade, gore, violent, efficace.
Le vieil homme et la mer. Et l’etranger. Et le Kraken, de Pedro Escudero, pour une évocation de la malveillance qui dort sous les eaux (déjà vue dans le texte précédent,
Pêche en haute mer de Alan Baxter, stressant à souhait mais à la fin un peu décevante). Inquiétante car la malveillance ne se lasse jamais, et que sa malédiction vengeresse dure toute une vie, même sur terre.
Je ne suis pas un monstre, de Davis Pierru, pour le cadre médiéval et la narration concise mais suffisante.
Au final, 12 nouvelles que j’ai appréciées, soit un peu plus de la moitié, on est dans la moyenne des recueils de nouvelles que je lis.
Monstres, Anthologie
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