Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

Les mille et une nuits de McDonald


Je relis à l’instant ma chronique sur River of Gods et je pourrais pratiquement écrire la même pour "Cyberabad Days". Ian McDonald a son style, fort et marqué ; j’ai mes goûts qui le sont autant. Je ne réécris donc pas ce que j’avais écrit précédemment sur le style de McDonald, sa création de monde, l’émerveillement qu’il peut générer, et l’ennui aussi ; je vous y renvoie.

Constitué de six nouvelles et d’une novella (dont je parlerai à la fin), "Cyberabad Days" propose au lecteur de le ramener dans l’Inde future de River of Gods et de connaître les destins (non liés) d’autres habitants d’un pays qui, après avoir mélangé sans trop de douleur tradition et modernité, est finalement déchiré par leur confrontation.

Les six nouvelles sont :

Sanjeev and the robotwallah, où un jeune garçon découvre ce que deviennent les « héros » quand la guerre est finie

Kyle meets the river, où un jeune garçon découvre qu’il y a un monde hors de la zone verte où il vit confiné avec ses parents

The dust assassin, dunienne, où une jeune fille venge sa famille de quelle surprenante façon

An eligible boy, est une nouvelle sur la recherche de mariage dans un pays où il y a quatre fois plus d’hommes que de femmes, dont j’avais senti venir la chute, amusante, de loin

The little goddess, une jeune fille perd sa divinité, avant de la retrouver d’une certaine manière

The Djiin's wife (Gibson sors de ce corps !), où une jeune fille épouse une IA. Mais ce n’est pas facile…

Ces six nouvelles emmènent le lecteur dans un monde riche, fascinant, parfaitement exotique. La multiplication des personnages très jeunes, l’enjeu d'apprentissage de beaucoup des récits, l’obsession très soap opéra du mariage et la place qui lui est donné, tout ceci plonge le lecteur dans un monde dont il ne sait pas ce qui est le plus étrange : son futurisme ou son indianité.
En lisant ces nouvelles, je me retrouvais avec la même impression que lorsque je lisais Les mille et Une nuits (auxquelles il fait explicitement référence d’ailleurs), il y a longtemps déjà. Superbe création de monde, descriptions baroques et foisonnantes, vraies idées de SF au sens de littérature prospective, c'est innovant, absolument dépaysant, juste un peu trop languide parfois.

Enfin, le lecteur pourra découvrir Vishnu at the Cat Circus, qui justifie à soi seul l’achat de recueil. A travers la vie, tragique et torturée, d’un enfant GM, c’est l’histoire de l’Inde qui est racontée au lecteur, c’est l’effet de rapides bouleversements scientifiques, environnementaux, politiques, etc. sur une ancienne civilisation qui peut absorber beaucoup, mais pas tout. Cette novella, c’est le Vivre ! de Mc Donald. C'est une superbe évocation, la concentration du multiple dans un unique significatif. De la très belle ouvrage.

Cyberabad Days, Ian McDonald

Commentaires

Lorhkan a dit…
Vivement une traduction !
Mais d'abord, "La maison des derviches" en octobre chez Lunes d'encre ! :)
Guillmot a dit…
Encore un truc qui donne envie de lire en VO numérique !
Gromovar a dit…
La maison des derviches est bien plus efficace http://quoideneufsurmapile.blogspot.fr/2011/11/nanotechnologists-dont-dance.html
Efelle a dit…
J'ai du retard à rattraper, pas encore lu le Fleuve des Dieux.
Gromovar a dit…
Essaie plutôt La maison du derviche.
Efelle a dit…
Nan parce que le Fleuve est déjà dans ma pile.