La Chanson du zombie - Harlan Ellison

Et bien, clairement, si Harlan Ellison ( le gars ci-dessous avec l'exquise veste safran) était toujours vivant j'adorerais être pote avec lui. Surtout que dans ce volume, il a écrit avec des potes. Je ne peux en dire plus, mais ça viendra. Rien de plus. Sinon voici ce qui m'attend :

Baroukh ata adonaï che lo asani isha


"Women in chains" est un recueil, partiellement inédit, de cinq nouvelles de Thomas Day, liées par un thème commun : les violences faites aux femmes.

Après une préface, enlevée mais dispensable, de Catherine Dufour, le recueil s'ouvre sur La ville féminicide, histoire basée sur les innombrables meurtres et disparitions de femmes non élucidés dans la ville de Juarez au Mexique. J'avais beaucoup apprécié cette nouvelle dans le recueil Utopiales 2010, qu'on m'autorise à reprendre ici mon paragraphe de l'époque car mon sentiment sur ce texte n'a pas changé : "Dur, violent, gore, Day compose un récit d'une noirceur absolue, donne une explication originale à l'affaire, sans oublier de décrire en détail la misère, la corruption, et la violence de la cité-frontière. Il montre une fois encore qu'il est sans doute le plus couillu des auteurs français."

Eros-center est à mon sens la meilleure nouvelle du recueil et de loin. Fantastique sans dogmatisme, elle décrit la réalité sordide de la prostitution africaine en Europe (mélange d'acceptation passive, de contrainte active, d'obligation, de remords, de "magie"), à travers les regards de personnages non seulement crédibles mais encore attachants, voire aimables, dans la naïveté et la pureté de leurs espoirs. La dureté impitoyable du monde met ceux-ci à rude épreuve, même si finalement... Même sa présentation en fragments non contigus illustre l'idée selon laquelle la vérité avec un grand V n'est jamais linéaire, simple, évidente, et qu'on ne nait pas pute, on le devient.

Tu ne la laisseras point vivre est un bon texte fantastique. Intrigant, inquiétant, il tire le lecteur qui veut comprendre et, sur le plan stylistique, décrit l'isolement dans un coin perdu du Groenland avec une économie de moyens méritoire. Quelques phrases suffisent, le lecteur n'a pas besoin d'autres détails ; il voit le cadre et la vie que Cassandra s'est choisie. Il comprend aussi sa malédiction, son espoir de rédemption, et la difficulté de celle-ci. Ils se surprend à espérer qu'elle réussisse, sans bien voir comment. Seule la fin m'a déçu, car j'ai trouvé les ressorts psychologiques de ce qui s'y passe difficilement crédibles.

Nous sommes les violeurs traite du viol comme arme de guerre, considéré comme crime contre l'humanité depuis 2008, notamment par la CPI. Dans un Afghanistan futur, la guerre contre le narcotrafic, menée par des mercenaires d'Etat, utilise le viol comme arme d'éradication des familles narcos. Après les faits, et une amnistie, les acteurs de l'époque sont entendus par une commission mémorielle. Contourné, le texte interroge. Un machiavélien tel que votre serviteur aura tendance à considérer que tout moyen est bon s'il est efficace, et qu'entre deux maux il faut choisir le moindre, mais ce n'est sûrement pas ce qu'a voulu dire Day. Alors ? Gross malheur la guerre ? Et compliquée ? Je n'en doute pas.

Poings de suture. Alors là, bof ! rien à dire sur ce court et très dispensable texte.

Au final, trois très bons textes sur cinq, et même les deux derniers ne me sont pas tombés des mains (euh, le dernier, si). "Women in chains" est un recueil recommendable.

Women in chains, recueil, Thomas Day

L'avis d'Efelle

L'avis de Cachou

L'avis de Cédric Jeanneret

Commentaires

Efelle a dit…
On se rejoint dans l'ensemble.
Blop a dit…
Ton titre est en hébreu, que signifie-t-il ?
Gromovar a dit…
"Béni sois–tu Dieu, de ne pas m'avoir fait femme"

Une vieille prière juive.

La domination masculine s'explique en grande partie par le fait qu'historiquement les femmes sont des ressources productives socialement vitales au même titre que des lopins de terre ou des têtes de bétail.
Blop a dit…
Ah, merci. J'avais pas compris "asani" et "isha". En tout cas, joli titre pour ce billet.
Je suppose que je devrais être reconnaissante du fait de ne pas (plus ?) être considérée comme une ressource productive socialement vitale, mais j'avoue que ça m'arrache un peu la gueule de le dire. Un thème difficile, de toute façon.