The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Much ado...



"Ad Noctum", titre prophétique, malheureusement.
Premier ouvrage publié du duo Lamarque et Portrait, "Ad Noctum" se passe dans un futur indéterminé, dans un monde ravagé par des bouleversements climatiques (sans doute, difficile à dire) et une longue guerre entre les USA et la Chine, ainsi que sur quelques autres planètes peu détaillées. Ilots de prospérité dans un monde devenu hostile, des villes-domes rassemblent la partie favorisée de l’humanité, servie (ou asservie) par une mégacorporation de la génétique, Génikor, qui vend de tout, du super soldat hybride aux traitements de réjuvénation en passant par les clones de plaisir, et qui est assez riche pour organiser le monde à sa guise . Ad Noctum" raconte les actions de Geninkor et ses interactions avec le monde réel. Sur le papier, c’est appétissant.

Deux mots sur la construction du récit. "Ad Noctum" est constitué d’un ensemble de nouvelles interconnectées qui dressent un portrait kaléidoscopique du monde. Pas déplaisant sur le fond, ça permet de balayer beaucoup de lieux et de situations (comme les fragments de rose en hologramme de Gibson, quand c’est bien fait), mais pas spécialement nouveau contrairement à ce que je lis ici et là (pour ne prendre qu’un exemple très récent, l'excellent Wastburg de Cédric Ferrand est construit de la même manière).

Sur les récits eux-mêmes maintenant. "Ad Noctum" commence très bien par deux histoires concernant la guerre contre la Chine. La première est un remake de Rambo à la mode OGM qui pointe le travail néfaste des spin doctor et story doctor qui font de la politique (et de la guerre qui en est l’ultima ratio) un spectacle mensonger destiné à manipuler l’opinion. Du Régis Debray de « L’Etat séducteur » aux couveuses de Koweit City, les exemples abondent. Les auteurs parviennent même à y mettre de l'humour. La deuxième est une histoire poignante sur l’impossible retour à la vie civile et les pertes psychiques de guerre. Ici plus d'humour, les histoires de mort finissent mal en général.
Puis, vient une histoire de clone sex toy sans grand intérêt, avec œilleton dans le mur (!), manque d'amour, et voyeurisme un peu stérile. Un long ennui.
Petite visite ailleurs pour une chasse à la chimère avec la société Zaroff Aventures. Une histoire qui manque d’une véritable progression et d'une tension dramatique pour être passionnante. Telle que, elle est un peu plate et n’excite jamais. Dommage. Elle aurait pu.
"Le cri de la chair" est une histoire d’amour sans sexe après celle de sexe sans amour. Elle aurait pu donner un développement intéressant si elle n’avait pas été traitée sur le mode du vaudeville. L’ennui continue.
Puis une histoire de réenveloppement (si j’ai bien compris) à laquelle je n’ai pas compris grand chose si ce n’est que c’est une vengeance. Mouarf !
"Le dernier continent" émascule encore une idée intéressante sur les trafics d’êtres humains. Elle n’échappe pas, de plus, au point Godwin tant est vrai qu’est encore fécond, etc.
"100 états d’âme" est une nouvelle sur la mémoire et sa manipulation. Plutôt réussie dans sa construction, même si depuis Total Recall, ce concept n’est guère original.
Enfin, last but not least, une longue nouvelle dans une arcologie verticale à la "Monade Urbaine" qui oppose la volonté prométhéenne des hommes au désir de maternité des femmes. Véhiculant tous les clichés les plus éculés sur le sujet, mythifiant la grossesse, suggérant un accouchement dans l’eau de mer comme dans les meilleurs délires des partisans de la maternité des Lilas, on a envie de dire aux auteurs de respirer un bon coup et d’aller lire Elisabeth Badinter.

"Ad Noctum" prouve que de bons concepts ne suffisent pas à faire de bonnes histoires. Par de mauvais choix d’illustrations (notamment une vision trop "petit bout de la lorgnette" qui empêche d'une part d'avoir une vision d'ensemble de la situation, d'autre part de s'attacher à des personnages qui passent trop vite), un flou spatio-temporel qui est pénible à la longue, et un style écrit, fait d’une succession interminable de phrases courtes qui donne une impression de litanie par moments, les auteurs gâchent leurs idées pourtant intéressantes. J’espère qu’ils sauront retrouver le niveau d’enjeux qui est celui des deux premières nouvelles, mais la prochaine fois, je m’en assurerai avant.
Ad Noctum, Ludovic Lamarque et Pierre Portrait

Commentaires

Efelle a dit…
Bof, bof donc...
Gromovar a dit…
Bof, bof, bof, même.
Xapur a dit…
Ouch, dommage...