The Deviant Book One - Tynion - Hixson

Noël 1973. Quelqu'un à Milwaukee a été un très vilain garçon. Un tueur habillé en Père Noël a assassiné et profané les « elfes » du grand magasin local, des adolescents déguisés recrutés pour les fêtes et retrouvés martyrisés. Découvert dans son antre par la police du coin, le Père Noël sanglant a le temps de blesser très gravement au visage l'un des agents lancés à ses trousses avant de prendre la fuite dans la nuit enneigée. Assez vite on soupçonne Randall Olsen, un employé du même grand magasin dont on découvre qu'il a photographié à leur insu les victimes sous la douche. A cet élément de preuve objectif s'en ajoute un autre qui l'est beaucoup moins, Randall Olsen est homosexuel. Déviant, dans la perception de l'époque, déviant donc coupable – si ce n'est toi c'est donc ton frère. Olsen est arrêté et condamné à la prison à vie. Cinquante ans plus tard, un jeune homme de Chicago, auteur de comics en recherche d'identité artistique, commence des rec...

Hidden in plain sight


"Le scarabée d'or" est la magnifique adaptation BD d'une excellente nouvelle d'Edgar Poe. Delcourt Ex-Libris pour la collection (qui avait déjà fournie entre autre une vison graphique de La colonie pénitentiaire de Kafka), Corbeyran au scénario et Marcel aux crayons. Le duo qui avait fait merveille avec Le Malvoulant revient pour une nouvelle réussite.
L'adaptation fidèle du récit que livre Corbeyran fait la part belle au texte précieux du XIXème siècle ; c'est superbement narré, dans le style de l'époque, jamais surpassé depuis. L'histoire, inquiétante à souhait, mêle sans vergogne un scarabée mystérieux, sans doute magique, des pirates du bayou, un bourgeois déchu, un qui ne l'est pas, et un vieil esclave noir. La fortune, et le retour dans le monde qui l'accompagne, sera-t-elle au bout de l'aventure ? Il faudra lire pour le savoir. Comme dans "Double assassinat dans la Rue Morgue", Poe brouille les pistes et embrouille son lecteur, comme dans "La lettre volée", il cache ce qu'il veut dissimuler en pleine vue, non seulement du héros berné de la nouvelle, mais ici même du lecteur (heureux celui qui lira la BD sans avoir jamais lu la nouvelle). Il donne aussi un cours magistral de cryptographie, science intrigante entre toutes, qu'il fit connaitre au grand public, à l'époque, par l'entremise de cette nouvelle.
Le dessin de Marcel illustre parfaitement le récit. D'un réalisme déformé qui évoque le fantastique comme déformation subtile de la réalité, il met le lecteur dans l'émotion de l'histoire étrange racontée par le narrateur. Bayou brumeux, forêt inextricable, cartes et parchemins se donnent à voir dans leur étrangeté. Les couleurs (du même) apportent la touche manquante d'immersion, et on admire le halo des lanternes, la chaleur d'une pièce faiblement éclairée par un feu, la couleur glauque du marais, ou le brillant irrésistible de l'or.
Une belle réussite.
Le scarabée d'or, Corbeyran, Marcel

Commentaires

arutha a dit…
Les histoires extraordinaires de Poe sont un de mes souvenirs les plus forts de mes lectures de jeunesse (traduits par Baudelaire qui plus est) Cette BD m'intéresse.
Gromovar a dit…
Je te la conseille vivement.
Anonyme a dit…
Merci Gromovar pour cette fort sympathique chronique :))
Paul.
Anonyme a dit…
Bigre, je viens de voir que j'ai mis pour ainsi dire le même commentaire sur ta chronique du Malvoulant :))).
Peu importe, l'essentiel étant dit.
Amitiés.
Paul.
Gromovar a dit…
C'est toujours agréable d'avoir un retour. Ne te censure pas ;-)

Dans l'attente d'une nouvelle occasion d'écrire une nouvelle chronique. J'ai une vraie affection pour ton graphisme.
Anonyme a dit…
ça me va droit au coeur!
Au plaisir de te croiser, qui sait un jour ,sur un festi ou en librairie :)).
Paul.