Masha la sans utérus - Raphael Eymery

Je suis surchargé de travail, lecteur. Résultat : des lectures et des chroniques en retard et peu de temps pour rattraper. Alors chroniques courtes, faisons ce qu'on peut dans le temps qu'on a ; as Chaucer said, time and tide wait for no man. Après le décadantiste Pornarina , Raphaël Eymery revient avec Masha la sans-utérus , un roman très noir, réservé par l'éditeur aux adultes. Europe contemporaine. Masha la sans-utérus raconte l'histoire de deux vieux amis. Vieux car se connaissant depuis très longtemps, vieux car tout simplement âgés. Le premier, dont on peut penser un temps qu'il est le personnage principal, se nomme Augustin. Comme ce saint et penseur chrétien qui, après une jeunesse de débauche, devint un ascète de la pire espèce. Comme cet homme qui avait pris le sexe en telle horreur qu’il écrivit «  je suis né dans l'iniquité, et ma mère m'a conçu dans le péché » ainsi que l'inénarrable « c'est entre fèces et urine que nous naissons » . ...

Break on Through


L'anthologie officielle des "Utopiales 2010" est un moyen agréable de se souvenir des Utopiales (à fortiori quand on n'y est pas allé). Elle m'a paru, de plus, supérieure à la version 2009.

Préface de Pierre Bordage pour démarrer, et préciser le thème de l'année, les Frontières. Puis huit textes globalement satisfaisants, avec des nuances que je vais développer maintenant.

Miroirs du ciel, de Vincent Gessler, est une nouvelle très bien écrite. Dans un monde qui rappelle un peu Dune, elle met en contact un inspecteur interplanétaire et la tribu d'autochtone. Passer la frontière entre leurs mondes va nécessiter beaucoup de temps, d'efforts, d'investissement personnel. Je ne sais pas si c'était le but mais j'ai trouvé que c'était l'un des plus beaux et virulents plaidoyers que je connaisse contre le tourisme, meme éthique. Ce texte m'a fait une bien meilleure impression que Cygnis, du même.

La chose, de Peter Watts, est une réflexion pertinente sur les concepts de vie, d'identité, d'intelligence. Watts maitrise toujours aussi bien ce type de problématique et il donne, à chaque fois, matière à penser. Accessoirement, ça m'a permis de comprendre enfin la logique interne du film de John Carpenter, et ça aussi c'est magnifique.

La fête de la comète, de Juan Miguel Aguilera. Texte fantasticouille avec univers parallèles et embranchement dans l'Histoire (un peu à la Spération de Priest). On y croisera les membres du Bauhaus, et des pratiquants de Mensur, duel martial universitaire prussien complètement inconnu en France (et dont je m'étonne qu'un espagnol le connaisse ;-) On y apprend que les nazis sont bien méchants, que les allemands sont vraiment un peuple amoureux du sang, et que répondre à la violence par la violence ne conduit qu'à plus de violence. De la bonne discussion de bistrot.

Reviens, Carol, de Larry Niven, prouve si besoin en était le génie des vieux auteurs américains. Récit drôle, enlevé, léger, presque ubuesque dans son absence d'explication, il devient hard-sf lorsqu'il prouve de manière percutante que la téléportation n'annule pas les lois connus de la physique.

Le vieux cosmonaute et l'ouvrier du bâtiment rêvent de Mars, de Iain McDonald, montre comment la vision romantique russe de la conquête spatiale aurait coulé dans les eaux glacées du calcul égoïste quand l'Ouest aurait repris les choses en main. Bien vu, mais que de mots pour le dire.

La ville féminicide, de Thomas Day, romance l'histoire des Disparues de Juarez. Dur, violent, gore, Day compose un récit d'une noirceur absolue, donne une explication originale à l'affaire, sans oublier de décrire en détail la misère, la corruption, et la violence de la cité-frontière. Il montre une fois encore qu'il est sans doute le plus couillu des auteurs français.

Le chasseur de jaguar, de Lucius Shepard, est tellement prévisible et convenu que ça fait pitié. On a connu le grand Lucius bien plus inspiré.

Les rivages extrêmes de la mer intérieure, de Justine Niogret, est un texte qui commence bien, par une description claustrophobique, un "mystère", et l'ébauche d'un système social, puis se perd dans la banalité. Dommage pour une jolie plume.

Au final ce recueil constitue une lecture agréable à qui il n'y a aucun grand reproche à faire.

Utopiales 2010, anthologie

L'avis du Traqueur Stellaire

Lu de conserve avec Efelle et Lhisbei.

Et parce que Lhisbei a écrit :"Et parce que la nouvelle de Ian McDonald nous parle de Mars, celle de Vincent Gessler nous emmène sur une exo-planète et que celle de Justine Niogret est pour moi du post-apo, j'appose solennellement une guirlande de logos", je fais de même.

Challenge Fins du monde
Challenge Summer Star WarsV
Défi martien

Commentaires

Guillaume44 a dit…
D'accord avec ton avis, ma chronique :

http://www.traqueur-stellaire.net/2010/11/utopiales-2010-anthologie/

Pour Aguilera, je ne suis pas tant que ça étonné qu'un espagnol connaisse mieux les mœurs prussiennes, en raison du passé en partie commun des deux anciennes contrées ;)
Gromovar a dit…
Voila ce que vous devriez faire un peu à la fac de Nantes pour vous viriliser ;-)
Efelle a dit…
On se retrouve sauf pour le Shepard que j'ai apprécié.
Gromovar a dit…
Il sait faire tellement mieux.
Guillaume44 a dit…
@ gromovar : on boit déjà, on ne s'embroche pas, inutile de gaspiller son sang surtout s'il est chargé en alcool, ce serait gâcher.
Lhisbei a dit…
Pour le texte de Shepard il faut avouer que, quand on a rien lu de lui (ce qui est mon cas), il constitue une belle découverte et une "sacrée" invitation à poursuivre l'exploration de l'œuvre de l'auteur.
Gromovar a dit…
@ Lhisbei : Procure-toi le recueil Aztecs. Tu devrais adorer.
Lhisbei a dit…
C'est ce que je me dis aussi. en plus il est sorti en poche ...
Tigger Lilly a dit…
Pas ma préférée non plus, chasseur de jaguars. Mais il est vrai que ça donne envie de découvrir l'univers de l'auteur.