Le mensonge suffit - Christopher Bouix

* AVANT-PREMIERE : SORTIE EN AVRIL, UNE REDIFFUSION AURA LIEU * France, futur proche. Ethan Chanseuil est marié et père de trois enfants. Il est au chômage depuis trois ans. Il est référencé comme citoyen-utilisateur numéro 620.519.367-78. Sa valeur nette d’existence est estimée à 53611 crédits. Pas fameux ! Ce soir il est conduit ligoté, bâillonné, cagoulé sur une scène inconnue. Face à lui se trouve Milo, une IA incarnée dans un corps humanoïde. Des centaines de millions de métaspectateurices les observent virtuellement à travers leurs yeux connectés. Le spectacle – car c'en est un – va durer deux heures, deux heures à l'issue desquelles les spectateurs virtuels devront voter pour ou contre la culpabilité d'Ethan dans le meurtre de son beau-père. L'article L111-1 du Code de l’organisation judiciaire dispose que « Les juridictions judiciaires rendent leurs décisions au nom du peuple français » . Christopher Bouix pousse la chose à son extrême en transformant l'aud...

Car nous sommes nombreux...


Les Humanoïdes Associés sortent l'intégrale de la série de Fabien Nury "Je suis Légion", sous le titre "I am legion", au format comic et pour le prix très modeste de 13€95. Grande idée.
Loin des tartes à la crème récurrentes des méchants nazis cherchant une méchante arme magique pour gagner la guerre (qu'a popularisées en son temps Indiana Jones), Nury crée une histoire de guerre riche, violente, et tortueuse. Dans "I am legion", le marais des services secrets est agité de violents courants. En 1942 l'issue de la guerre est encore incertaine, et de grandes manœuvres opposent services anglais et allemands, mais aussi, au sein même du IIIème Reich, renseignements militaires (l'Abwehr, dirigée par l'Amiral Canaris, personnage courageux exécuté pour avoir tenté d'assassiner Hitler) et le SD SS (représenté dans la BD par un personnage rappelant furieusement Reinhard Heydrich). Nury promène le lecteur dans ce marigot sous le couvert d'une enquête des services secrets britanniques qui cherchent à comprendre pourquoi et comment l'un des hommes les plus riches de l'empire s'est suicidé. Pendant que l'enquête se déroule, les acteurs cachés, en Angleterre, en Roumanie, et au Portugal, avancent leurs propres agendas et la prise du vulgus pecum sur les évènements est mince. Les agents seront confrontés à des évènements de nature fantastique, mettront à jour un complot international, et en apprendront beaucoup sur le dessous des cartes. Il seront spectateurs plus qu'acteurs d'une lutte séculaire dans laquelle ils ne pourront faire mieux qu'être les grains de sable qui enraient un peu la machine.
Ce n'est pas de l'uchronie, comme dans le très bon Block 109, mais de l'Histoire Secrète à son meilleur, Nury mélangeant habilement faits historiques et oeuvre d'imagination. D'où l'intérêt d'avoir les deux albums pour multiplier les plaisirs.
Le graphisme de John Cassaday illustre à merveille le scénario, avec une approche cinématographique dynamique et vive qui rappelle Inglorious Bastards (mais la BD a précédé le film). Tortures, combats, explosions, mais aussi rues pluvieuses de Londres ou boueuses de Roumanie, le dessin, toujours entre calme des actions secrètes et fureur des combats, sert le texte, comme il est servi par la colorisation parfaite de Laura Martin (qui ne se fourvoie donc pas toujours avec Warren Ellis).
A noter qu'existe maitenant une préquelle, "Les chroniques de Légion", du même Nury, mais dont les dessins, partagés entre quatre dessinateurs, ne m'ont vraiment pas convaincus.
I am legion, Nury, Cassaday, Martin

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