Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

Car nous sommes nombreux...


Les Humanoïdes Associés sortent l'intégrale de la série de Fabien Nury "Je suis Légion", sous le titre "I am legion", au format comic et pour le prix très modeste de 13€95. Grande idée.
Loin des tartes à la crème récurrentes des méchants nazis cherchant une méchante arme magique pour gagner la guerre (qu'a popularisées en son temps Indiana Jones), Nury crée une histoire de guerre riche, violente, et tortueuse. Dans "I am legion", le marais des services secrets est agité de violents courants. En 1942 l'issue de la guerre est encore incertaine, et de grandes manœuvres opposent services anglais et allemands, mais aussi, au sein même du IIIème Reich, renseignements militaires (l'Abwehr, dirigée par l'Amiral Canaris, personnage courageux exécuté pour avoir tenté d'assassiner Hitler) et le SD SS (représenté dans la BD par un personnage rappelant furieusement Reinhard Heydrich). Nury promène le lecteur dans ce marigot sous le couvert d'une enquête des services secrets britanniques qui cherchent à comprendre pourquoi et comment l'un des hommes les plus riches de l'empire s'est suicidé. Pendant que l'enquête se déroule, les acteurs cachés, en Angleterre, en Roumanie, et au Portugal, avancent leurs propres agendas et la prise du vulgus pecum sur les évènements est mince. Les agents seront confrontés à des évènements de nature fantastique, mettront à jour un complot international, et en apprendront beaucoup sur le dessous des cartes. Il seront spectateurs plus qu'acteurs d'une lutte séculaire dans laquelle ils ne pourront faire mieux qu'être les grains de sable qui enraient un peu la machine.
Ce n'est pas de l'uchronie, comme dans le très bon Block 109, mais de l'Histoire Secrète à son meilleur, Nury mélangeant habilement faits historiques et oeuvre d'imagination. D'où l'intérêt d'avoir les deux albums pour multiplier les plaisirs.
Le graphisme de John Cassaday illustre à merveille le scénario, avec une approche cinématographique dynamique et vive qui rappelle Inglorious Bastards (mais la BD a précédé le film). Tortures, combats, explosions, mais aussi rues pluvieuses de Londres ou boueuses de Roumanie, le dessin, toujours entre calme des actions secrètes et fureur des combats, sert le texte, comme il est servi par la colorisation parfaite de Laura Martin (qui ne se fourvoie donc pas toujours avec Warren Ellis).
A noter qu'existe maitenant une préquelle, "Les chroniques de Légion", du même Nury, mais dont les dessins, partagés entre quatre dessinateurs, ne m'ont vraiment pas convaincus.
I am legion, Nury, Cassaday, Martin

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