The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Shadowplay


Malko Swann (clin d'oeil à Phantom of the Paradise ?), rock star dépravée, est victime d'un terrible accident de la route en passant le pont du Diable de St-Lazare d'Aude. Il en sort miraculeusement vivant mais amputé de toute capacité d'entendre la musique. Menacé, sa vie va basculer dans le cauchemar. Dans le même temps, le commandant Vauvert et ses hommes enquêtent sur le meurtre d'une jeune fille retrouvée emballée dans du film plastique. Ces deux affaires finiront par se rejoindre.
"Le jeu de l'ombre" est le troisième roman de Sire Cédric mettant en scène le commandant Vauvert, après L'enfant des cimetières et De fièvre et de sang. On retrouve dans ce volume le mélange de fantastique et de thriller qui caractérise la série. La sauce prend toujours aussi bien, sans raccord visible. Néanmoins, dans "Le jeu de l'ombre", la balance penche moins vers le fantastique et plus vers le thriller classique (nous sommes dans du giallo). Cela pourra déconcerter les amateurs des deux premiers livres, mais rend celui-ci plus accessible imho à un public non spécialisé. Le style de Sire Cédric est toujours aussi alerte. Simple, rapide, nerveux, il tire le lecteur vers la dernière page sans échappatoire possible. Les chapitres ultra-courts rappellent le Jean-Christophe Grangé des Rivières Pourpres. On aime ou pas, mais c'est un piège irrésistible. Un court chapitre après l'autre, on lit des dizaines puis des centaines de pages sans réussir à reposer l'ouvrage. L'efficacité du "Jeu de l'ombre" est extrème. De révélations en twists, l'intérêt pour les tenants et aboutissants des affaires ne se dément jamais, et les amateurs de thrillers devraient passer un moment très agréable à tenter de démêler l'écheveau complexe de l'histoire.
Il y a néanmoins une critique négative que j'ai envie de faire avant de terminer et de conseiller le livre aux amateurs. Comme elle est très liée à qui je suis et à qui est Sire Cédric, elle n'est pas rédhibitoire en soi. J'ai trouvé le personnage du rocker torturé raté. L'auteur nous le décrit comme une diva égocentrique et corrompue qui abuse du sexe, de la drogue, de l'alcool, de son entourage. Pour connaitre le milieu, et sire Cédric le connait encore mieux que moi, son Swann est bien pusillanime. Il a d'anciennes maitresses, il tente de se saouler au Bordeaux classé (!?!), il prend une petite ligne de coke à la toute fin, et il s'est envoyé des groupies. Honnêtement je n'ai pas eu l'impression d'avoir affaire à Johnny Rotten, et pour avoir feuilleté récemment la biographie de Keith Richards, je peux dire que le pauvre Swann est loin du compte. Dans le même ordre d'idée, il parle plusieurs fois de la foule gigantesque de 4000 personnes qui assistait au concert de Swann. Foule gigantesque c'est 4 fois 50000 personnes au Long Beach Arena pour voir Iron Maiden, pas 4000. Ce personnage ne m'aurait pas choqué s'il avait été créé par une vieille écrivaine de romans policiers amatrice de thé, de chats, et de plaids. Il me choque parce qu'il a été créé par le chanteur d'Angelizer. Nous aurons peut-être l'occasion d'en parler à un salon.
Le jeu de l'ombre, Sire Cédric

PS : Au moment de l'accident, Swann écoute l'une de ses compositions intitulée Shadowplay. N'ayant pas la version de Swann, je vous offre celle-ci qui est certainement meilleure. Shadowplay, par Joy Division. Une vibration d'outre-tombe.

Commentaires

Anonyme a dit…
Bonsoir;
Je confirme ton opinion vis à vis des visions divergentes de "rock star désinhibée"; je crois que ce n'est qu'une question de point de vue. (et de style musical).
Je pense aux descriptions faites par miss PoppyZ de ces mêmes gens et qui sont assez divergentes de celles de SireCédris - a priori. Ne connaissant pas sire Cédric, je trouverais intéressant d'avoir ton avis là dessus sachant que je me deandais si son style d'écriture avoisinait le PoppyZ et le Brian Hodge (pour ne pas arreter mes lectures aux romans de ces deux auteurs mythiques et avoir la motivation de lire autre chose)

Lontaines salutations
Gromovar a dit…
C'est très différent de Poppy et de Hodges. Les personnages et les situations de Cédric sont "clean", même s'ils peuvent être gore. Pour te donner une illustration, je peux offrir un Cédric à ma mère, pas un Poppy.
Dans le cas de Poppy je trouve qu'elle charge un peu trop la barque dans l'autre sens, mais à choisir, elle me parait plus proche de la réalité.
Je dirais que Hodges a trouvé le dosage idéal qui fait vrai sans faire surjoué.
Après que cherchent les lecteurs ? Une description de la réalité ou une confirmation de leurs préjugés ?

Pourquoi lointaines, les salutations ?
Anonyme a dit…
Me souvenant pas vraiment de ce que j'ai voulu exprimer par des salutations "lointaines" (je remarque que ça fait vraiment pompeux à la relecture) - je crois que je ne savais pas quoi rajouter avant mes 'salutations' qui me paraissaient décalées d'où le mot juste avant .. bref ..

Oui, en aperçu, Sire Cédric me paraissaint décrire des situations moins "en marge" : je devrais certainement essayer le test maternel de pre-lecture.
Il me semble que tu as lu les Lithurgies pour Nihilistes de Hodge qui, à mon sens me paraissent bien plus "ancrées" dans une réalité générale que Poppy, qui se focalise d'avantage sur les aspects mentaux des personnages.
(Ah, ça me revient : le "lointain" c'était parce que je n'étais pas du tout concentré dans le contexte "lecture noire")
Gromovar a dit…
D'accord avec toi. Brian Hodges me parait aussi être le plus réaliste des trois auteurs dont nous discutons. Sa description de la marge cadre bien avec ce que j'en connais.