Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

Hobbes à Fukushima


Les éditions ActuSF publient de nouveau un maître étranger, après Moorcock, avec ce "Jackpots", qui renferme quatre nouvelles de Robert Heinlein, dont une inédite en France.
Après une préface plutôt biographique d'Eric Picholle (qui m'a aimablement dédicacé le recueil, une bonne raison pour précommander chez ActuSF), le premier texte est "Sous le poids des responsabilités". Dans l'espace on est en apesanteur, sauf si on accélère. Et plus on accélère fort, plus c'est douloureux. C'est le devoir qu'Heinlein met ici en exergue, le sens du sacrifice dont font montre certains dans les situations de crise. On ne pourra s'empêcher de penser aux liquidateurs de Tchernobyl, aux ouvriers de Fukushima, ou aux marins du K-19, dont la sacrifice, en pleine guerre froide, est injustement méconnu.
"Solutions non satisfaisantes" est le gros morceau du recueil. Renseigné et visionnaire, Heinlein y décrit, quelques années avant l'heure, la terreur atomique, et y invente, bien avant tout le monde, le concept de "bombe sale". Face à la menace d'anéantissement, Heinlein ne peut imaginer qu'une solution (non satisfaisante) hobbesienne.
"La création a pris huit jours", inédit, aurait pu le rester. C'est fortéen certes, mais pas d'affect, pas d'explication, dans ce texte dont on sort comme on y est entré.
"Une année faste" parle à mon coeur économique. L'application extrémiste que fait Heinlein de la théorie des cycles et du déterminisme statistique lui permet d'écrire un texte amusant, à la fin enlevée.

Au final, un recueil plaisant, avec ce mélange de gravité "Folamour" et de légèreté "American Graffiti" qui est le propre de l'âge d'or.

Jackpots, Robert Heinlein

Commentaires

Guillaume44 a dit…
Ha, voila une chouette première chronique que je croise sur ce recueil ! Et il semble bien correspondre aux exigences que j'espérais y trouver (je suis en retard dans mes lectures d'Heinlein, la faute à la PAL).

Je rajouterais juste que le sens du devoir face à "l'atome fou" civil ou militaire mis en avant dans cette nouvelle vraiment majeure de l'œuvre d'Heinlein se retrouve aussi dans Histoire du Futur : avec « Blowups Happen » (nucléaire civil) et « The Long Watch » (où en plein putch d'officiers militaires, le dernier homme loyal joue les liquidateurs en sacrifiant sa vie pour désamorcer les ogives nucléaires entre les mains des rebelles).

Je suis d'accord avec ta citation des anonymes de Tchernobyl, Fukushima et du K-19, la liste n'est hélas pas clause. Heinlein est un auteur à relire à l'heure actuelle, en plein débat nucléaire.
Gromovar a dit…
Il faudra que je me procure ces deux nouvelles.
Efelle a dit…
Faudra que je me le prenne finalement...