The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Ceux qui marchent debout sous terre



"Le monde aveugle" est un roman post-apo publié en 1961 par Daniel Galouye. Une guerre nucléaire a eu lieu. Avant. On ne sait pas exactement quand. Des générations.
Les rares survivants, plongés dans la nuit éternelle des grottes, ont développé une ouïe et un odorat surhumains et "voient" grace à l'écho des ondes sonores, comme des dauphins. Il croient à la Lumière, qui est Dieu et qu'ils retrouveront un jour ; mais ils ignorent ce qu'elle est. Un jour (pardon, un cycle), des "monstres" attaquent la micro société souterraine. Qu'adviendra-t-il ?
Décidément je n'ai guère de chance avec les post-apo souterrains. "Le monde aveugle" a une qualité centrale qui devient rapidement un défaut. Le monde noir dans lequel vivent les survivants est original et permet à l'auteur d'imaginer divers systèmes permettant de "voir" par le son, comme les pierres à écho ou les projecteurs sonores. Il lui permet aussi de remplacer tous les mots qui évoquent la vue par des mots ou des néologismes liés à l'ouïe. Ce procédé m'a amusé trois pages environ. Il n'y a aucune figure de style que je trouve plus paresseuse intellectuellement que la métaphore filée. Et ce travail sur la description du son m'a fait un peu penser à ces films dans lesquels le plus important c'est l'effet spécial. Il y a aussi une réflexion pas inintéressante sur la religion et les mythes, mais elle reste trop superficielle pour apporter vraiment quelque chose de neuf, et elle permet encore à Galouye de céder à son mauvais penchant en créant les démons "Strontium", "Hydrogène", et "Cobalt".
Pour le reste, la société lo-tek des survivants avec grottes, torrents, gouffres, rochers, et l'histoire qui est une longue errance dans le monde souterrain, m'ont régulièrement donné l'impression d'être dans une novelisation de Rahan. Le jeune homme surdoué qui devient chef puis amoureux transi puis héros m'a semblé bien convenu. L'histoire d'amour à la "elle m'aime, non si, non ,si, non, en fait si" était complètement superflue en plus d'être globalement mièvre. La touche fantastique avec la télépathe et l'homme immortel m'a donné envie de partir à la recherche de Galouye pour le même "seek and destroy" qui m'avait mis aux trousses de Glukhovski. Le mécanisme évolutif qui permet aux survivants, en quelques générations seulement, de développer une ouïe de chauve-souris et un odorat de chien truffier est scientifiquement invraisemblable. Le happy end, peut-être indispensable au lecteur dans un monde qui craignait l'hiver nucléaire, est aussi d'une puérilité extrême avec les gentils sauveurs qui arrivent, parlent la même langue (alors que tout a été oublié), et arrangent tout (on retrouve même tous les disparus vivants, joyeux et en bonne santé).
J'aurais sûrement adoré ce livre quand j'avais 12 ans mais ce temps est passé, et aujourd'hui ce genre de littérature me navre. Heureusement c'était court.
Le monde aveugle, Daniel Galouye

L'avis du Traqueur Stellaire

Lu dans le cadre du Challenge Fins du monde de Tigger Lilly

Commentaires

Guillaume44 a dit…
Ha zut j'ai vraiment bien aimé de mon côté ! Mais c'est sûr que ce livre est très "dans son époque" avec les travers qu'une lecture actuelle peut causer.
Gromovar a dit…
Ca fait quand même beaucoup Bibliothèque Verte, tu trouves pas ?
Gromovar a dit…
Btw le biologiste en toi n'a pas été agressé par le lamarckisme sous-jacent du roman ?
Guillmot a dit…
Disons que c'est léger mais cela ne m'a pas empêché de beaucoup accrocher. Il m'en faut pas beaucoup, dès qu'on m'évoque un quelconque mythe de la caverne, je suis bon public, alors... :D

Pour leurs mutations ce n'est pas plus choquant que d'autres, les ziveurs ont juste un spectre du visible élargi dans l'infra-rouge et on a droit aux inévitables pouvoirs psy (comme d'hab). Il explique toutes ces évolutions par l'effet mutagène de la radiation et glisse que beaucoup de mutants sont rejetés pour leurs différences phénotypiques sans que l'on sache vraiment quelle mutation ils avaient développé.

Le cas le plus lamarckien serait peut-être dans l'audition des Survivants. J'y ai pensé un moment mais j'ai rejeté l'idée à cause de plusieurs détails : les perceptions auditives des survivants ont l'air plutôt liées à une très forte maitrise des sens auditives. Gayoule suggère des écholocations mais il se contredit lui-même dans ses descriptions. Il semble plutôt confondre le terme avec de simples échos (erreur de traducteur ?), comme lorsqu'on lance un caillou dans un puits pour connaître sa profondeur. Il se trahit pas mal sur la fin en faisant allusion à des règles de vie des Survivants qui montrent clairement qu'ils n'ont pas développé d'écho-location au sens biologique.

On n'est donc pas vraiment face à la Girafe qui allongea son cou par nécessité mais plutôt dans le cas du survivant devenu "ziveur" car détenteur par un heureux hasard d'une mutation non silencieuse et pratique (et ayant pu la transmettre à sa descendance par le même hasard. D'ailleurs l'allèle semble dominant).
Gromovar a dit…
@ Guillaume44 : Je te fais entière confiance pour l'aspect biologique et je m'en tiens à tes explications, même s'il me semble que tu vas un peu vite en besogne en considérant l'allèle comme dominant.

@Isidore : Cher Monsieur Ducasse, Loin de moi l'idée de noyer Galouye avec l'eau du bain. Il est peut-être symptomatique d'une époque plus simple et insouciante que le notre, mais je suis trop dans l'intranquillité de la mienne pour adhérer à son projet.

@ Tous : Je viens de lire une critique de "Lysistrata 80" sur le site d'ActuSf et je suis bien tenté par ce roman. Affaire à suivre.
Unknown a dit…
en même temps, en 50 ans la SF peut vieillir ... je sais, vous allez me dire "et Asimov ?"
Guillaume44 a dit…
@ Gromovar : ouais je vais un peu vite dans écrit car je n'ai même pas d'arbre généalogique ziveur à décortiquer (tain mais il a rien foutu le père Galouye !) mais comme Della, née d'un ziveur et d'une survivante, est ziveuse, elle est très probablement hétérozygote pour ce caractère, cela m'a mis la puce à l'oreille.