The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Au delà du désert glacé


En 1927, Lovecraft rédigeait “La quête onirique de Kadath l’inconnue”. Dans cette longue novella jamais publiée de son vivant, il narrait les aventures du rêveur Randolph Carter à la recherche de la cité mythique. Traversant les Contrées du rêve, Carter vécut maintes péripéties, dangereuses et merveilleuses, avant de finir par l’atteindre. Prétexte à une visite détaillée des territoires oniriques, la quête de Kadath nous en apprend finalement assez peu sur la cité mythique où les dieux vivent dans le Chateau d’Onyx. Des rumeurs, quelques coups d’oeil, quelques lieux, c’est tout ; à la fin de la novella, Kadath est toujours largement cachée aux yeux du lecteur. Par chance, l’être mystérieux connu seulement comme l’Innomé a compilé récits, faits, lore, sur la cité des dieux. Il en a tiré un guide qui est aujourd’hui à la disposition des aspirants rêveurs.
Le guide de la cité inconnue” est un beau livre. Sous une couverture glacée présentant une vue aérienne de la ville surplombée (écrasée ?) par le Chateau d’Onyx, se dissimulent les nombreux feuillets du guide. Non-euclidien, cet ouvrage peut être lu de deux manières. Il est possible de lire les récits entremélés des quatre visiteurs de la ville, come un patchwork d’impressions, ou de lire chaque récit indépendamment, comme une succession de nouvelles ; le choix est laissé au lecteur.
J'ai choisi de suivre la voie indiquée par l'Innomé et de m'approcher du centre de Kadath à la suite simultanée des quatre rêveurs. Ces rêveurs, ces guides du lecteur effaré par tant d'étrangeté, qui sont-ils ? Tout d'abord l'Innomé, archiviste chargé de la rédaction du guide, qui s'enfonce de plus en plus profondément dans le rêve jusqu'à perdre son assise dans la réalité. Vient ensuite Soeur Aliénor, la Mère Eternelle, La Toujours Féconde, prise par un dieu et qui portera un enfant divin pendant des siècles dans son ventre. Abd Al Azrad, le Saigneur, est le troisième rêveur. Compagnon du Kitab vivant, il arrive en Kadath aux prix d'énormes efforts en y apportant le chaos. Enfin, HP Lovecraft lui-même, visitant en personne la cité qu'il a créé et s'y rencontrant dans un effet de ruban de Moebius tout à fait réussi. Il ne faut évidemment pas oublier Auguste Philistin, peintre et voyageur de passage dans la ville, qui pare le guide de nombreuses et magnifiques illustrations, tentant de faire appréhender au lecteur la complexité merveilleuse de Kadath.
Etant du nombre de ceux qui ont rêvé très fort à la lecture des aventures de Randolph Carter, j'ai retrouvé dans "Le guide de la cité inconnue" le merveilleux, l'étrangeté absolue de l'oeuvre onirique de Lovecraft. Le guide m'a ramené des années en arrière quand j'arpentais les Contrées du rêve en compagnie de Randolph Carter. Le plateau de Leng, les bateaux volants, les bêtes de Lune, les Shantaks, les Maigres Bêtes de la Nuit, le mont Ngranek (surtout le mont Ngranek, peut-être la plus belle invention d'HPL), Inquanok, Kuranes, etc... Tout m'est revenu. Je me suis senti...bien. Comme rentré chez moi.
Puis, grâce à l'Innomé, j'ai visité Kadath ; Carter ne m'y avait pas convié. Grâce à Soeur Aliénor, à Al Azrad, à HPL, j'ai parcouru ses diverses éminences, ses lieux emblématiques, ses tavernes et ses temples ; j'ai rencontré certains de ses habitants, parcouru carrières et souterrains, arpenté son port, cotoyé les hiérophantes. J'ai vu Kadath. Et Kadath seule est plus belle, mystérieuse, et étrange que toutes la contrée environnante. Kadath est une ville pour laquelle il est raisonnable de mourir, plusieurs fois, comme le fait Al Azrad.
Les éminences des rêveurs encadrent la ville. Le Chateau d'Onyx lui sert d'axe. Les temples sont innombrables. Des dieux amnésiques peuplent la ville, oublieux de leur puissance. Tout ce qui existe dans l'univers arrive à Kadath, dons aux dieux, distribués à la ville. Eternellement changeante, éthérée et incertaine, la cité est modelée par les rêves. Elle est superbe et terrifiante, comme le sont les rêves.
Je ne regrette pas mon voyage, et j'attends avec impatience de pouvoir rejoindre les autres rêveurs, et de "créer" ma propre éminence pour m'y installer. J'invite aussi tous les rêveurs de la Terre à m'y rejoindre le plus rapidement possible.
Le guide de la cité inconnue, Kadath, Nicolas Fructus, Raphaël Granier de Cassagnac, Mélanie Fazi, Laurent Poujois, David Camus

Commentaires

Efelle a dit…
Jolie chronique mais malheureusement mon budget à ses limites... :(
Gromovar a dit…
Salopard de budget :-(
Isil a dit…
Je n'ai malheureusement pas tout à fait assez rêvé avec La quête onirique de Kadath l'inconnue pour me laisser aller à la dépense mais je trouve l'ouvrage magnifique. Avant d'être obligée de demander l'asile politique dans une contrée lointaine, je précise que j'ai quand même assez apprécié pour avoir envie de lire encore du Lovecraft.
Gromovar a dit…
Lis "Les montagnes hallucinées". Tu seras proche de la quintessence :-)
Isil a dit…
Bien monsieur le spécialiste! Et ça tombe bien, je l'ai en stock. J'ai aussi le Mythe de Ctulhu et l'Affaire Charles Dexter Ward en réserve.
Guillaume44 a dit…
L'expo de Sèvres donnait bien envie de se le procurer !
BiblioMan(u) a dit…
J'ai beaucoup de mal avec Lovecraft mais je persévère toujours. Je viens d'empruntet "Les montagnes hallucinées" chez Libellus qui m'a l'air de faire un sacré boulot au niveau du livre audio (illustration, ambiance musicale... tout a l'air bien mené). Je verrai bien. Il m'en restera encore à tenter si ça ne fait pas l'affaire.
Gromovar a dit…
Les montagnes hallucinées. Les rats dans les murs. L'affaire Charles Dexter Ward. Dans l'abime du temps. L'abomination de Dunwich.

Voila quelques indispensables pour faire un tour de l'oeuvre du maitre de Providence.
Munin a dit…
Et la nouvelle trad ? Elle mérite le détour ? La critique du cafard donne pas trop envie. Je pense pour le moment rester avec mon intégrale Bouquins en 3 tomes.
Gromovar a dit…
Même problème que toi. Nebal m'a carrément refroidi.
Concernant Kadath il est vrai que, comme il le dit, le texte sur HPL, écrit par le traducteur en question, est le plus plat stylistiquement. Donc j'ai plutôt tendance à lui faire confiance pour la nouvelle trad aussi.
Tigger Lilly a dit…
Ils donnent envie ces bouquins. J'avais zyueté Abyme quand il est sorti, et pourtant je connaissais pas du tout l'univers. C'est un peu pareil pour celui-là.
Gromovar a dit…
Il est booooooooo
Unknown a dit…
Merci Gromovar ! On attend plus que toi pour fêter Noël à Kadath !

L'Innomé.

PS : pour ceux qui n'ont pas le budget, j'espère que Noël vous aidera.

PPS : la retraduction est sans commune mesure avec la précédente (dans les Bouquins, vous aurez remarqué que les compilateurs regrettent de ne pas avoir eu le droit de re-traduire, à l'époque).
Gromovar a dit…
Je prends ma clef d'agent et j'arrive. J'espère qu'il y aura du poulpe.