The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Sors de ce corps, mémé !


"Le syndrome (E)", dernier roman publié de Franck Thilliez est un vrai page turner. Toute la presse le dit, je confirme. Saisi par l'intrigue, et bien aidé en cela par une succession de chapitres ultra courts, on tourne les pages à grande vitesse pour savoir. Savoir le fin mot de l'histoire à la fin du roman bien sûr, mais surtout avoir, toujours dans peu de pages, la réponse à la question qui se pose sur celle-ci. La récompense suit toujours de très peu l'effort de lecture. Le procédé fonctionne, il n'en est pas moins artificiel et plus proche de la prestidigitation que de la vraie magie.
J'ai pourtant pris plaisir à la lecture du "Syndrome (E)". C'est un policier efficace pour les raisons que j'ai dites au-dessus, et j'ai une bonne opinion de Fanck Thilliez depuis la lecture de ses deux premiers romans "Train d'enfer pour ange rouge" (sic !) et "Deuils de miel", gores et tortueux, j'ai donc lu son dernier livre avec un a priori positif.
Alors quoi ?
Comment dire ? Le plaisir ressenti en lisant "Le syndrome (E)" a été pour moi un plaisir coupable et un peu honteux. En effet l'auteur utilise quantité de grosses ficelles, et j'ai été navré de m'y laisser consciemment prendre.
J'ai déjà parlé des chapitres courts, n'y revenons pas.
Second point, le roman est un crossover. En BD ou dans les séries TV on nomme ainsi un épisode dans lequel se rencontrent les protagonistes de deux séries différentes. Ici Franck Sharko et Lucie Hennebelle (héros des précédents romans de Thilliez) se rencontrent, travaillent ensemble, et bien plus car affinités. Je peux imaginer sans peine la masse du courrier des lecteurs ayant suggéré à l'auteur d'unir ces "deux anti-héros brisés par la vie et qui méritent bien un peu de bonheur" (re-sic !).
Troisième point, le roman est basé sur des faits réels autour duquel l'auteur brode. Outre le fait regrettable d'ajouter une pierre supplémentaire à l'édifice conspirationniste, je n'ai jamais compris ce qu'apportait ce procédé. Une histoire n'est ni meilleure ni plus efficace parce qu'elle s'inspire de faits réels. En revanche elle peut alors donner lieu chez le lecteur à un ahurissement sur le thème de "Mon Dieu quelle horreur, dans quel monde on vit" ou "on nous dit rien, on nous cache tout". A fortiori dans ce cas précis, le récit est écrit au point d'exclamation. Je m'explique. Les enquêteurs découvrent au fur et à mesure les agissements pas très nets de diverses officines. Et ils sont, bien sûr (comment pourrait-il en être autrement n'est ce pas ?) choqués, bouleversés, horrifiés, j'en passe et des meilleures. Et ils le sont de manière très démonstratives. On a l'impression d'un sous-titrage.
Quatrième point, sur le plan narratif on oscille entre les chapitres très courts dont j'ai parlé et de longues phases d'explication et de récapitulation qui laisse penser que l'auteur n'est pas convaincu de la capacité de ses lecteurs à rassembler les morceaux.
Cinquième point, un peu d'exotisme. L'Egypte, le Québec, le Novotel de Marseille (pourquoi ?). L'Egypte bien sûr où les enfants sont beaux sous leur crasse et où la vérité, faute d'être ailleurs, se cache près des tas d'ordures.
Sixième point, le langage de Franck Thilliez est vieux. Je ne sais pas si c'est volontaire, pour cibler un public, ou si c'est naturel mais, à intervalles réguliers, on lit des choses aussi drolatiques que "Dire Straits, ça déménage". Penser que Dire Straits "déménage" n'est déjà pas un signe d'avant-gardisme, mais employer le mot "déménage" est un signe très clair d'arrière-gardisme.
Le roman de Thilliez est construit, comme tout roman. Mais l'auteur a ici oublié d'enlever les échafaudages. On les voit, et l'effet n'est pas particulièrement esthétique. Et comme si ça ne suffisait pas, j'ai vraiment eu l'impression qu'il écrivait pour ma grand-mère. Entre le langage, les mots croisés du héros, le personnage de la mère de l'héroïne qui essaie de lui mettre un peu de "plomb dans la tête", l'histoire d'amour, la virée en Egypte, le dévoilement d'un complot historique qui va permettre de briller par son érudition au club de bridge ou du troisième age, l'affadissement du gore, etc., j'ai sans cesse eu l'impression qu'il me manquait quarante ans pour être dans le coeur de cible (car clairement ce roman a été écrit avec Le Souci du lecteur final) .
Impression très mitigée donc, et je pense que j'en resterai là pour le moment.
Le syndrome (E), Franck Thilliez

Commentaires

arutha a dit…
On dira qu'on essaiera donc en priorité les autres romans du monsieur. Hein, on fait comme ça ?
Gromovar a dit…
Voui. Bien mieux les autres.
BiblioMan(u) a dit…
Bon. Je préfère rester sur mon impression très positive de la "Forêt des ombres", véritable moment d'ambiance sombre où le décor ne semble pas en carton-pâte.
Gromovar a dit…
Pas lu celui-là.
Unknown a dit…
Et bien comme tu as pu le voir, j'ai apprécié cette lecture :)
Gromovar a dit…
Les coups et les douleurs ... ;-)