La Chanson du zombie - Harlan Ellison

Et bien, clairement, si Harlan Ellison ( le gars ci-dessous avec l'exquise veste safran) était toujours vivant j'adorerais être pote avec lui. Surtout que dans ce volume, il a écrit avec des potes. Je ne peux en dire plus, mais ça viendra. Rien de plus. Sinon voici ce qui m'attend :

Retour mortel au XIXème


"One second after" de William R. Forstchen est un roman récent que j'ai envie de défendre ici.
L'auteur est un professeur d'histoire et romancier, spécialiste des questions militaires. "One second after" est un roman écrit dans un but politique, inciter le gouvernement américain a prendre des mesures de précautions en cas d'attaque EMP. Comme tel il est parfois très (trop) didactique. Il est de plus préfacé par Newt Gingrich, ancien speaker républicain de la Chambre, ce qui n'est pas la meilleure carte de visite pour un public français. De surcroit, il est cité et critiqué sur quantité de sites survivalistes américains, ce qui pourrait laisser penser qu'il défend les mêmes thèses alors que c'est précisément le contraire. Contre le chacun pour soi survivaliste, la thèse de Forstchen est que la survie ne peut passer que par le maintien d'une organisation sociale cohérente. Enfin, le récit est émaillé de moments très américains, très patriotiques, très chrétiens. Je ne suis ni américain, ni nationaliste, ni chrétien, mais ces moments m'ont fait sourire plus qu'ils ne m'ont gênés. J'ai considéré qu'ils faisaient partie d'un folklore, qui n'est pas le mien mais que je peux subir sans défaillir.
Nonobstant les points faibles sus-cités, "One second after" est à mon sens un bon roman post-apocalyptique. Il y a plusieurs raisons à ça. Tout d'abord il n'y a pas d'élément fantastique. Ce qui arrive est possible, crédible, rationnel. Nous ne sommes pas dans Le fléau, ni dans Dies the fire. Ensuite, le roman décrit la chute d'une civilisation sans recourir à une cataclysme initial mettant la société à genoux du fait de son ampleur. Nous ne sommes pas dans Lucifer's Hammer. On évite aussi les disparitions quasi instantanées et un peu incroyables à la Earth abides, et je ne parle pas des imbécillités invraisemblables à la On the beach. L'échelle de temps choisie, une année jour pour jour après l'attaque EMP, évite les déviations trop spectaculaires à la Mad Max, peu crédibles.
De fait, ce que décrit "One second after" c'est la lente agonie de la société américaine, vue à partir d'une petite ville privée, comme tout le territoire américain, de tout système électrique ou électronique après l'EMP. "One second after" est une fiction au ras du sol, comme la série Rome de HBO était un péplum au ras du sol. Comme telle elle est réaliste et crédible. Forstchen montre à quel point une société aussi intégrée que la notre, où la division du travail est très intense et le commerce international incontournable, est fragile. Le système économique moderne peut soutenir un très grand nombre de personnes avec un niveau de vie satisfaisant (dans le Nord s'entend). Mais si le système se grippe, si les transports ne fonctionnent plus, si les matériaux exotiques ou les pièces de rechange ne sont plus disponibles, si la nourriture produite à l'autre bout du pays ou du monde n'arrive plus quotidiennement, si les médicaments qui permettent à quantité de gens de simplement survivre s'épuisent, la survie devient impossible pour la majorité de la population. Dans l'année qui suit l'EMP, la ville décrite par Forstchen devient lentement une économie autarcique de bas niveau technique. Comme l'explique l'un des personnages, "nous sommes revenus au niveau technique du XIXème, mais nous n'avons plus l'organisation sociale du XIXème qui était adaptée à ce niveau technique". Entre le jour 1 et l'arrivée des secours, un an plus tard, les malades chroniques mourront, beaucoup de victimes d'accidents banaux mourront, les personnes âgées ou fragiles mourront. Beaucoup mourront aussi de privations alimentaires et quelques-uns dans une mini guerre contre une horde sauvage qui a décidé de prendre ce qu'elle ne produisait pas.
La ville de Black Mountain s'en sortira finalement un peu mieux que le reste des USA avec "seulement" 80% de décès. La cause de ce "succès" tient au maintien d'une forme simplifié de gouvernement. Un conseil se crée qui répartira au mieux les maigres ressources disponibles, appliquant des méthodes de triage et de sélection qui sont celles qu'on utilise en médecine de catastrophe par exemple. Ce conseil obtiendra un consentement tacite de la population en respectant une éthique très rigoureuse excluant tout passe-droit, et en faisant montre d'un dévouement incessant à leur mission de gestion des affaires publiques. Ils devront être prévoyants, durs parfois, cyniques aussi, obnubilés par l'intérêt général et l'optimisation des politiques. Forstchen crée ici des personnages crédibles, même s'ils ne sont pas développés outre mesure, en montrant que la tentation du passe-droit est toujours présente mais que la décence exclut d'y recourir, en montrant aussi que si ces "leaders" parviennent à se surpasser, ils n'en sont pas moins au bout de l'épuisement ; certains le paieront de leur vie. C'est à ce prix que ces naufragés resteront humains, civilisés, et qu'il perdront moins de population que les autres communautés en sachant être simultanément honorables et impitoyables.
"One second after" est un exposé de qualité, écrit par un auteur très documenté, sur les effets rapides de la perte de notre pouvoir technologique. Comme tel, il est à mon sens très réussi. De ce fait il remplit parfaitement le rôle que j'assigne au post-ap qui est de m'inquiéter en décrivant un futur possible et terrifiant, et il satisfait mon envie d'avoir des détails et des chiffres. Dans "Le fléau", Stephen King évacue le problème des gens normaux en écrivant que, dans les jours qui suivirent l'épidémie, 20% des survivants moururent d'accidents, de maladies chroniques, etc... C'est de ces gens dont parle Forstchen et je trouve que c'est une bonne idée.
Certains blogueurs ont reproché au livre d'être par moments trop "mélo". C'est une impression que je n'ai pas eu (peut-être l'histoire du doudou surveillant la la tombe). Il m'a semblé normal qu'avec un tel taux de mortalité, des proches des héros meurent. Il m'a paru normal aussi que ceux-ci n'accueillent pas ces nouvelles le sourire aux lèvres.
One second after aka Une seconde après, William R. Forstchen

L'avis de Val

Commentaires

Munin a dit…
Très beau plaidoyer, qui m'a donné envie de lire le livre. Je n'ai pourtant pas ton appétence pour le post-apo (c'est un genre que je ne connais pas, alors qu'en fait tu en critiques beaucoup, comme le montrent les liens dans ton billet).
Gromovar a dit…
Si tu peux subir les défauts, tu profiteras des qualités.

C'est beau comme du Lao-Tseu ce que je viens d'écrire.
Gromovar a dit…
He's welcome :)
Cédric Ferrand a dit…
C'est marrant, l'auteur a commencé en écrivant de la fantasy, un roman Magic, du Star Trek et du Wing Commander.

Ça doit être formateur, comme école.
Gromovar a dit…
Surtout le roman Magic j'imagine.
Efelle a dit…
Vous me faites un peu peur avec les références du monsieur, j'aurai préféré ne pas les connaitre... :D

Sinon en effet cela à l'air sympathique.

C'est pas avec ça que je vais acquérir un liseuse par contre... ;)

Sinon reconnais que les Mad Max rendent très bien au cinéma et que ça défoule à défaut d'être vraisemblable.
Gromovar a dit…
@Efelle : Ca a été publié en français comme tu peux le voir sur l'image.

C'est vrai que les Mad Max ça défoule bien. Mais one sec after est le premier livre que j'ai lu qui répond à la question "Que se passerait-il si..." d'une manière crédible.
Efelle a dit…
Le coup de la liseuse c'est pour le sujet sur les EMP. ;)
Gromovar a dit…
Ouch ! My mistake.