Classé en fantasy par l'éditeur, le dyptique des "
Immortels" réfère plutôt au fantastique historique, dans la lignée des "
Mille et une nuits". Ici point d'elfes ni de trolls. Nous sommes dans la Sumer et l'Egypte anciennes, 25 siècles avant notre ère, un monde différent du notre mais qui en contient les germes, un monde dans lequel vivent encore des mages et des créatures élémentaires.
La lutte de deux mages immortels, demi-frères différents autant qu'on peut l'être, sert de fil conducteur à une brillante aventure qui se lit d'une traite. Les lecteurs des "
Mille et une nuits" ne seront pas dépaysés, même s'il y a plus de 3000 ans d'écart entre les deux récits, et que système politique et religion sont différents. C'est le même environnement, les mêmes esclaves, les mêmes dattes, le même désert, etc... Le style de Michel Pagel aussi, à mi-chemin entre le roman et le conte, est semblable à celui narrant l'épopée apocryphe du calife Haroun Al-Rachid. C'est fluide, rapide, plaisant à lire, descriptif sans être paresseux. La Mésopotamie et l'Egypte s'offrent aux yeux du lecteur avec maints détails mais sans jamais l'épuiser. Le background est très riche mais il n'entrave jamais la narration.
Les personnages des "
Immortels" sont une bonne surprise, bien plus travaillés que ce que j'imaginais. Loin de symboliser un affrontement manichéen du bien contre le mal, ils sont complexes, riches, et ils évoluent au fil du récit. Ils portent aussi des secrets, des faiblesses, et dans un cruel univers d'intrigues où mensonge et trahison sont la règle, ils font intelligemment progresser leurs intérêts. Ils tirent l'histoire, et tous sont intéressants.
La magie est bien présente mais de manière discrète, détournée, ce qui ne l'empêche d'être une solution très efficace à nombre de problèmes. Les créatures élémentaires, de même, sont discrètement présentes, et jouent un rôle non négligeable dans l'affrontement des immortels. Les dieux enfin s'expriment par des augures et peuvent aussi intervenir physiquement quand le conflit des hommes recoupe leurs conflits internes. Tout au long des romans il y a assez de magie pour ne pas être dans l'Histoire pure, et elle est néanmoins suffisamment discrète et crédible pour éviter un basculement dans le fantastique. De nouveau, c'est la magie des "
Mille et une nuits", ou, dans un autre genre, du monde de "
Conan". Une magie peu visible mais puissante.
Action, intrigues, magie, tueries, sectes secrètes, illusions, temple caché, etc., dans la grande tradition du roman d'aventure, les "
Immortels" forment un dyptique très convaincant et agréable à lire, oserai-je dire bien plus que le "
Je suis légion" de Xavier Mauméjean.
Les Immortels, t1 Les mages de Sumer, t2 Les mages du Nil, Michel PagelL'avis d'Arutha
Commentaires
J'ai un ressenti tout à fait à l'opposé du tien et particulièrement en ce qui concerne les personnages. J'en ai rarement rencontrés d'aussi fades.
Mais bon, je me demande si je n'en ai pas simplement marre de la fantasy.
J'ai cité deux ou trois fois "les mille et une nuits" et c'est bien à ça que ça m'a fait penser. Je crois que si tu as lu et aimé les nuits, tu devrais aimer Les immortels. Détail important : il faut lire les deux car même s'il y a une "fin" au premier, les personnages prennent leur ampleur dans le second et la lutte des frères y prend fin. Peut-être ce qui a géné Arutha.
Mais bouge pas. Je vais faire ma chronique. Elle devrait paraître demain et j'y serai sans doute plus clair. ;o)
Cela m'étonne de la part de quelqu'un qui a aimé l'Assassin Royal de Hobb...
@ Gromovar : mais, mais c'est un auteur francophone que tu as lu ?
Trêve de plaisanterie et plus sérieusement ta chronique m'intrigue. Je lirai celle d'Arutha puis relierai la tienne pour voir si je tente l'aventure.
@Lhisbei : Aucun pirate intersidéral là-dedans ;-)
@Cédric : Je tenterai sans doute "le roi d'août" à l'occasion.
Il y a des choses qui m'ont gêné dans L'Assassin Royal mais pas spécialement le héros. Mais quoi qu'il en soit, c'est un type super attachant comparé au Alad des Mages de Sumer. Pleutre, pleurnichard, transparent ...
Ce n'était qu'une taquinerie pas méchante. Mon intérêt est éveillé.
Bon, bah, ma chronique est en retard. Normal, le week-end c'est madame qui utilise le PC. Vous aurez mon sentiment demain lundi je pense.
Sinon cette fois, je suivrai plutôt Arutha, les commentaires de Gromovar là bas m'y incitant finalement.
Je ne pense pas être le bon public.