Ray Nayler in Bifrost 118 - Obstination déraisonnable

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Ray Nayler,  Aussi longtemps qu'il faudra . Il y raconte une apocalypse si lente, si longue, si fortement combattue par des équipes de gars qui reconstruisent (kind of) après chaque catastrophe en parlant de...

Dieu reconnaitra les siens


"Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens" est la phrase mémorable (mais non attestée de manière fiable) qu'Arnaud Amaury, légat du pape Innocent (!?!) III, aurait prononcée à la fin du siège de Béziers en réponse à un soldat qui demandait comment choisir entre cathares et catholiques. C'est aussi le titre du premier tome de la nouvelle série d'Arnaud Delalande et Eric Lambert, "Le dernier cathare".
Loin des histoires de templiers auxquelles il pourrait faire penser, cet album aborde un évènement historique assez peu traité dans la BD, la croisade des Albigeois qui, de 1208 à 1249, annihila le catharisme (jugé hérétique), et l'indépendance occitane par la même occasion. Ne pas crier, donc, à la DaVinciconnerie, "Le dernier cathare" n'a rien à voir avec l'épuisante mode des histoires de chevalerie ésotérique. On est ici bien plus près du "Trône d'argile", l'excellente série de Jarry et Caneschi sur la dernière partie de la guerre de 100 ans, c'est à dire dans le récit historique crédible. Et cette histoire étant peu reluisante, on y voit le cynisme de l'Eglise, la faible valeur morale de nombreux chevaliers, l'absurdité d'une croisade en terre chrétienne, l'assassinat de masse commis par le fanatique religieux Arnaud Amaury.
Originalité du thème, scénario fouillé et documenté, apports culturels, équilibre savamment réalisé entre didactisme et aventure, dessins et couleurs réalistes de bonne facture, cet album fait plaisir à lire autant qu'il cultive. On en sort diverti et enrichi. Vivement la suite !
Le dernier cathare, t1 Tuez-les tous, Delalande, Lambert

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