The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Et si c'était vrai ?


Ne t'inquiète pas, ami lecteur. Je ne suis pas victime d'une crise de démence et je ne vais donc pas chroniquer du Marc Lévy.
L'uchronie est la forme fantastique que j'aime le plus, avec le post-apocalyptique. Et je suis malheureusement aussi souvent déçu par une forme que par l'autre, ceci étant sans doute une conséquence des attentes très élevées que j'ai dans ces domaines. Mais, ne désespérant jamais, j'ai acheté puis lu "The mammoth book of alternate histories". Voici de quoi il retourne.
Comme toujours dans les anthologies, tout n'est pas de qualité ; comme d'habitude je ne parlerai que des textes qui imho méritent l'effort d'une lecture. On pourra aussi reprocher à certains textes de ne pas exploiter le potentiel dramatique de l'uchronie et d'en faire un simple décor. Dans ce cas, elle est inutile, comme le texte qui la véhicule ; je n'en pas dirai donc rien non plus. Le recueil contient néanmoins quelques belles pièces d'écriture, que je vais détailler maintenant dans l'ordre de leur apparition :

James Morrow, The raft of the Titanic, une adaptation du Radeau de la Méduse au XXème siècle mettant en scène des survivants du Titanic qui, au lieu de s'entredévorer (quoique...), vont finir par créer une sorte de république progressiste qu'ils ne voudront plus quitter. Un texte drôle et engageant.

Eugene Byrne et Kim Newman, The wandering Christian, explore un monde où le christianisme n'a pas gagné et conquis la planète, un monde où Constantin ne s'est pas converti et où, dans le temps long, le christianisme, secte dissidente du judaïsme, s'est éteint progressivement.

Harry Harrisson et Tom Shippey, A letter from the Pope, ici c'est dans l'Angleterre pré-chrétienne que se fait la divergence, un roi choisit le paganisme là où nous croyons nous souvenir qu'il opta pour le christianisme.

Esther M. Friesner, Such a deal, où un Christophe Colomb financé par les arabes les aide indirectement à gagner leur guerre pendant la Reconquista.

A. A. Attanasio, Ink from the New Moon, décrit avec tendresse et nostalgie un monde où c'est la Chine qui a découvert et colonisé l'Amérique, puis doit la défendre contre l'invasion des européens.

Pat Cadigan, Dispatches from the Revolution, est une série de témoignages ex-post sur les évènements qui ont conduit à la dictature aux USA, conséquence directe des attentats de 1968 qui ensanglantèrent la tumultueuse convention démocrate de Chicago.

Kim Stanley Robinson, The Lucky Strike, dans lequel le courage d'un seul sauve la vie de centaines de milliers, au prix expiatoire de la sienne. Beau texte.

Judith Tarr, Roncesvalles (ça signifie Roncevaux), où nous voyons Charlemagne hésiter entre Christianisme et Islam, puis choisir, aidé par les évènements. Où nous voyons qu'il ne suffit pas d'être un traitre, il faut aussi être efficace.

Ian R. MacLeod, The english mutiny, joli texte narrant la guerre d'indépendance menée par les anglais afin de se libérer du joug de leur colonisateurs indiens. L'amitié virile, forgée dans la bataille, décrite par MacLeod dans la nouvelle, évoque l'excellent Ile du Soleil, du même auteur.

Chris Roberson, O One, une amusante petite historiette policière dans une Chine steampunk. Pas indispensable mais agréable à lire. Et prix Sidewise 2003 de la meilleure uchronie quand même.

Harry Turtledove, Islands in the Sea, du maitre américain de l'uchronie, un des deux meilleurs textes, où nous voyons comment les envoyés de Rome et ceux de l'Islam tentent de convaincre le Khan de Bulgarie de se convertir. De cette conversion dépendra le développement mondial de l'une ou l'autre religion. La controverse est passionnante, et la décision se fera sur des détails, rappelant une fois encore que lorsque le sage montre la Lune, l'idiot regarde le doigt.

Pierre Gévart, The Einstein Gun, le meilleur texte imho, Prix Infini 2001, qui montre de manière éclatante que le mieux est l'ennemi du bien et qu'il est peu judicieux de modifier le passé quand un système est aussi chaotique que l'est le système historique.

Pamela Sargent, The Sleeping Serpent, une histoire dans laquelle nous voyons les indiens d'Amérique mener une sanglante guerre d'extermination et régénérer de ce fait leurs cousins mongols amollis par leur européanisation. Une belle histoire de passage de témoin et de transformation.

Stephen Baxter, Darwin Anathema, procès posthume de Darwin dans un monde contemporain arriéré gouverné par l'Eglise, où la Sainte Inquisition (dirigée par le Cardinal Ratzinger, amusant clin d'œil) fait encore peser une chape de plomb sur la science. Etouffant.

Bilan pour moi : quatorze textes appréciés sur vingt-cinq, c'est satisfaisant, même si j'aurais voulu plus.

The mammoth book of alternate histories, Anthologie

Commentaires

Anudar a dit…
Ah, de l'uchronie ! Merci du tuyau, moi aussi j'adore ça :) ... Même si mon truc c'est plus le space-opera !
El Jc a dit…
Quatorze sur vingt cinq c'est déjà très bien. On n'arrive pas ce résultats avec toutes les anthologies loin s'en faut. Je note je note ;o)
Gromovar a dit…
@El Jc : Agreed. Et il y a quelques véritables perles dedans, malgré quelques textes clairement dispensables.
Efelle a dit…
Je le note aussi, il a plus que la moyenne... ;)
Sinon dans les dispensables pas d'horreur absolue ?
Gromovar a dit…
@Efelle Pas vraiment d'horreur absolu mais des textes dont on se dit après "So what ?". Ajoutons à ça deux qui se passent dans un futur hypothétique ce qui est aux antipodes de ma définition de l'uchronie.
Mais trois must-read : the Lucky Strike, the Einstein Gun et Islands in the Sea, peut-être trouvables ailleurs si on ne veut pas acheter le recueil.
Munin a dit…
Ah merde je pensais qu'on aller parler de Marc Lévy...
Gromovar a dit…
@Munin : J'ai eu peur de marcher sur les plates bandes de Bob.