The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Marseilleland


Dans le cadre d'un partenariat avec le site Ulike, et à l'occasion de la sortie du film qui en est l'adaptation, j'ai eu l'occasion de lire "L'immortel" de Franz-Olivier Giesbert.
Cette histoire de vengeance dans le milieu des truands marseillais, inspirée de faits réels (la rivalité entre Jacky le mat et Gaëtan Zampa), est d'une lecture rapide et plutôt agréable. Rapide, nerveux, le récit fonce sans temps mort (50 chapitres en 300 pages) à la vitesse d'un TGV (Sud-Est j'imagine). On y tue énormément, et de manière pas très propre, on torture pour délier des langues, on enlève, on complote. Les truands cotoient les politiques, les hommes d'affaire, et s'entretuent sous le regard peu intéressé de la police qui enquête sans grande conviction sur la guerre civile du milieu. Cet ouvrage est sincèrement divertissant pourvu qu'on ait le coeur bien accroché.

Mais :

Le cadre du roman n'est pas Marseille. "L'immortel" se déroule dans un Marseilleland rempli de tous les clichés éculés qui circulent sur la ville et qui n'existent que dans le cerveau de l'auteur.
D'abord, le langage employé frise souvent le ridicule, non seulement quand il est mis dans la bouche des locaux, mais bien plus dans les passages descriptifs où FOG se sent obligé d'écrire comme si toute sa famille était originaire de l'Estaque. C'était énervant dans la prose de Jean-Claude Izzo, c'est insupportable chez quelqu'un qui est né aux Etats-Unis et est issu de la bourgeoisie normande. Son vocabulaire sort tout droit du Dictionnaire du parler marseillais (qu'il a d'ailleurs l'honnêteté de citer nommément deux ou trois fois). Qu'on en juge : dans les quelques premières pages, le lecteur va croiser les mots jobastre bader s'encroire rascous pitchoun "tron de l'air" pistachier cafalot charcler zou etc... Je pourrais continuer pendant dix lignes. Ma grand-mère parlait comme ça, mais elle était né à la Capelette en 1905 et avait toujours vécu à Marseille. Je voudrais qu'on me présente les gens qui parlent comme ça aujourd'hui.
Ensuite, tous les passages obligés de la ville sont visités comme des stations du chemin de croix : les Goudes, le Vallon des Auffes, la place Thiars, les calanques, les Deux Garçons à Aix, etc...
Dans ce Marseille-là on lit bien sûr La Provence, mais aussi, histoire de bien faire, La Marseillaise et Marseille Hebdo. On mange des sardines à l'escabèche, et on répond aux policiers et aux juges avec le ton matois de Roland Courbis à son procès.
Le Marseille de "L'immortel" est tellement fantasmé qu'il n'y manque que César et Panisse en train de jouer une partie de cartes pendant que Spirito et Carbone s'acoquinent avec Simon Sabiani. A ma conaissance la mairie n'a guère apprécié la manière dont FOG a enfilé les clichés sur Marseille comme des perles sur un collier. FOG, Pagnol, même combat. Si tu aimes la Provence, lecteur, lis Giono.
L'immortel, Franz-Olivier Giesbert

Commentaires

Munin a dit…
Oh peuchère ! Comme tu t'engatses ! On voit bien que tu t'es fait enflé. Allez, faï tira.
Gromovar a dit…
C'est vrai que là, il m'a gonflé.
C. Roffi a dit…
Entièrement d'accord avec vous.je n'ai pas adhéré à la prose de ce roman,trop caricatural.
Peut-être Philippe Carrese parlait comme ça.
Les clichés ont la vie dure et l'on continue à les entretenir .
Bien sûr c'est Giono qu'il faut lire.
Gromovar a dit…
Cliché, clichés, toujours clichés, hélas.
Merci pour ce retour.
C. Roffi a dit…
De rien.Et même si je ne fais pas partie de vos lecteurs assidus ,faute de temps,je vous félicite pour ce blog de haut niveau.