The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Intrication


PRIX DU CAFARD COSMIQUE 2010

Troisième volume de l'intégrale raisonnée de Greg Egan éditée par Le Bélial, "Océanique" est une nouvelle réussite.
13 nouvelles composent ce recueil, doté s'une superbe couverture de Nicolas Fructus. Elles sont toutes de grande qualité, même si ma préférence va toujours à celles qui utilisent le plus les notions de fonction d'onde réduite et de multivers (chacun son pathos). Si ces dernières peuvent paraître difficiles d'accès ou rebutantes pour une personne dépourvue d'un bagage minimum en physique, Egan parvient IMHO à les rendre lisibles par tout un chacun. Et elles sont clairement les plus créatives, la marque de fabrique de Greg Egan ; avec les simulations de virtualités totales peuplées par des IA. Passons tout ceci brièvement en revue :

Gardes-frontières, belle histoire de temps qui passe chez les immortels (et de football quantique ; comme Greg Egan ne fait pas les chose à moitié on peut y jouer ici). On retrouve la thématique du vampire gardien de la mémoire ancienne qui était celle des romans d'Ann Rice.

Les Entiers sombres, est la suite d'une nouvelle précédente dans laquelle les mathématiques servent d'arme de guerre. Peut-être la moins convaincante, à moins que mon niveau en physique quantique ne soit pas suffisant pour en saisir les subtilités.

Mortelles ritournelles, superbe et drôle texte (ça c'est plutôt nouveau chez l'auteur) sur les méfaits de la publicité et des techniques de programmation neuro-linguistique et autres vaudous comportementalistes.

Le réserviste, sur le thème du clonage, le rêve d'immortalité de riches désoeuvrés prend forme au prix d'un sacrifice du (d'un) soi. Une réflexion désabusée sur la notion d'humanité, et définitivement quelque chose du "Prestige" de Christopher Priest dans ce texte cruel et ironique.

Poussière, que devient une IA entre deux cycles d'horloge ? C'est pour le savoir que le héros de cette nouvelle crée des copies numériques de lui-même sur lesquelles il expérimente. De la difficulté d'être un double numérique prisonnier à perpétuité d'un système, et une réflexion sur la conscience du soi.

Les tapis de Wang, déjà lue ici, sur le solipsisme (vous en connaissez beaucoup d'auteur de SF qui écrivent des nouvelles sur le solipsisme ?).

Océanique, très beau texte sur la foi et sa perte progressive. A noter une biologie toute particulière pour les protagonistes de ce récit.

Fidélité, contrôle de l'esprit et protection des sentiments. Est-il judicieux de faire chimiquement durer un amour pour toujours ? Sans risque, que vaut la vie ?

Lama, sans doute le meilleur texte. Enquête policière aux intrications politiques, il interroge la nécessité d'illusion consensuelle indispensable à l'existence d'un lien social (je sais, c'est vague, mais j'en écris volontairement le moins possible pour ne pas gâcher le plaisir de la découverte).

Yeyuka, encore un texte politique qui aborde cette fois la question du copyright sur les médicaments opposé aux pays pauvres. Une vraie réflexion sur l'engagement de l'homme occidental face à la misère.

Singleton, j'ai compris ce que ça voulait dire mais l'intérêt m'a un peu échappé.

Oracle, qu'aurait été la vie d'Alan Turing s'il ne s'était pas suicidé ? comment notre vie aurait-elle pu s'orienter autrement ? je sais que ce thème est à la mode en ce moment mais le texte présenté ici date de 2001 alors on accordera la primeur à Egan.

Le Continent perdu, un texte très politique sur le problème des réfugiés. Le traitement aurait pu être non science-fictif.

Au final un troisième volume de grande qualité, plus militant que les deux premiers et de ce fait moins froid. A lire.

Océanique, Greg Egan

L'avis d'Efelle

Commentaires

philippe a dit…
je me demandais ce qu'il valait, merci de la recommandation! je vais l'ajouter à ma liste.
Gromovar a dit…
Hope it helped :-)
Efelle a dit…
Dans la pile, trop fatigué en ce moment pour apprécier du Egan.
Il attendra les beaux jours...
Gromovar a dit…
Et la montée d'hormones :-)
El Jc a dit…
Me voila rassuré, range ton tablier a fleur sans regret et continue de nous abreuver de tes avis éclairés. Du coup il a également rejoint la PAL
Gromovar a dit…
Merci encore d'avoir sauvé ma dignité.
papa fredo a dit…
Je me demandais moi aussi ce qu'il valait... Je vais le mettre aussi dans ma pile.
Et justement je suis en train de lire (difficilement) "La cité des permutants", issu en partie de la nouvelle "Poussière" et je dois avouer que l'aspect vertigineux que j'aime chez Egan est bien là.
Efelle a dit…
Un excellent cru, le recueil le plus accessible des trois.
Gromovar a dit…
On ne peut dire mieux.