The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Les arbres ne montent jamais jusqu'au ciel


Nouveau petit opuscule du Cepremap. Un peu ardu pour le grand public dans sa deuxième partie (quoique...), mais de très grande qualité.
Chef de file de l'école des conventions, André Orléan livre ici son analyse de la crise financière de 2007-08. Dans "Neuromancien", William Gibson décrit la Matrice comme "une hallucination consensuelle". Pour Orléan, la valeur des actifs financiers est aussi une hallucination consensuelle. A l'opposé des tenants de l'orthodoxie pour qui la valeur des actifs reflète toujours plus ou moins les fondamentaux des entreprises et de l'économie, les conventionnalistes considèrent qu'elle n'est que le résultat d'un accord implicite et quasi-inconscient entre intervenants (comme dans le célèbre exemple du Concours de beauté de Keynes). Plus précisément, les oscillations de prix autour d'hypothétiques valeurs fondamentales sont d'une extrême intensité, comme l'affirmait déjà Dornbush il y a quelques années. Alors Orléan développe la thèse, minoritaire dans le monde économique, suivant laquelle les marchés financiers ne sont pas efficients. Il explique comment, sur les marchés spéculatifs, la demande augmente avec le prix et baisse avec lui, à l'opposé de ce qui se passe normalement sur les marchés de biens. Ce phénomène a deux conséquences liées : l'apparition spontanée de bulles spéculatives et la grande difficulté à sortir de la spirale dépressive quand elle est enclenchée, forçant alors l'Etat à intervenir à grand renfort d'argent public. En d'autres termes, les marchés ne sont pas efficients et bulles et dépression sont normales. Se pose alors la nécessité de contrôler étroitement le secteur financier afin d'éviter les crises globales comme celle qui vient d'avoir lieu. A l'opposé de la doxa propagée par le banque centrale US, il importe, pour l'auteur, de recloisonner les marchés afin de circonscrire les crises. La finance globalisée, théorisée et mise en œuvre notamment par Alan Greenspan, ne souffre pas d'une régulation insuffisante, elle est, pour Orléan, impossible à réguler. Décloisonnée pour favoriser la liquidité, et ainsi une meilleure allocation mondiale des ressources financières, la finance se retrouve aujourd'hui hors de tout contrôle, notamment à cause du hors-bilan et des produits structurés, au risque impossible à évaluer. Après la crise de 1929, le secteur financier avait été corseté pour éviter d'autres crises ; il s'est libéré de ce corset durant les années 80 ; il est urgent de remettre le corset en place et de serrer fort, même au prix d'un léger ralentissement de la croissance mondiale.
De l'euphorie à la panique, penser la crise financière, André Orléan

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