Daryl Gregory : I’m Not Disappointed Just Mad AKA The Heaviest Couch in the Known Universe

Conseil aux nouveaux auteurs : Faites attention quand vous plaisantez en ligne. Imaginez, vous faites une blague sur l’écriture d’une histoire ridicule, quelque chose que vous n'écririez jamais ; ce n'est qu'une bonne blague jusqu’à ce qu’un éditeur en entende parler et vous demande d’écrire cette histoire. Il y a quelques années, sur un site, je disais à quel point Iain Banks était mon écrivain préféré mais que si je devais écrire un space opera, ce serait sur deux fumeurs défoncés qui manquent la guerre interstellaire parce qu’ils essaient de déplacer un canapé d’un bout à l’autre de la ville. Jonathan Strahan est alors intervenu et a dit : Je publierais ça. Ha ha ! Très drôle. Il a alors ajouté : Non, vraiment. Plus tard, on s’est croisés à une convention, et il m’a dit : Alors, cette histoire façon Iain Banks ? Et voilà, c'est fait ! Je sais, c’est une histoire absurde, mais en ces temps sombres... Sachez juste qu’elle a été écrite avec beaucoup d’amour et d’admir

Pour les novellas


"Le monde, tous droits réservés", de Claude Ecken, est un recueil regroupant 2 novellas, primées Rosny Ayné en 2001 et 2004, et 10 nouvelles publiées pour la plupart dans Bifrost.
Les deux novellas sont de très bonnes factures.
"Eclats lumineux du disque d'accrétion" fait un amusant parallèle entre la vie d'un trou noir et le trou noir social dans laquelle une société avancée et solidaire plonge ses assistés. Dans les années 30 le grand économiste anglais JM Keynes, observant les progrès fulgurants de la productivité, rêvait d'un monde où chacun ne travaillerait que très peu et aurait pour souci principal l'occupation de son temps libre. Ecken décrit un monde, plus semblable au notre, où la hausse continue de la productivité à pour effet principal de sortir quantité d'actifs du monde du travail, réservant celui-ci à un petit nombre qui travaille autant voire plus qu'avant. Et comme nous ne sommes pas des sauvages, les autres, les inactifs, sont secourus par la société au prix de prélèvements obligatoires importants. Si le parallèle avec le trou noir n'est qu'amusant et pourrait passer pour un effet de style, la description d'une société de chômage assisté généralisé est pertinente dans ses effets délétères. Oisiveté, petits trafics, rage (voir la description de la vrai rage que donne le sociologue François Dubet), tous les ingrédients d'une explosion sociale sont réunis dans les "Cités", ces lieux de vie attribués par le système social, avec budget mensuel consommation, énergie, média, à la masse majoritaire des inactifs. On trouve aussi en ces lieux de la créativité, étouffée par les déterminismes sociaux, et que seule une intervention extérieure peut libérer. Ce texte est futé, plutôt bien vu, et le personnage du jeune garçon qui en est le héros est vraiment attachant.
"La fin du Big Bang" répond à l'interrogation qu'a eu, un jour, tout enfant. Et si j'avais eu d'autres parents ? Le, puis les, héros de cette novella connaissent la réponse à cette question. Ils sont dotés d'une mémoire qui se souvient des univers parallèles et des différentes manières dont auraient pu s'effondrer la fonction d'onde quantique. Ils se souviennent de tout ce qu'ils ont été, de toutes les sociétés distinctes dans lesquelles ils ont vécus, et cela les coupent du reste de l'humanité pour qui la dernière réalité a l'apparence d'avoir toujours été la seule. Torturés par l'angoisse du changement de réalité à venir qui remodèlera leur vie (pas forcément en mieux) et la difficulté de conserver la mémoire de toutes leurs existences, ils parviennent progressivement à amener la réalité à une voie unique en forçant, par la conscience, le réel à correspondre aux attentes de l'observateur. On retrouve ici la théorie suivant laquelle c'est la conscience qui force l'effondrement de la fonction d'onde qui sinon resterait indéterminée. Le texte est intéressant, compréhensible sans avoir fait une thèse de physique théorique, et les personnages principaux y sont, là aussi, attachants. Le seul regret que j'ai est arrivé à la dernière page. L'accomplissement final de ces voyageurs mémoriels, la fin de leur errance est un confort petit bourgeois avec femme, enfants, adolescents pénibles. On aurait pu espérer plus sexy. Tant pis.
Les 10 nouvelles, à l'inverse, n'ont guère d'intérêt. Courtes, peu développées, elles sont d'une grande platitude stylistique.
Si vous l'achetez, c'est pour les novellas.
Le monde, tous droits réservés, Claude Ecken

L'avis de Papa Fredo


L'avis de Lhisbei

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