BOF : Exordia - Seth Dickinson

Ca commençait bien : Par un premier contact dans les rues de New York entre Anna Sinjari, une jeune kurde rescapée – à quel prix – du génocide de l'Anfal , et Ssrin, une alien à l'allure de serpent à huit têtes, dans le ton léger du  An absolutely remarkable thing de Hank Green. Ca continuait bien aussi : Une alien rebelle venue d'un empire totalitaire et surpuissant pour trouver sur Terre un artefact qui pourrait permettre la chute du régime ethnocidaire auquel elle appartient. Un background original dans lequel un univers métaphysique, où se retrouvent les âmes qui ne sont rien d'autre que la récapitulation des choix et des raisons des choix de chaque individu, se surimpose à l'univers physique. Des âmes existentialistes donc, et un univers métaphysique qu'on peut manipuler afin de prendre le contrôle de la réalité, un peu comme dans le brillant Ninefox Gambit de Yoon Ha Lee. Un EMP mondial d'origine alien qui ramène le monde au XIXè siècle – avec la po...

Suite et fin


"Dark blood" poursuit et clôt l'histoire commencée dans "Bone song".

Warning : Il existe un livre, de John Meaney aussi, appelé "Black blood". Ce n'est que "Dark blood" avec son titre US. Ne pas acheter sous peine de doublonner.

Je ne réécris pas tout ce vous trouverez dans le premier post concernant le décor et l'ambiance, excellents. Je trouve par ailleurs que "Black blood" est supérieur à "Bone song" en ce qui concerne le scénario et la narration. Le roman aborde la politique de Tristopolis avec des accents qui évoquent les grands films ou romans politico-policiers des années 70 en France ou aux Etats-Unis (penser à Serpico ou autres films du genre). Les personnages principaux y sont aussi des flics qui ne savent plus auxquels de leurs collègues ils peuvent faire confiance. Les représentants de l'autorités dans la ville sont aussi ceux qui en menacent la paix. A cela s'ajoute une situation pré-ségrégationniste qui en quelques images évoque immanquablement la montée des tensions antisémites dans l'Allemagne des années 30. Il y a dans le livre ce mélange entre une intrigue principale, qui est le point focal de la vision du lecteur, et un background, visible en vision périphérique (pas tant que ça d'ailleurs), caractérisé par le développement d'un racisme violent à l'endroit de populations jusqu'alors intégrées qui évoque immanquablement le "Cabaret" de Bob Fosse, excellent film adapté de l'excellente novella "Goodbye to Berlin" de Christopher Isherwood. Sur le plan narratif, c'est un roman dont le découpage est très cinématographique. Les points de vue alternent rapidement entre les quelques personnages principaux, et l'action est dense. Si on cherche des personnages très développés, il vaut mieux passer son chemin. L'intrigue est capitale, elle est l'objet du livre, et elle utilise les personnages comme des caméras qui permettent au lecteur de l'observer. Mais c'est ce que les anglo-saxons appellent a real page-turner et parfois ça repose.
"Dark blood" est aussi l'occasion de découvrir de nouveaux aspects fantastiques de Tristopolis, d'en savoir plus sur les zombies, sur les mages, et globalement sur les différents quasi-humains qui peuplent la ville, de prolonger une ballade déjà fort plaisante entamée dans le premier volume. On regrettera simplement, comme dans "Bone song", une fin un peu rapide, comme si John Meaney avait du lait sur le feu et devait vite fermer son document Word.
Dark blood, John Meaney

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