The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Unusual suspects


Pendant les vacances de Noël, comme je le disais plus bas, j'ai lu plusieurs livres inhabituels ; "Unusual suspects" en fait partie.
Acheté chez Smith à Paris, histoire de sortir avec quelque chose, ce recueil s'est revélé une agréable surprise. Qu'y a-t-il donc dans "Unusual suspects" ? Des nouvelles policières sur fond de fantastique. C'est un style que je ne connaissais pas et ça m'a vraiment amusé. Alors soyons clair, il n'y a rien la-dedans qui restera dans l'histoire de la littérature mais...c'est une lecture vraiment plaisante. Une ou deux nouvelles sont en-dessous mais c'est tout.
Les histoires sont légères, enlevées, souvent drôles, on est ici dans de l'entertainment. On trouve aussi dans ce recueil des systèmes de magie plutôt originaux et cohérents et, étonnamment, assez semblables d'une nouvelle à l'autre. On perçoit aussi souvent l'existence d'un monde surnaturel organisé en société, parallèle au notre, existant sous, ou à coté, de celui que nous connaissons (penser au comics "Fables" par exemple ou à "Hellboy"). Il y a vraisemblablement un courant US contemporain sur la question. Les thèmes abordés, comme les univers dans lesquels ils le sont, sont naturellement très variés, ce qui participe au plaisir de lecture et à l'envie de tourner les pages pour savoir de quoi va parler la nouvelle suivante, et dans quel univers elle prendra place. Ainsi le lecteur rencontrera un agent d'assurance qui utilise la magie pour améliorer ses contrats, des acteurs de cinéma virtuels et meurtriers, une maison hantée, un complot dans une ville fantastique à la New Crobuzon, une désopilante histoire de magie de bonne femme, un mystère dans un collège de magie (Rawling ?), une émouvante histoire de décalage temporel qui évoque le poignant "Le jeune homme, la mort et le temps" de Masterton, un dragon usurier, un tueur en série, etc... En tout 12 histoires dont au moins 10 sont un vrai plaisir de lecture (éviter "The weight of the world" à mon avis). Si on lit l'anglais et qu'on a un peu de temps, c'est dommage de s'en priver.
Unusual suspects, anthologie par Dana Stabenow

Commentaires

Nolt a dit…
Mais pourquoi diable faudrait-il empêcher les lectures "plaisantes" de rentrer dans l'Histoire, avec un grand H, de la Littérature avec un grand L ? ;o)

Etre léger, enlevé et drôle ne nécessite pas moins de talent que pour être lourd, ennuyeux et triste. Et le basculement dans le "divertissement" ne retire en rien l'habileté littéraire d'un auteur, pas plus que son style, ses astuces, son immense travail.

En tant que lecteur et, plus modestement mais aussi plus violemment, en tant qu'auteur, je n'ai jamais bien compris pourquoi la légèreté devenait synonyme de textes de seconde zone en littérature alors qu'elle était le propre des grands Maîtres en matière de cuisine. ;o)

L'intelligence du propos ne se mesure pas à l'ennui qu'il suscite, fort heureusement ! Pas plus que la technicité à la lourdeur, au contraire !
Un texte bien écrit se doit, pour moi en tout cas, d'effacer la patte de l'auteur et de ne laisser, dans l'esprit du lecteur, que l'Histoire et les Personnages.

Il est vrai cependant que les Grands Anciens (et une partie des auteurs actuels) se préoccupaient plus de leur nombril, délicatement choyé, que du Lecteur, souvent méprisé alors qu'il est l'un des ingrédients essentiels de la magie de l'écriture.

Ceci dit, c'est toujours aussi intéressant et agréable de te lire et ma petite intervention n'est absolument pas une attaque te visant, je ronchonne juste dans le vide. ;o)
Gromovar a dit…
Je suis globalement d'accord avec ce que tu écris.
Néanmoins, si je n'avais pas lu Hypérion, Le trone de fer, ou Terreur, j'aurais raté quelque chose de grand et ça aurait été dommage pour moi. Si je n'avais pas lu Unusual suspects ça aurait été moins dramatique.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai commencé ce blog. Je n'arrivais pas à avaler que mon entourage "rate" des oeuvres aussi puissantes que celles citées au-dessus par exemple (c'était une forme de "tu dois absolument lire ça..."). Comme il n'y en a pas dix par an quand même, je parle aussi d'autres lectures que j'ai trouvé plaisantes, mais en précisant que dans ce cas l'injonction est moins forte (on est plutôt dans le "tu pourrais lire ça..."). Continue à passer, c'est le but : faire partager une expérience.
PS : Dans les grands livres il y en a un, entre autres, qui est léger, enlevé, drôle, c'est "Le Portrait de Dorian Gray". Mais n'est pas Oscar Wilde qui veut.
Nolt a dit…
D'accord, mais là, il s'agit donc de nuances dans le plaisir ou de différences d'échelle dans la priorité de ce que tu conseilles. Ce qui est normal, je ne pense pas faire autre chose en matière de comics.
Mais, fondamentalement, une oeuvre n'est pas spécialement moins littéraire lorsqu'elle est drôle. Tout comme elle ne devrait pas l'être juste parce qu'elle est triste. C'est ce côté "c'est juste de l'entertainment" qui me pose problème. On ne dit jamais "c'est juste du chiant à mourir" alors que, bon, on aurait souvent l'occasion de le sortir. ;o)