Mélanie Fazi : Mes Utopiales de B à V

Comme chaque année, vers Samain, se sont tenues les Utopiales à Nantes. 153000 visiteurs cette année, et moi et moi et moi. Ne faisons pas durer le suspense, c'était vraiment bien !!! Genre grave bien !!!! Aux Utopiales il y a surtout des auteurs qu'on va retrouver jour après jour ci-dessous (ou dessus, ça dépend dans quel sens vous lisez) , sur plusieurs posts successifs (survivance d'un temps où on économisait la bande passante – « dis ton âge sans dire ton âge ») . Tous les présents aux Utos n'y sont pas, c'est au fil des rencontres que les photos sont faites, la vie n'est pas juste. AND NOW, LADIES AND GENTLEMEN, FOR YOUR PLEASURE AND EDIFICATION, THE ONE AND ONLY MELANIE FAZI

Un, deux, Freddy te coupera en deux...


Voici un recueil de nouvelles proprement terrifiant. Je dois un énorme remerciement à Nébal, dont la chronique m'a incité à l'acheter. Spontanément je n'aurais jamais investi dans l'ouvrage d'une femme qui se fait appeler Gudule. Préjugés, quand vous nous tenez...
"Le club des petites filles mortes" regroupe plusieurs novellas d'horreur fantastique (parmi lesquelles les chef-d'oeuvre absolus "Entre chien et louve", "Mon âme est une porcherie" et "Petite chanson dans la pénombre") plus éprouvantes les unes que les autres. Le point commun entre toutes est la présence centrale d'une enfant malmenée, martyrisée, terrorisée. Dans des styles divers, souvent à la première personne, ces histoires sont des contes terrifiants pour adultes, capables d'effrayer comme le faisaient les contes de Grimm quand nous étions enfants. L'ambiance y est noire, très noire, les enfants y sont victimes mais ils savent aussi y être atrocement cruels, les adultes y sont moins protecteurs que menaçants, les happy end y sont inexistants. Il y est question de mort, de névrose, de schizophrénie, de sexe pas toujours consenti, souvent d'odeurs, souvent aussi de métempsycose. La mort n'y est ni belle ni paisible. Elle y est faite de corps brisés et de sang qui inonde.
Au fil des novellas, on ne peut s'empècher de penser au Pierre Bordage de "Nouvelle vie", aux situations abracadabrantesques qu'affectionnait Boris Vian, au monde paranoïaque du "Brazil" de Terry Gilian. Et le plaisir de ces reminiscences est intense. Mais surtout, et c'est là la grande réussite du livre, il n'est pas possible de lire "Le club des petites filles mortes" sans ressentir une tension et un malaise qui grandissent inexorablement du début de chaque texte à l'acmé terrible de sa conclusion. Ces petites filles ne meurent pas dans la sérénité, pas en silence, et même la mort n'est pour elles qu'une étape vers plus d'horreur encore. De plus, sur des textes courts (d'environ 80 pages), la progression narrative est suffisamment maitrisée pour que chaque élément soit dévoilé progressivement sans révélation trop précoce ou explication finale didactique. Ce livre tient en haleine et ce livre fait peur. Il est réellement éprouvant et il est impossible de le lire d'un seul oeil. Dans le domaine de l'horreur fantastique, si difficile car il n'est pas aisé de susciter la terreur chez un lecteur installé avec un café dans le confort lumineux de son salon, c'est une réussite totale. Si on aime se faire un peu mal, c'est une médication indispensable. Si je ne l'avais pas lu, j'aurais raté quelque chose de grand. Maintenant je vais aller lire un peu de Bourdieu pour me décontracter.
Le club des petites filles mortes, Gudule

Commentaires

Anonyme a dit…
Aaaaaaaah ! Hein, que c'est bon, hein, hein ? :)

Une très très très bonne surprise en ce qui me concerne.
Gromovar a dit…
Fameux, fameux.
Anonyme a dit…
C'est dans la pile suite à Nébal aussi tout ça... Faut que le lises !
Gromovar a dit…
Tu ne le regretteras pas. J'attaque "L'accroissement mathématique..." là.
Anonyme a dit…
Bonne lecture, tu ne le regrettera pas non plus. ;)
Anonyme a dit…
Je l'ai enfin lu... Brrr !
Très efficace dans l'ensemble et deux textes vraiment excellent.
Gromovar a dit…
Content que tu n'ai pas été déçu.
fleurdusoleil a dit…
J'ai aussi été agréablement surprise par ce recueil de nouvelles "épouvante". Comme toi le nom de l'auteur ne m'inspirai pas, et comme toi je me suis trompée.
Gromovar a dit…
Ce qui nous prouve à tous les deux qu'on ne juge pas un livre à sa couverture.