The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Que nul n'entre ici s'il ne connait Altamont


Si on lit l'anglais, et si on apprécie un tant soit peu la rock culture des annés 60 et le mouvement radical américain qui lui est lié, on ne peut pas ne pas lire ce livre, l'un des premiers de l'immense George R R Martin.
Sur la couverture de "The Armageddon Rag" il y a une praise de Stephen King, il faut la découper au ciseau ;-) Mais à l'intérieur il y en a une de Timothy Leary, et un livre chaudement recommandé par Tim Leary ne peut pas être foncièrement mauvais, right ?
Policier/horreur : un écrivain, fondateur maintenant évincé d'un journal radical le Hedgehog, est contacté pour réaliser une enquète sur le meurtre (rituel ?) du producteur des Nazgul, LE groupe rock emblématique des années 60 dont la carrière s'est tragiquement arrêtée lors d'un concert à West Mesa. Son enquête le conduit down the memory lane à refaire une plongée dans des eaux depuis trop longtemps quittées jusqu'à découvrir une tentative occulte de revival sanglant de la révolution avortée des 60's.
Bien au-delà de l'histoire comme elle avance, vers une fin bien plus futée que prévu, ce livre vaut par ce qu'il exprime. "The Armageddon Rag" est une déclaration d'amour aux 60's, aux valeurs qu'elles portaient, à tout ceux qui ont osé les porter et qui, peu ou prou, ont transformé le monde. C'est une déclaration d'amour au rock et à son pouvoir subversif originel, le Raw Power des Stooges. C'est une déclaration d'amour à la musique et à son pouvoir d'évocation quasi psychotrope (je confirme pour moi : les oeuvres musicales sont les seules oeuvres d'art qui parviennent à modifier instanténément mon état d'esprit). C'est une déclaration d'amour et une élégie de toutes les grandes figures de la contestation des 60's, de King à Bobby Kennedy en passant par les Huit de Chicago, etc...C'est aussi, et surtout peut-être, un livre sur les effets délétères du temps qui passe. Ce que certains nomment "maturité", d'autres le nomment "trahison" ou "renoncement" ; et d'une manière tragi-logique, ce sont les plus sincères et les plus impliqués qui ont le plus à trahir. A travers la galerie de personnages avec lesquels l'auteur reprend contact, ce sont tous les visages du vieillissement qu'il visite. Et aucun n'est satisfaisant car, même pour ceux qui ont poursuivi seuls leur rêve quand il était terminé pour tous, le monde a gagné. C'est en cela que ce livre est magnifique, et qu'il peut convaincre même tous ceux, dont je suis (et presque tout le monde en France de fait) qui n'étaient pas du mouvement et qui ne sont pas directement concernés. Le vieillissement et la trahison, chacun a l'occasion d'en être.
Comme "Riverdream", "The Armageddon Rag" est un roman nostalgique. Comme lui il est crépusculaire. GRRM doit avoir beaucoup à regretter. Comme "Serpentine" de Mélanie Fazi, il a saisi l'esprit de la musique et d'une génération, mais là où Fazi décrit à merveille l'expérience intime d'un concert, Martin se concentre sur la puissance qu'invoque le rock et sur la bête à un million d'yeux qu'est l'audience d'un concert.
J'ai lu dans ce livre des phrases magnifiques sur toutes ces questions et je ne peux que conseiller à tous deux choses : ne pas attendre une traduction qui ne viendra sans doute jamais tant le livre est américain, et ne pas hésiter à aller sur Wikipedia compléter sa connaissance des groupes radicaux dont il est question et des rapports qu'ils entretenaient. En ces temps obamesques (re)lisons "The Armageddon Rag".
The Armageddon Rag, George R R Martin

L'avis d'El JC

L'avis d'Efelle

Commentaires

Anonyme a dit…
Ben en fait, il a déjà été traduit chez Pocket mais est épuisé (édition de 1985). Je vais aller m'enquérir auprès de mon libraire préféré, des fois que...
Gromovar a dit…
J'ignorais. Crap !
Anonyme a dit…
Trouvé en VF grand format d'occasion, le bonheur c'est simple comme un coup de fil...
Gilles Dumay a dit…
Je cherche la citation de Timothy Leary (j'ai trouvé et traduit celle de Stephen King), car je réédite ce titre en mars 2012 et je pense que cette louange va amuser certains de mes représentants.
Gromovar a dit…
"George Martin takes us on a wild, melodramatic, mystical, hallucinatory voyage through the last two decades. Beautifully written. I couldn't put it down"
Timothy Leary