The Butcher of the Forest - Premee Mohamed

Il y a des années de ça, quelqu'un disait dans une interview : « Les Blancs nous emmerdent avec leurs problèmes » . C'était Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino – je ne sais plus lequel – et il parlait, si mes souvenirs sont bons, des clips de Talking Heads ou de Laurie Anderson. Tu vois, lecteur, que je source avec grande qualité cette brève chronique. Que celle de ces deux personnes qui s'est vraiment exprimé sache que, dorénavant, c’est à peu près tout le monde qui nous emmerde avec ses problèmes. Démarrer ainsi la chronique de The Butcher of the Forest , novella fantastique de Premee Mohamed, te permet de subodorer, sagace lecteur, que je ne l'ai pas vraiment appréciée. Détaillons un peu plus. Temps et lieu indéterminé. Espace-temps des contes. Veris est une femme d'une quarantaine d'années qui vit dans un petit village, au cœur d'une région conquise par un tyran (oui, c'est son seul nom dans le texte) après une guerre et des massacres innommabl...

Nec Deleatur


Voici un livre que je n'aurais jamais du lire. Titre cryptique et couverture peu engageante ne sont que les moindres de ses handicaps. Le pire est là : il est introuvable en librairie. Frédéric Delmeulle n'a trouvé qu'un éditeur Internet pour publier son premier roman : l'Editeur Indépendant. Chaque exemplaire y est imprimé à la commande et expédié chez vous sous 8 jours. 300 exemplaires vendus et c'est rentable, sinon tant pis. J'aimerais pouvoir dire que mon flair infaillible m'a guidé vers cet ouvrage mais l'honnêteté m'oblige à dire que c'est faux. Le premier roman de Frédéric Delmeulle a bénéficié d'une review élogieuse par Gérard Klein himself, review qui a été à la source d'un buzz important sur le Net, et le murmure a fini par arriver jusqu'à moi (intéresssant de noter qu'une traduction approximative de buzz pourrait être al azif).
Qu'en est-il du texte ? Sur un autre site quelqu'un a écrit que c'est entre Jules Verne et du pulp. Comme je crois que c'est la définition ultime de ce livre je ne vais rien y changer. Ici pas de Hard-SF ou de spéculation sociale ou politique, c'est de la SF à l'ancienne. On vogue entre Lovecraft, "20000 lieues sous les mers" et les strips du Fantôme. Il y a des héros (peu), un mystère, une enquête d'archiviste, une machine, des paradoxes temporels particulièrement bien gérés, un monceau de références, et un amour des livres qui traverse toutes les pages du livre et qui éveille des échos forts chez moi. Le texte est graphiquement violent et il est le fils assumé de la violence du XXème siècle. Les surprises sont nombreuses et l'histoire nous amène toujours dans des directions déroutantes (donnant même la solution d'un mystère historique qui avait agité la France) jusqu'à un twist final ironique. Au final "Nec Deleatur" est très agréable, et très rapide à lire parce qu'on a vraiment envie de savoir comment le héros du livre va se déméler de l'embrouillamini dans lequel il s'est mis. Je ne peux donc que conseiller l'achat et la lecture de ce livre. C'est un vrai plaisir, c'est un soutien à un jeune auteur qui sera peut-être publié la prochaine fois de manière plus conventionnelle, c'est un encouragement pour le site d'Editeur Indépendant, c'est surtout trois bonnes soirées qu'on passe à tenter de comprendre ce qui se trame réellement dans l'écheveau du temps.
Nec Deleatur, Frédéric Delmeulle

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