Yal Ayerdhal in Bifrost 118 - La fin de la guerre éternelle

Dans le Bifrost 118 il y a les rubriques habituelles. Critiques des nouveautés, scientifiction and so on. Il y a aussi un édito d'Olivier Girard qui rend un hommage appuyé et émouvant à Yal Ayerdhal , un grand de la SF française qui nous a quitté il y a dix ans et dont je me souviens de le gentillesse et de la capacité d'attention à tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, appartenait à ce milieu qui était le sien et qui est le nôtre. Dans le Bifrost 118 , il y a   donc un gros dossier sur Yal Ayerdhal (qu'on appelait entre nous simplement Yal) . Un dossier sur l'homme actif et en colère qu'il était, de ses combats pour le droit des auteurs à son militantisme intelligent (il y en a) . Dans le  Bifrost 118  il y a aussi une plaisante nouvelle de Yal Ayerdhal,  Scintillements . Il y raconte comment finit la "guerre éternelle" entre deux civilisations galactiques qui n'auront jamais pu communiquer. Dans un écho déformé de Lem ou d'Haldema...

Moorcock über alles


Après "Nec Deleatur" encore un ouvrage en tirage très limité. Publié par les éditions ActuSF et tiré à 400 exemplaires, "London Bone" est un recueil de quatre nouvelles de Moorcock, l'immense créateur du Héros Eternel et du Multivers. Passé la première qui est dispensable, les trois suivantes sont excellentes, chacune à sa manière propre.
"London Bone" est un récit à la première personne, désabusé et traversé d'ineluctabilité comme ceux que Salinger écrivait par exemple. C'est une critique caustique et savoureuse du monde de l'art et du spectacle, des phénomènes de mode, de la versatilité de la société moderne et de ses tentations religio-rogoristes. Tout ça en quarante petites pages, c'est quand même de la belle ouvrage.
"Un samedi soir tranquille..." est un récit complètement surréaliste (Monty pythonesque) dans lequel les personnages ont une entrevue avec un Dieu complètement amoral, ultra libéral et wasp, une véritable ordure. Nous y apprenons plusieurs choses essentielles : quel est l'avenir du monde, si une rédemption de l'humanité est possible, et qui seront les élus lors du Jugement Dernier (accessoirement nous apprenons aussi la vérité sur le naufrage du Titanic). Mettre Dieu en scène est délicat et casse-gueule ; le Dieu de Moorcock est convaincant et détestable.
"Le jardin d'agrément de Felipe Sagittarius" est une nouvelle écrite en 1966 comme on ne pourrait plus en écrire aujourd'hui. Enquête uchronique mettant en scène des personnages historiques, dont un Hitler capitaine de la police, elle est une sorte de résumé, condensé, extrait, de la Seconde Guerre Mondiale en 17 petites pages. Elle illustre la théorie de W. Reich dans "La psychologie de masse du fascisme" selon laquelle l'énergie sexuelle non correctement épanchée se résoud dans la violence. Aujourd'hui, le politiquement correct, l'hystérie mémorielle,l'auto-censure des médias soumis à la pression de la bien pensance empècherait la publication d'une nouvelle qui prend le partie de ne pas prendre l'air consterné de circonstance.
Au final un véritable plaisir de lecture, rapide et vif, et un petit opuscule numéroté à ajouter dans sa bibliothèque (le mien c'est le 78).
London Bone, Michaël Moorcock

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